Attention à ceux qui jubilent trop vite avec ce titre. Il n’est pas écrit que l’Action démocratique commence à couler, à trois semaines du scrutin. Elle pénètre cependant dans une zone houleuse. Reste à savoir si celle-ci sera longue et déterminante sur son sort électoral.
L’ADQ est le parti d’un seul homme, le Québec le sait. Cependant, on aime bien Mario. Il est dans le paysage politique québécois depuis la fondation de « son » parti en 1994. Les formules-chocs qu‘il a multipliées depuis son entrée à l’Assemblée nationale en ont déridé plus d’un. Certes, certaines d’entre elles n’ont pas été glorieuses, mais il n’en demeure pas moins que le franc-parler du député de Rivière-du-Loup a séduit des Québécois. Les premiers sondages de la présente campagne électorale laissent même croire qu’ils seraient plus nombreux à l’être, cette fois-ci.
Le parti de Mario Dumont est néanmoins aux prises avec la même difficulté qu’il l’a longtemps affligé : le chef ne semble pas avoir d’équipe derrière lui pour l’épauler. Le précédent scrutin d’avril 2003 paraissait pourtant avoir éliminé cet obstacle, avec des candidatures influentes comme l’ancien maire de Montréal, Pierre Bourque, ou encore la présence de Marcel Dutil comme responsable du financement du parti. Outre la présence de Gilles Taillon, ancien président du Conseil du patronat, le millésime 2007 de l’ADQ n’est pas le cru de 2003… dont la finale est très amère. La présente cuvée manque plus d’équilibre, contrairement à la récolte d’il y a quatre ans.
D’ailleurs, Mario est actuellement aux prises avec des déclarations douteuses de certains de ses candidats. D’abord, ce fut celle de l’aspirant adéquiste de la circonscription Montmagny-L’Islet, Claude Roy, qui souhaite l’abolition du registre des armes à feu. Puis s’est ajouté le propos étonnant du candidat du comté de Deux-Montagnes, Jean-François Plante. Il a dénoncé le règlement sur l’équité salariale et s’est targué de bouder bon an mal an la cérémonie qui commémore la tuerie de 1989 à l’école Polytechnique de Montréal. L’adéquiste soutient qu’il y a trop de mesures qui favorisent les femmes en milieu de travail, favorisant ainsi l’érection d’une « politique d’apartheid » envers les hommes…
Sans doute c'est le petit côté cow-boy de l’ADQ qui refait surface. Une caractéristique qui explique qu’une large part de la clientèle de Mario Dumont appuie le Parti conservateur de Stephen Harper sur la scène fédérale. Les commentaires de droite qu’expriment des candidats adéquistes pourraient cependant finir par coûter cher à Mario Dumont. Le pauvre ne pourra pas être partout à la fois pour les museler à temps, avant qu’ils ne livrent le fond de leur pensée aux journalistes. Le chef de l’ADQ devra songer à employer la manière forte, à l’image de celle qu’impose le premier ministre du Canada à ses députés. Il est à espérer pour Mario que les partenaires colorés de son équipe n’appliqueront pas trop souvent d’ici le 26 mars ses valeurs autonomistes…
Heureusement, [le chef adéquiste a reçu dernièrement l’appui de l’écrivain Victor-Lévy Beaulieu->4080]. L’indépendantiste en a ras-le-bol d’attendre après le PQ pour que le Grand Soir advienne. Il est maintenant convaincu que ce parti ne fera pas du Québec un pays. Du moins, tant qu’il n’aura pas été sévèrement sanctionné par l’électorat québécois, de manière à le forcer à reconsidérer véritablement sa stratégie étapiste. Monsieur Beaulieu ne cache absolument pas son souhait de voir l’ADQ mener le Québec vers une crise constitutionnelle avec le Canada, grâce à son intention de créer une constitution et une citoyenneté québécoise. Ébranlé, le gouvernement minoritaire à Québec plongerait alors rapidement dans une autre joute électorale, décisive celle-là. Ce qui le réjouirait au plus haut point.
