L'apprentissage de Justin Trudeau

Trudeau Justaclown


"Chers amis libéraux! " Ces mots, cette voix nasillarde... Combien de militants libéraux ont pensé à Pierre Elliott Trudeau en entendant son fils, Justin, commencer son discours par cette phrase?
Justin Trudeau a remporté hier l'investiture libérale dans la circonscription fédérale de Papineau. Ainsi commence une carrière politique qui, si les fantasmes de bien des libéraux se réalisent, mèneront un jour Justin Trudeau à la tête du pays. Toutefois, d'ici à ce que ce scénario soit même envisageable, le candidat libéral a bien des croûtes à manger.
Il y a quatre mois, M. Trudeau affirmait qu'il ne se lancerait pas en politique " à moins d'être convaincu de combler un besoin que personne d'autre ne saurait combler ". Il semble être arrivé bien vite à cette hautaine certitude...
Il disait aussi qu'il ne ferait de politique que lorsque les gens le connaîtraient pour ce qu'il est " et non comme le fantôme de Pierre Elliott Trudeau ". Or, qu'a fait Justin Trudeau au cours des quatre derniers mois, au cours des dernières années, pour se forger une personnalité politique propre? Hier encore, dans le discours précédant le vote, il a parlé de son père, soulignant notamment son plus précieux legs au Canada, la Charte des droits. Grande réalisation en effet, mais quel rapport avec la candidature de Justin, qui avait 10 ans à l'époque?
Lorsque Justin Trudeau s'en est pris à Michael Ignatieff parce que celui-ci avait proposé la reconnaissance de la nation québécoise, il l'a fait moins au nom de ses idées à lui que de celles de Pierre Elliott Trudeau: " Cela va à l'encontre de tout ce que mon père a toujours cru. "
Bien des libéraux fédéraux du Québec craignaient la victoire de Justin Trudeau à l'assemblée d'investiture. Alors qu'ils essaient de se rebrancher sur le Québec francophone, ils devront désormais composer avec un candidat-vedette dont le patronyme rappelle des mauvais souvenirs à une majorité de Québécois. Une vedette-candidat dont les idées politiques semblent figées dans celles qu'a développées son père il y a 50 ans.
Le nationalisme que Pierre Elliott Trudeau a entrepris de dénoncer à l'époque de Duplessis n'est pas le nationalisme québécois d'aujourd'hui. Et peu de Québécois se satisferont d'être considérés comme " une région incroyable du Canada ", comme le proposait Justin au cours du débat sur la nation québécoise.
Pierre Elliott Trudeau fut un grand Canadien et un grand Québécois, que les nationalistes d'ici ont diabolisé à l'excès. Mais M. Trudeau n'est plus. Le Canada et le Québec ont changé et sont encore en train de changer. Justin Trudeau doit, sans renier l'héritage de son père, se forger sa propre philosophie politique, fruit de son expérience, de son regard sur le Canada d'aujourd'hui.
Rendons à Justin ce qui est à Justin. Devant le refus de Stéphane Dion de lui offrir une candidature sur un plateau d'argent, il a choisi de se battre. Il faisait face à deux adversaires bien implantés dans Papineau. Il est allé sur le terrain, il a serré des mains, il a parlé aux gens, les a écoutés. Bref, il a entrepris avec détermination son apprentissage politique. Reste à savoir s'il aura la lucidité et la modestie de grimper les échelons un à un.

Featured e9ce29e1df8a56a11b26e68ffd733781

André Pratte878 articles

  • 308 213

[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé