L’année des choix

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Des choix qui pèseront lourd dans la perception des Québécois sur la pertinence et l'intérêt de demeurer dans la fédération

Le gouvernement de Stephen Harper est en fin de mandat. Des élections auront lieu le 19 octobre, mais forcé par la conjoncture internationale il aura pris au préalable des décisions qui orienteront les politiques de ce pays pour les années à venir. Il faudra être attentif à ces choix.
Personne ne l’avait vraiment prévu, surtout pas le ministre des Finances, mais la chute des prix du pétrole survenue à la fin de cette année remet en cause plusieurs pans des politiques du gouvernement conservateur, tant au plan économique et énergétique qu’au plan environnemental. Le premier ministre Stephen Harper a toujours exposé clairement sa stratégie consistant à privilégier l’exploitation des sables bitumineux de l’Ouest. La création d’emplois qui en résulte, directe dans les provinces productrices et indirecte dans les autres, passe avant toute préoccupation environnementale et l’adoption de mesures de réduction des gaz à effets de serre (GES).

La chute des cours du pétrole entraînera un ralentissement économique dans les provinces productrices et un plongeon des redevances tirées par Ottawa. La baisse du prix du carburant stimulera par ailleurs la consommation et l’activité économique dans les provinces centrales où l’industrie manufacturière exportatrice profitera d’un dollar canadien concurrentiel. En un tournemain, le paradigme économique canadien est inversé, ce dont le ministre Joe Oliver devra tenir compte dans son budget de la fin février. Il faudra voir comment il s’y prendra, car il ne peut, électoralement, abandonner à ses problèmes le territoire conservateur que sont les provinces de l’Ouest. On y trouvera une indication de la volonté de ce gouvernement, s’il en a une, de mieux équilibrer sa stratégie économique entre les différentes parties du pays.

Cette chute du prix du pétrole aura aussi un effet sur les engagements que le gouvernement prendra sur la réduction des GES lors de la conférence de Paris, en juin, sur le réchauffement climatique. Le ralentissement des projets d’investissements dans l’exploitation des sables bitumineux est déjà là, ce qui pourrait stabiliser les émissions de GES de cette industrie. Voudra-t-il continuer à l’exclure de l’effort national de réduction des émissions, comme il l’a fait jusqu’à maintenant en refusant d’imposer une taxe sur le carbone ? Cette mesure est incontournable pour arriver à stabiliser le réchauffement du climat à deux degrés d’ici 2050. Il faut se méfier.

Le discours du premier ministre fait preuve parfois d’une volonté d’agir plus vigoureusement. Il faut cependant situer ses remarques dans le contexte électoral de cette année. Il sait bien que les Canadiens veulent l’adoption de cibles audacieuses. Les efforts faits pour atteindre la promesse de réduire d’ici 2020 de 17 % les émissions de GES par rapport au niveau de 2005 ne seront vraisemblablement pas suffisants. Il note les progrès faits, mais oublie toujours de reconnaître que cela est dû d’abord aux politiques des provinces.

Le pétrole est décidément partout. Il est un des facteurs de la participation canadienne à la coalition réunie par les États-Unis pour faire la lutte au groupe armé État islamique en Irak et en Syrie. À la fin mars, le gouvernement Harper aura l’occasion de mettre fin à cet engagement qui autrement pourra durer des années et pourrait, craignent certains analystes, conduire à des combats au sol. La pression des alliés est vive pour que la mission soit prolongée, ce qui arrivera sans doute.

Dans ces trois dossiers, les circonstances font que les décisions du gouvernement conservateur engageront le gouvernement qui sera élu le 19 octobre. Cela devrait plaider pour une élection ce printemps. Le débat démocratique y gagnerait, en ce sens que les électeurs pourraient faire un choix plus éclairé.


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