L’arme de destruction massive

Et si la souveraineté était devenue, pour la majorité des francophones québécois, ce que les armes atomiques étaient dans l’arsenal de la Guerre froide? Une arme qu’on doit posséder, mais qu’on ne voudrait jamais employer. Une arme qu’on veut avoir en réserve, au cas où l’intolérable se produirait.

PQ - stratégie revue et corrigée


Et si la souveraineté était devenue, pour la majorité des francophones québécois, ce que les armes atomiques étaient dans l’arsenal de la Guerre froide? Une arme qu’on doit posséder, mais qu’on ne voudrait jamais employer. Une arme qu’on veut avoir en réserve, au cas où l’intolérable se produirait.

On l’a vu dans le résultat de lundi dernier, il n’y a pas de demande populaire pour la tenue d’un référendum sur la souveraineté le plus rapidement possible. Cette promesse a considérablement nui au Parti québécois tout au long de la campagne. Surtout quand, dans la logique de son programme, il a dû promettre un référendum même en cas de gouvernement minoritaire.

Les résultats de lundi dernier permettent de constater que la souveraineté – et le référendum, qui est devenu le moyen incontournable d’enclencher le processus – n’est plus une idée qui mobilise un nombre suffisant d’électeurs. Les Québécois ne veulent plus que ce soit, pour reprendre une expression à la mode, la «première priorité» de leur gouvernement.

Historiquement, depuis le référendum de 1980, la souveraineté n’a monté au dessus de 50 pour cent que deux fois : après l’échec de l’accord du Lac Meech et le rejet de la notion de «société distincte» et dans la foulée du scandale des commandites. Bref, lorsque les électeurs ont vu une menace ou un comportement inacceptable à leur endroit de la part du gouvernement fédéral ou du «Rest of Canada».

Hors de ces temps de crise, non seulement l’option souverainiste n’était pas majoritaire, mais une forte majorité de Québécois rejetait l’idée de tenir un référendum.

Depuis 1980, il y a eu sept élections générales au Québec et seulement une fois le PQ a-t-il été élu en promettant de tenir un référendum. C’était en 1994, la première élection après l’échec de l’accord du Lac Meech, quand il y avait un mouvement de fond dans la société civile estimant que c’était la seule façon de fermer ce dossier.

Mais s’il n’y a pas de majorité stable et claire en faveur de la souveraineté, mais les Québécois ne voudraient pas, non plus, avoir à voter contre. Ce n’est plus une idée qui permet de prendre le pouvoir. Mais, clairement, ce n’est pas, une idée qu’une majorité de Québécois voudraient voir disparaître complètement.

Parce que ça pourrait toujours servir. Parce que, si le reste du Canada voulait remettre en question des éléments qui sont considérés comme essentiels par la majorité des Québécois – par exemple pour la préservation de la langue et de la culture française – ils veulent avoir un recours.

On peut dire que cela est bien peu probable à l’heure où le gouvernement fédéral donne une voix au Québec à l’UNESCO et reconnaît qu’ils forment une nation – toutes des raisons qui rendent l’idée de la souveraineté moins essentielle.

Mais bien des Québécois n’ont pas oublié le refus d’inscrire l’idée de société distincte dans la constitution en 1990. Ou le rapatriement de la constitution en 1981-82 qui, on l’oublie facilement aujourd’hui, visait directement à renverser certaines parties de la loi 101.

Si un tel contexte devait se reproduire, l’idée de tenir un référendum sur la souveraineté pourrait revenir à la surface très rapidement. Mais, en attendant, force est de constater que la promesse de tenir un référendum le plus tôt possible est un boulet qui condamne le Parti québécois à l’opposition perpétuelle.

Au cours des prochains mois, le principal défi du PQ sera donc de trouver un moyen de faire survivre son option, même quand elle ne peut constituer un objectif politique immédiat.

Entre, les «conditions gagnantes» – une réponse ponctuelle, qui ne saurait constituer une stratégie viable à long terme – et un référendum rapide, quelles que soient les conséquences, le PQ n’a plus le choix que de trouver un moyen terme qui va le forcer à se poser des questions difficiles et à faire des choix déchirants.


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