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L’angle mort de la justice

Chronique de Louis Lapointe

Comme bien des Québécois, j’ai vu Michel Arsenault témoigner devant la commission Charbonneau.

À cette occasion, nous avons pu nettement percevoir l’ombre qui se dissimulait derrière le personnage.

Cela est-il le propre du milieu syndical ?

La réponse est sans contredit non.

Lors de la commission Bastarache nous avions pu percevoir la même part d’ombre poindre à l’occasion du témoignage de Jean Charest.

Cependant, contrairement à la commission Charbonneau qui cherche à illuminer l’ombre, dans le cas de la commission Bastarache nous avions la nette impression qu’on visait plutôt à la préserver de la lumière des projecteurs.

Plusieurs diront que trop de lumière c’est comme pas assez et qu’il faut en tout temps respecter le décorum des cours de justice, parce que non seulement justice doit être rendue, mais aussi parce qu’elle doit donner l’impression d’avoir été rendue.

La justice ressemble aux hommes et femmes qui la rendent. Certains méritent notre respect parce qu’ils recherchent la vérité, d’autres notre opprobre parce qu’ils l’esquivent.

Si nous nous intéressions de la même façon à la part d’ombre qui se dissimule derrière quelques-uns de ces juges, nous ne serions probablement pas étonnés de constater que, comme Michel Arsenault, certains ont pu bénéficier, eux aussi, d’avantages comparables à ceux que Tony Accurso a proposés à Michel Arsenault alors qu’ils étaient avocats.

Ce qui différencie ces avocats devenus juges de Michel Arsenault, c’est le secret professionnel qui les préserve du regard des médias et du jugement de leurs pairs.

Siéger à la cour à la suite d’une nomination politique ne peut pas vous rendre plus respectables que vous l'étiez à l'origine avant de devenir honorables.

On ne mérite pas le respect du public parce qu’on devient avocat, bâtonnier ou juge, mais plutôt parce qu'on est compétent, intègre ou juste.

Il en est de même pour les chefs syndicaux, les maires et les premiers ministres.

***

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L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fondation.





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1 commentaire

  • Lise Pelletier Répondre

    1 février 2014

    M.Lapointe,
    Vous m'avez rappelé que lors de mes premières indignations il y a si longtemps, face à des injustices, on m'avait dit "dis-toi que derrière chaque personne qui réussit, il y a eu une magouille avant".
    Pour ce qui est du droit, la matière du cours est-elle la source de la malhonnêteté d'une majorité d'avocats, de possibles futurs juges. Le fait de savoir comment déjouer le système par toute ces lois. Tellement facile et accessible.
    Quand ils deviennent plutôt politiciens, alors là c'est la joie, en plus de connaître les lois ils peuvent de plus en fabriquer d'autres et ce toujours dans le but de se protéger entre eux.
    La Commission Bastarache ayant légitimé le fait que le PM Charest pouvait avoir accès à la courte liste et nommer des juges post-it l'a bien démontré.
    Ceci expliquant cela, l'impunité et l'imputabilité sont des mots vides de sens à l'Assemblée Nationale et la Chambre des communes, mais s'appliquant très bien à tous les autres niveaux de la société, à moins bien sûr d'avoir les moyens de se payer les meilleurs.
    Comme vous dites, il y a une part d'ombre dans la magistrature et la politique en général.