Qu’est-ce qui cloche à l’ADQ ?

Déclin de l'ADQ - retour au bipartisme?


Après avoir flirté au cours des 12 derniers mois avec l’idée de prendre le pouvoir, l’ADQ se retrouve, une fois de plus, aux portes de la marginalité électorale.


Les Québécois, tous les sondages récents le confirment, doutent de plus en plus des compétences de Mario Dumont pour diriger le Québec, mais ils ne pourront jamais lui reprocher de manquer de ténacité. D’autres que lui auraient jeté l’éponge depuis longtemps.
En analysant les sondages CROP faits pour La Presse depuis 2001, une image peu flatteuse de l’ADQ m’est venue en tête, la vie de l’ADQ ressemble à celle d’un maniaco-dépressif non traité, de rares périodes de «;high» spectaculaires, suivies immanquablement de «down» longs et prononcés.
Quelques chiffres: depuis fin 2001, soit un échantillonnage de 70 sondages, l’ADQ n’a franchi la barre des 30% d’intentions de vote que 12 fois et celle des 35%, qui ouvre les portes vers le pouvoir, que six fois. Par contre, le parti de Mario Dumont a dégringolé 25 fois sous le seuil des 20% durant la même période, avec des scores aussi bas que 12%.
La moyenne de l’ADQ au cours des sept dernières années se situe à 23% d’intentions de vote. Même dans ses pires moments, le Parti libéral sous Jean Charest n’est jamais descendu aussi bas (le PQ, une seule fois, soit tout de suite après les élections de mars 2007).
En traçant une courbe des intentions de vote sur une longue période, on se rend compte que l’ADQ n’a connu, en fait, que deux périodes d’euphorie, de huit mois chaque fois, soit de mai 2002 à février 2003 (avec un sommet historique de 43% en juin 2002), et de mars à octobre 2007. Depuis l’automne dernier, l’ADQ ne fait que descendre et si le «pattern maniaco-dépressif» propre à l’ADQ se répète, Mario Dumont est reparti pour une autre longue traversée du désert.
Ce n’est pas un hasard si les adéquistes admettent que les partielles du 12 mai dans Bourget, Pointe-aux-Trembles et Hull s’annoncent difficiles. Ils préparent le terrain et dégonflent préventivement les attentes.
Pourtant, il y a un an, on croyait bien que l’ADQ, cette fois, était partie pour la gloire. Au lieu de cela, l’ADQ redevient ce qu’elle a toujours été: un parking électoral où s’arrêtent sporadiquement les Québécois en attendant de retrouver une place au PLQ ou au PQ.
Aux dernières élections, l’ADQ a profité de la conjoncture pour grappiller autant chez les péquistes démobilisés que chez les libéraux désabusés.
Depuis, la balloune s’est dégonflée. L’ADQ n’a ni les réflexes ni même le programme d’un parti prêt à prendre le pouvoir. En fait, l’ADQ n’a même pas les réflexes d’opposition officielle, ce qui est normal, après tout, pour une bande de recrues propulsées à cette position du jour au lendemain.
Mario Dumont n’a pas de programme, pas de plan cohérent, il ne présente pas de solutions de rechange, il fonctionne par flashs, par réactions spontanées, le plus souvent mal avisées. Jean Charest a mis le doigt exactement sur le bobo en reprochant à Mario Dumont d’être une girouette. Le terme a été depuis banni par le président de l’Assemblée nationale, mais il a néanmoins collé.
Bien sûr, Jean Charest va mieux, son gouvernement aussi, ce qui n’aide en rien l’ADQ, mais Mario Dumont ne s’est pas aidé en commettant de graves erreurs.
La première aura été de bouder le premier ministre il y a un an, en pleine crise budgétaire, refusant de le rencontrer pour chercher un compromis.
Autre erreur, l’automne dernier: menacer de défaire le gouvernement sur
la question des commissions scolaires, un geste aussi intempestif que futile.
Puis, il y a les accommodements raisonnables, le sujet de prédilection de Mario Dumont, la bouée qui lui a permis d’éviter la noyade électorale. L’ADQ a fait ses choux gras des accommodements raisonnables, sans toutefois juger utile de présenter ses solutions devant la commission Bouchard-Taylor.
Le scénario se répète avec l’immigration. Encore un coup de gueule (le Québec ne peut accueillir davantage d’immigrants) et des insinuations (les immigrants sont responsables du recul du français à Montréal), mais où sont les solutions?
(Au fait, permettez une parenthèse: il est largement exagéré de comparer Mario Dumont à Jean-Marie Le Pen. Ce dernier ne fait pas de lien entre immigration et menace à la langue française, mais bien entre immigration, chômage et détérioration du tissu social français. De plus, le chef du Front national prône, ce que ne fait pas Mario Dumont, la fin de l’immigration en France et l’expulsion des illégaux, avec leurs enfants. Le seul politicien français qui a lié langue et immigration, c’est Nicolas Sarkozy, qui a d’ailleurs fait adopter une loi obligeant les candidats à l’immigration à passer des tests de français et de connaissance de culture générale avant d’entrer en France. Cette idée a été reprise ici par le PQ, et non par l’ADQ.)
En gros, le principal problème de Mario Dumont, c’est qu’il ne semble pas avoir compris que les électeurs québécois n’aiment pas la chicane et la confrontation.
Ce n’est pas par amour du chaos ou de l’affrontement qu’ils apprécient l’expérience des gouvernements minoritaires, mais au contraire, parce qu’ils ont l’impression qu’ils forcent les partis à travailler ensemble.
Jean Charest l’a bien compris, lui qui vante sans cesse les mérites de la cohabitation.


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