Les résultats des trois élections partielles de lundi ont été ceux que l'on attendait, les péquistes gardant les comtés de Bourget et de Pointe-aux-Trembles et les libéraux celui de Hull. La surprise a été pour les adéquistes, envers qui les électeurs ont été sans pitié. Des résultats crève-coeur, puisque l'Action démocratique a même terminé derrière le Parti vert dans deux des trois comtés. Est-ce le début de la fin?
Le chef de l'ADQ, Mario Dumont, notait dans un premier commentaire que son parti aura connu le meilleur et le pire à l'occasion d'élections partielles. Le meilleur fut le 17 juin 2002, alors qu'il arrachait trois des quatre sièges en lice. Avec 45 % des suffrages, il déclassait le PQ et le PLQ, qui recueillaient respectivement 29 et 24 % des voix. Le résultat de lundi soir fut à l'inverse, les candidats adéquistes devant se contenter de seulement 8,6 % des suffrages exprimés. Toute une dégelée!
Plusieurs explications sont proposées par l'Action démocratique pour comprendre ce résultat calamiteux. Rejetons d'emblée le faible taux de participation. À 34 %, celui-ci se situe dans la moyenne des élections partielles passées. Cela n'a avantagé ou défavorisé personne. Rejetons aussi l'argument de la situation géographique des comtés. Oui, Bourget et Pointe-aux-Trembles sont sur l'île de Montréal, qui est la chasse gardée des libéraux et des péquistes. Rappelons-nous cependant que dans ces deux comtés, l'ADQ avait terminé en deuxième place à l'élection générale de mars 2007. Leur profil sociodémographique est semblable à celui de bien des comtés de la région métropolitaine représentés par des députés adéquistes. Pour ces raisons, M. Dumont s'attendait lundi soir à un résultat bien supérieur à celui enregistré par ses candidats.
Comment donc expliquer cette gifle, si ce n'est par la perte de confiance des électeurs qui, depuis un an, ont été à même de se faire une idée plus juste de l'ADQ? C'est un euphémisme que de dire que l'équipe de députés adéquiste aurait eu bien besoin du renfort de l'économiste Diane Bellemare, candidate dans Pointe-aux-Trembles. Tous ont aussi remarqué l'inconstance du discours adéquiste. Aussitôt arrivés à l'Assemblée nationale, ses porte-parole se sont mis à tirer dans toutes les directions. Surtout, ils ont laissé le Parti québécois occuper tout le terrain de la défense de la langue et de l'autonomie du Québec qu'ils avaient fait leur lors de la campagne électorale de 2007. Résultat, beaucoup d'électeurs adéquistes d'il y a un an ne se reconnaissent plus dans ce parti.
Le résultat de ces partielles confirme les résultats des derniers sondages. Ils laissent même prévoir le pire. L'ADQ perd un à un tous ces électeurs déçus du Parti libéral et du Parti québécois qui, en 2007, ont cru qu'il pouvait être porteur du changement auquel ils aspiraient. Lundi, la plupart sont rentrés au bercail, sauf un certain nombre qui se sont tournés du côté de Québec solidaire ou du Parti vert, qui pourraient, lors des prochaines élections, jouer les empêcheurs de voter en rond dans certains comtés.
Le chef adéquiste n'est pas du genre à lancer la serviette. Il voudra retrouver la crédibilité perdue. Le travail de reconstruction qui l'attend exigera du temps, ce qui le mettra dans une position intenable. Il est prisonnier du même cercle vicieux que l'est à Ottawa le chef du Parti libéral du Canada, Stéphane Dion. De la même manière que celui-ci n'ose défaire le gouvernement Harper, incapable qu'il est de l'affronter sur le terrain électoral, Mario Dumont ne pourra livrer une guerre sans merci au gouvernement Charest, qui attend le moindre signe de paralysie de l'Assemblée nationale pour déclencher des élections. L'Action démocratique est condamnée à avancer sur une corde raide où le moindre faux pas pourrait lui être fatal.
bdescoteaux@ledevoir.com
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