L'effondrement

Compte tenu des ressources qui ont été investies, le rejet [de l'ADQ] a été trop massif dans les trois comtés pour ne pas être global.

Déclin de l'ADQ - retour au bipartisme?

On se demande encore quelle mouche avait bien pu piquer le vice-chef de l'ADQ, Gilles Taillon, pour qu'il songe à abandonner son siège de Chauveau et à tenter sa chance dans Hull.
Il est vrai que M. Taillon a eu quelques problèmes avec l'exécutif de son association, mais les résultats des élections partielles d'hier, aussi bien dans Hull que dans Bourget et Pointe-aux-Trembles, fera réfléchir les députés adéquistes au sens du proverbe «Un tiens vaut mieux que deux tu l'auras». Ceux qui se voyaient déjà à l'Assemblée nationale jusqu'à l'âge de la retraite feraient mieux de prévoir un plan B.
Les derniers sondages laissaient déjà entrevoir une soirée désagréable pour l'ADQ, mais le choc a été brutal. Même si Montréal et l'Outaouais ne sont des terreaux particulièrement fertiles pour le parti de Mario Dumont, on peut parler d'un véritable effondrement. Non seulement, les résultats sont très inférieurs à ceux de mars 2007, mais aussi à ceux d'avril 2003, alors que l'ADQ avait fait élire seulement 5 députés dans l'ensemble du Québec.
Cette fois-ci, la qualité des candidats n'est pas en cause. S'il est difficile d'imaginer comment M. Dumont pourrait former un conseil des ministres à partir de la députation actuelle, il ne fait aucun doute que Diane Bellemare et Denis Mondor y auraient eu leur place. La difficulté sera maintenant de convaincre des gens de valeur d'abandonner leur emploi actuel pour se lancer dans une aventure aussi périlleuse, pour ne pas dire suicidaire.
Il ne servirait pas à grand-chose de chercher à identifier un élément particulier qui expliquerait cette déconfiture, par exemple la publicité controversée de l'ADQ sur l'immigration. Compte tenu des ressources qui ont été investies, le rejet a été trop massif dans les trois comtés pour ne pas être global.
Il est vrai que le contexte n'était pas idéal pour l'ADQ, mais M. Dumont devra bientôt commencer à se demander s'il doit encore jouer pour la coupe ou s'il ne devrait pas songer à se concentrer sur ce qui peut encore être sauvé.
***
La PQ a conservé ses forteresses, mais il n'y a pas vraiment de quoi pavoiser, même si la marginalisation de l'ADQ est de nature à dissiper les craintes de ceux qui craignaient que le PQ soit arrivé au bout de son rouleau et qu'il subisse le sort de la défunte Union nationale.
Soit, après la frousse du printemps 2007, le PQ redevient la seule alternative crédible au gouvernement Charest, mais le retour à la polarisation pourrait bien se traduire par une nouvelle majorité libérale.
Dans Pointe-aux-Trembles, la victoire éclatante de son amie Nicole Léger, qui avait été une des très rares à la soutenir durant les années difficiles qui ont suivi la défaite de 2003 fera certainement plaisir à Pauline Marois, mais il s'agit d'un fief personnel de la famille Léger.
Dans Bourget, les libéraux ont largement profité du recul de l'ADQ, tandis que Makka Koto a eu toutes les peines à conserver les anciens appuis de Diane Lemieux. Le PQ est d'ailleurs le seul parti qui n'ait pas bénéficié de la dégringolade adéquiste.
Manifestement, dans l'ancien comté de Camille Laurin, la perspective d'une «nouvelle loi 101» n'a pas eu un grand effet. En revanche, il serait prématuré de s'inquiéter de la menace que pourrait représenter le nouveau Parti indépendantiste.
Dans Hull, le PQ peut se féliciter d'avoir récupéré l'essentiel du vote adéquiste. Même si Gilles Aubé a bien exploité le dossier de la santé, la libérale Maryse Gaudreault n'en a pas moins amélioré le score réalisé par Roch Cholette en mars 2007.
Mme Marois a dit voir dans les résultats d'hier un message adressé au gouvernement. Précisément, le premier ministre Charest a pris bonne note que le PLQ est le seul à avoir progressé dans les trois circonscriptions. S'il a d'autres projets électoraux pour l'automne, il n'y a certainement rien là pour le décourager. Surtout que de moins en moins électeurs semblent s'intéresser à ce qu'il fait. Aussi bien en profiter.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé