Le coup d'envoi de la commission Charbonneau est passé presque inaperçu hier, éclipsé par la grande manifestation du 22. Ce n'est que partie remise, espérons-le. La corruption et la collusion dans l'octroi des contrats publics sont toujours autant d'actualité, et on attend beaucoup de cet exercice.
Un clou chasse l'autre? Avant-hier, c'était cette commission d'enquête, refusée avec entêtement par le gouvernement Charest, qui obsédait les Québécois. Aujourd'hui, ce sont les manifs, et demain... Demain, ce sera de nouveau cette commission, obtenue de haute lutte et toujours aussi nécessaire, qui retiendra l'attention. Du moins, on le souhaite. Ce sera la preuve qu'elle fait du bon boulot et obtient les révélations qu'on attend d'elle.
Rien de tel hier matin. La juge France Charbonneau a prononcé une allocution très technique, une figure obligée en ouverture de commission. Elle en a quand même profité pour envoyer quelques messages bien sentis. «Nous ne tolérerons pas les procédures inutiles ni les contre-interrogatoires dilatoires, abusifs ou vexatoires. Le délai que nous impose le décret est trop court pour être perdu en vaines querelles et avocasseries», a-t-elle prévenu.
On se demande tout de même comment cette commission d'enquête sur l'octroi et la gestion des contrats publics dans l'industrie de la construction arrivera à déposer son rapport en octobre 2013 comme prévu. Les attentes à son égard sont grandes et ça se reflète dans son mandat, extrêmement large. Mais après tout ce temps, on n'en est pas à quelques mois près. Le contenu du rapport nous importe bien plus que la date figurant sur sa couverture.
Et ce rapport, comme l'a rappelé la présidente, ne sera basé que sur la preuve présentée. Il en faudra pour pouvoir dénoncer efficacement ces petits arrangements entre amis qui vampirisent depuis trop longtemps les finances des villes et des campagnes.
Signe encourageant, l'appel à la population donne des résultats. Les commissaires ont reçu «une abondance de renseignements pertinents», a-t-on appris hier. La menace d'outrage au tribunal pesant sur les témoins qui refuseraient de fournir des réponses suffisantes, et le projet de loi destiné à donner des pouvoirs d'inspection et de saisie à la Commission, ajouteront à l'arsenal.
Évidemment, il y aura des gens déçus. La première partie des audiences, qui commence dans un peu plus de deux semaines, sera assez technique. Et au final, la Commission ne pourra sans doute pas se prononcer sur tout ce qu'on entend depuis des années. Mais si elle réussit à faire la lumière sur les procédés les plus répandus, et à déranger assez de monde au passage, elle aura fait oeuvre utile.
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