L'avenir du PQ : la tentation du déni

PQ - leadership en jeu - la tourmente



La tentation va être forte pour le Parti québécois de rejeter la responsabilité de sa dégelée de lundi dernier sur son chef qui, visiblement, " ne passait pas ". Ce qui fait qu'il est probable qu'à terme, André Boisclair ne pourra se maintenir en poste pour plus de quelques mois.
Mais changer de chef pour régler les problèmes du PQ est aussi utile que remplacer le capitaine du Titanic après avoir heurté l'iceberg. Le PQ doit se poser des questions fondamentales dès maintenant, et les premières sur la liste ne touchent pas son leadership. Le PQ est en perte de vitesse depuis les élections de 1994 - de 45 % des voix à 28 %, lundi - et ni Parizeau, ni Bouchard, ni Landry, ni Boisclair n'ont réussi à freiner cette chute.
Le principal problème, cela est devenu criant lundi soir dernier, c'est que le PQ ne peut plus continuer à jouer les prolongations du référendum de 1995. Douze ans plus tard, le PQ proposait toujours la même démarche qu'en 1995. Une " stratégie du Grand Soir " : un Oui au référendum qui ouvre toutes les portes, les négociations avec le Canada qui durent une petite année avant que le nouveau président de la République se présente à l'ONU.
Ni la Loi sur la clarté ni l'état de l'opinion publique québécoise n'ont fait dévier le PQ de sa démarche, au point où, devant l'évidence - même devant Jacques Parizeau qui disait le contraire! - M. Boisclair a passé la dernière fin de semaine de la campagne électorale à soutenir que, minoritaire, il pourrait tout de même tenir un référendum.
On pourrait dire que le PQ n'est plus souverainiste, qu'il est devenu " référendiste ". Que le moyen d'accéder à la souveraineté est devenu plus important que l'objectif lui-même.
Sauf que, lorsque les deux tiers des Québécois ne veulent pas de référendum et que de vieux alliés, comme le président de la FTQ, disent qu'il fait fausse route, le PQ a l'air complètement déconnecté quand il insiste sur le référendum au point d'en parler plus souvent que de tout le reste de sa plateforme électorale.
D'autre part, les souverainistes doivent admettre que, depuis 1980, leur option n'a progressé de façon significative dans l'opinion publique que lorsque leurs adversaires se sont chargés de raviver la flamme : que ce soit par le rejet de l'Accord du lac Meech ou le scandale des commandites.
C'est au point où, pendant la campagne, M. Boisclair a évoqué la possibilité que le rapport du juge Grenier sur les dépenses d'Option Canada lors du référendum de 1995 (encore!) puisse servir de justification à un nouveau référendum.
S'il avait voulu prouver que les souverainistes ne sont plus capables de faire avancer leur option eux-mêmes et qu'ils ne peuvent plus se fier qu'aux gaffes des fédéralistes, il n'aurait pas agi autrement.
Enfin, le PQ doit se poser des questions sur son idéologie sociale-démocrate. Pas pour déménager à droite, puisque ce coin de l'échiquier politique est déjà assez encombré avec l'ADQ et le PLQ, mais pour rejoindre ceux qui paient les impôts et ont besoin de sentir que leurs problèmes concrets et quotidiens préoccupent leurs dirigeants. Il fut un temps où le PQ parlait de recours collectifs, de zonage agricole et d'assurance auto, pas juste de l'avenir de la nation.
Aujourd'hui, le PQ pratique une social-démocratie figée qui considère que les questions qui ont été examinées une fois sont réglées pour toujours. L'exemple le plus criant dans cette campagne a été la question des droits de scolarité universitaires, où le PQ a érigé en dogme un passéisme devenu indéfendable, si on songe à l'avenir des universités elles-mêmes.
Ce serait succomber à la tentation du déni que de ne pas poser ces questions. Cela peut se faire avec ou sans course au leadership, mais en sachant que, lorsqu'on change de chef, la course elle-même et d'autres considérations perdront toujours le dessus.


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