L'Ordre des infirmières dit non à une Française

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Immigration française au Québec


Perrine Bouroullec (Photo Robert Mailloux, La Presse)

Pascale Breton - Pendant que le Québec peine à trouver des infirmières, l'Ordre des infirmières du Québec a refusé à une Française le droit de travailler parce qu'elle n'avait pas assez d'expérience avec les enfants. Et pourtant, l'hôpital Sainte-Justine l'attendait à bras ouverts.

Diplômée en France en novembre 2005, Perrine Bouroullec souhaitait travailler à l'étranger. Elle a reçu une offre de l'organisme Recrutement Santé Québec.
Arrivée au début de 2007, elle a passé des entrevues dans trois hôpitaux montréalais. Les trois étaient prêts à l'accueillir, dont le centre hospitalier Sainte-Justine.
Pour elle qui rêvait de travailler en hématologie auprès des enfants, c'était parfait. «C'est vraiment ce que j'aime et je me sens disponible pour soigner cette population, explique la jeune femme. D'autant plus que j'avais fait plusieurs stages en milieu pédiatrique pendant mes études, et mes rapports de stage étaient très élogieux.»
Quelques jours après qu'elle eut reçu sa lettre d'embauche de l'hôpital, l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ) lui a annoncé que ça ne pouvait fonctionner.
«Je n'en reviens pas. On entend constamment parler de la pénurie d'infirmières au Québec, et on refuse que je travaille. Je ne faisais pas de caprices. J'étais prête à travailler le soir, les week-ends», lance Mme Bouroullec.
L'équivalence
Les infirmières diplômées à l'étranger doivent obtenir une équivalence de diplôme de l'OIIQ pour obtenir un permis de travail.
Elles doivent d'abord faire un stage d'intégration de 30 jours. Elles obtiennent ensuite le titre de candidate à la profession jusqu'à ce qu'elles passent l'examen de l'OIIQ - administré deux fois par année. Mais l'OIIQ exige que les candidates fassent leur stage auprès d'une clientèle adulte. Au lieu de le faire à Sainte-Justine, à côté de chez elle, Mme Bouroullec aurait donc dû se rendre tous les soirs à l'hôpital Santa Cabrini, dans l'est de la ville, et y rester jusqu'à ce qu'elle passe l'examen, en septembre.
«Ça ne me dérange pas du tout de me soumettre aux règles et de faire un stage, dit Mme Bouroullec. Mais quand on m'a pressentie, en France, on m'a assuré que je trouverais du travail et qu'il n'y avait pas de problème à travailler auprès des enfants», déclare-t-elle.
À l'OIIQ, la responsable des communications explique que les règles sont les mêmes pour tous. Le stage d'intégration doit se faire en médecine et en chirurgie auprès d'une clientèle adulte. «C'est dans ce secteur que l'infirmière peut apprendre le plus. Les médicaments administrés aux adultes, par exemple, ne sont pas les mêmes que pour les enfants. Ce stage d'intégration auprès d'une clientèle adulte est exigé pour la protection du public», explique Chantal Charron.
Lorsqu'elle a son permis, l'infirmière peut travailler où elle veut. Dans le cas de Mme Bouroullec, il est trop tard. Même si elle est venue à la demande du Québec, même si le projet lui a coûté des milliers de dollars, et malgré les démarches entreprises pour avoir sa résidence permanente, Mme Bouroullec ferme le dossier. Elle repart pour la France dans quelques jours. Elle réintégrera le poste qu'elle occupait avant son départ, dans un centre hospitalier universitaire de Grenoble.


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