Travailler au Québec et en France, un dossier fort complexe

Immigration française au Québec

[L'annonce de la reconnaissance réciproque des diplômes français et québécois, faite par Jean Charest, sent l'improvisation->8171]. Cette annonce était déjà présente, à mots couverts, dans la [lettre de monsieur Francois Alabrune, Consul géneral de la France à Québec, parue le 14 juillet->7693]. Monsieur Alabrune faisait allusion à cinq chantiers qui sont à ouvrir. Le premier chantier concernait la possibilité pour les Français de travailler au Québec et pour les Québécois de travailler en France.
On sait que monsieur Charest est coincé entre le PQ et l'ADQ. Les Français parlent notre langue, ils sont éduqués et ne devraient pas poser trop de problèmes d'intégration. De plus, ils sont nos cousins de sang. Un peu machiavélique pour les autres groupes ethniques, mais on est en politique.
Bref, monsieur Charest propose une sorte d'ALÉNA de la main-d'oeuvre. Mais que connait-on du projet? Rien. En apparence, aucune instance décisionnelle n'a été consultée, ni les ministères de l'Éducation, l'Immigration et de la Justice, régissant les lois professionnelles, ni l'Office des professions ni les universités, délivrant les diplômes, sous la supervision du ministère de l'Éducation, de plus de 40 professions, des professionnels, des étudiants et de la population en général. Il s'agit d'un chantier pouvant intéresser toutes les couches de la population. Monsieur Charest semble en faire fi, à moins que, même minoritaire, il ait tout ce beau monde dans sa poche.
Monsieur Charest a-t-il procédé à des études d'impact et de faisabilité par nos propres penseurs universitaires? On n'en sait rien. Existent-elles et, si oui, auraient-elles été produites à Paris, pour avoir été annoncées en primeur par le Consul de France à Québec. Serait-ce le retour à la colonie sélective? Monsieur Charest l'a dit, c'est une première mondiale.
Le dossier est fort complexe. Prenons celui de la médecine, dont je suis. Il y a, d'abord, tous les critères d'admisssion, très sélectifs et exigeants, où plus de la moitié des candidats sont refusés, malgré un dossier de haut niveau. S'ajoute à cela, la reconnaissance, par l'entente nord-americaine (Québec-Canada/États-Unis) des critères de formation par les milieux universitaires, du cadre post-doctoral imposé par le Collège des medecins, bref une série de règles basées sur des lois de chaque juridiction, le tout devant être harmonisé.
Personnellement, en plus de mes diplômes québécois, je suis détenteur d'un très beau diplôme francais, sous la signature du President du Collège de Médecine des Hôpitaux de Paris, du Secretaire général du même College et du directeur général de l'Assistance Publique des Hôpitaux de Paris, en l'occurence, à l'époque, monsieur Jacques Chirac. Quelle est la valeur réelle de ce diplôme? Nulle. Dans les prérequis à l'obtention du diplôme, il ne fallait pas avoir la double nationalité française et étrangère, et être assuré d'un travail au retour dans son pays. Ce que j'avais.
Si le projet de monsieur se concrétise, je pourrai peut-être devenir Français, ainsi que tous les Québecois qui y seront alors admissibles. Ce serait alors un beau cadeau pour la France de monsieur Sarkozy, à l'occasion du 400e anniversaire de la colonie, comme l'estimait monsieur Charest.
***
Carol Villeneuve, M.D.
Québec


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé