L'exemple à suivre

Le geste d’ouverture qu’a posé Stéphane Dion à l’endroit du Parti vert doit être imité par le Parti québécois

Chronique de Patrice Boileau


Pas de panique! Du calme : il n’est nullement question ici de gratifier « l’œuvre politique » d’un chef de parti fraîchement élu dont les jours à ce poste sont déjà comptés! Le père de la Loi de la clarté, cette législation qui a pour but d’apeurer les souverainistes, incarne depuis le rôle de l’épouvantail fédéral qui n’attire la sympathie de personne au Québec. Il n’y a donc rien de bon à raconter au sujet de Stéphane Dion.
Sauf que le leader du Parti libéral du Canada a posé un geste dernièrement que plusieurs indépendantistes veulent voir adopté depuis des lustres par le Parti québécois. En décidant de ne pas opposer de candidat dans le comté où se présente la chef du Parti vert, Élizabeth May, Stéphane Dion a annoncé qu’il souhaite, d’une certaine façon, s’allier à cette formation politique pour mieux atteindre des cibles environnementales. En retour, la dirigeante des verts a déclaré qu’elle lui remettait la politesse dans sa circonscription montréalaise de Saint-Laurent-Cartierville.
Les indépendantistes qui souhaitent voir le PQ rallier une majorité absolue de votes par voie élective voudraient que ce parti tende la main de la même manière à d’autres formations politiques progressistes. En facilitant l’élection des chefs des partis ayant adhéré à un pacte souverainiste dans leur circonscription respective, en faisant de même pour d’autres candidats dans les comtés où la lutte s’annonce serrée, les formations politiques liguées auraient de meilleures chances de voir le projet indépendantiste se réaliser puisque les votes qu’elles recueilleraient s’additionneraient.
On est loin du discours entendu par André Boisclair : le chef du Parti québécois, ainsi que sa garde rapprochée, se sont fixé comme objectif de ramener au bercail les souverainistes qui militent dans d’autres formations politiques. Pour ces péquistes, seul leur parti est le véhicule politique capable d’amener le Québec à son indépendance. Ce mépris n’est assurément pas la bonne attitude à préconiser lorsqu’on a en tête de former éventuellement une coalition souverainiste en vue de tenir un référendum gagnant…
Les souverainistes de Québec solidaire et ceux qui se retrouvent au Parti vert n’ont pas l’intention de quitter leur formation politique. Ils ne croient pas errer en faisant ce choix, comme le laissent entendre les apparatchiks du Parti québécois. Il faut donc en conséquence les courtiser là où ils sont et abandonner l’idée de chercher à cannibaliser leur parti politique.
Certes, la division du vote lors du dernier scrutin a fait perdre plusieurs circonscriptions au Parti québécois. Inviter les souverainistes à appuyer un des partis indépendantistes ligués dans le cadre d’une élection décisionnelle accentue ce risque. Ne perdons pas de vue cependant que le PQ n’avait rien d’emballant à offrir aux électeurs au dernier scrutin. Si la possibilité de faire du Québec un pays avait été proposée, les souverainistes qui ont soutenu au dernier scrutin l’Action démocratique ne l’auraient pas fait. L’ADQ n’aurait assurément pas fait élire 41 députés. Les luttes serrées relevées dans plusieurs comtés auraient donc donné d’autres résultats.
Fort du soutien de plus de 50% des Québécois, il y a un peu plus d’un an, il est raisonnable de croire que le Parti québécois n’aurait pas vu ses appuis s’effondrer s’il avait offert autre chose que la gouverne provinciale au dernier scrutin. Le PQ aurait aussi convaincu les nombreux abstentionnistes de sortir voter. L’option souverainiste, proposée par les partis ayant accepté de former un pacte autour du projet de pays, aurait-elle ainsi reçu l’aval de la majorité absolue des électeurs? Difficile de répondre avec certitude. Ce qui est indéniable cependant, c’est que l’abandon de la démarche référendaire aurait enfin éliminé le spectre du cul-de-sac politique qui l’empoisonne présentement.
Le geste d’ouverture qu’a posé Stéphane Dion à l’endroit du Parti vert doit être imité par le Parti québécois. Lorsqu’un enjeu transcende les partis politiques par son importance, il faut oublier la partisanerie. André Boisclair doit cesser de réfléchir au moyen à utiliser pour redevenir l’unique formation politique souverainiste du Québec. Il doit plutôt déclarer maintenant qu’il proposera l’indépendance par voie élective et qu’il s’affairera à travailler durant les prochains mois à convaincre d’autres formations politiques à mettre de côté leur rivalité politique, au nom de l’intérêt suprême de la nation. Il n’est pas trop tard pour espérer célébrer le 400e anniversaire de la fondation de la ville de Québec dans un État ragaillardi pour affronter les défis du XXIe siècle.
Patrice Boileau


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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    25 avril 2007

    Salutation citoyennes et citoyens,
    Boisclair a déjà "affiché" sa préférence. Lors de la dernière campagne électorale, il avait tendu la main, la perche à l'ADQ eu égard au projet d'une constitution québécoise. Le député péquiste, Daniel Turp, a posé un geste en ce sens lorsqu'il a fait part de sa conception au public très récemment...
    Il y a là un débat... L'élite péquiste penche-t-elle vers le centre-droit, ou plutôt le centre-gauche... ?