Il serait intéressant d’entendre le leader adéquiste commenter le propos de Victor-Lévy Beaulieu. Ils sont plusieurs indépendantistes comme lui à converger présentement vers l’Action démocratique dans un but déclaré d’encourager Mario Dumont à doter le Québec de caractéristiques nationales et d’amener le gouvernement canadien à faire enchâsser le tout dans sa Constitution. Lorsque l’échec des pourparlers avec Ottawa sera consacré, le Québec sera en route vers sa souveraineté. Que le chef de l’ADQ soit à ce moment d’accord ou non, plusieurs dans ses rangs auront décidé d’agir avec, ou sans lui. Encore une fois, l’exemple autonomiste, sans doute…
Il ne faudrait pas que les prochaines journées amènent d’autres déclarations fracassantes semblables à celles qui irritent présentement le leader adéquiste. Elles le priveront de l’objectif qu’il s’est maintenant fixé et qui enchanterait plusieurs indépendantistes : avoir droit de vie ou de mort sur un gouvernement minoritaire. Mario Dumont sait très bien qu’environ 45% des électeurs peuvent encore changer d’idée d’ici leur passage dans l’isoloir. Quelques bourdes de plus commises par ses candidats confirmeront alors à la population que l’Action démocratique est indubitablement l’affaire d’un travailleur... autonome.
Patrice Boileau
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3 commentaires
Archives de Vigile Répondre
21 mars 2007Si l'ADQ vascille, ce n'est pas le cas à Québec, selon les derniers sondages. Et il ne vascille pas ailleurs.
Le PQ a caché depuis tellement longtemps son option que les gens sont écoeurés et ne voteront plus pour lui. Ceux qui a assasiné ce Parti, le grand Parti de Réné Lévesque, ce sont les jeunes louveteaux, sans expérience, qui sont maintenant à la barre, et qui ont mis à la porte les plus ardents défenseurs de la cause.
Il y a de la houle....demandez à Boisclair de redresser la barre. Pour le faire, faudrait-il qu'il sache et se branche. Il ne sait pas. Il ne se branche pas.
Nestor Turcotte
Matane
Archives de Vigile Répondre
7 mars 20077 mars 2007
Je ne crois pas que Mario Dumont va se lancer dans de nouveaux pourparlers constitutionnels puisqu'une bonne partie de son électorat ne veut pas en entendre parler.Comme vous le mentionnez,le succès de l'Action Démocratique du Québec s'appuie sur un électorat "conservateur" qui se sent confortable avec les valeurs véhiculées par l'ADQ.Je pense que ces électeurs s'intéressent davantage au reste du programme de l'ADQ qu'à la position autonomiste de ce parti.Certes,il y a des souverainistes comme Victor-Lévy Beaulieu qui votent pour ce parti pour des raisons stratégiques (échec du projet de constitution du Québec) .Mais,ce n'est pas la principale raison pour la majorité des souverainistes adéquistes.Le véritable motif qui pousse des souverainistes à voter pour l'ADQ,c'est la tendance au PQ d'associer social-démocratie et souveraineté.Pour ces "brebis égarées",le PQ est vu comme un parti au service d'une élite intellectuelle de gauche qui veut faire du Québec un paradis gauchiste semblable à la ville d'Amsterdam.Elles ne se reconnaissent plus dans un parti où le social prime sur le national. Ces brebis votent pour l'ADQ puisqu'elles doutent de la fermeté des convictions souverainistes de André Boisclair.Elles veulent un référendum au "pc" pour règler enfin la maudite question nationale et pour se libérer de la social-démocratie du PQ.Elles se disent que André Boisclair ne tiendra pas de référendum car pour lui,c'est le social qui prime sur le national.Alors elles votent pour un parti aux valeurs plus prêt des "gens ordinaires" en attendant.
Pour un souverainiste de "droite" comme moi,je comprends la motivation de ces électeurs.J'hésite à voter pour le PQ car je suis un rural qui s'identifie davantage à l'ADQ sur plusieurs points.Espérons que Jean Charest va continuer à me fruster avec d'autres déclarations "partitionnistes" pour me faire revenir au bercail.
En passant,je suis pour l'abolition du régistre des armes à feu et même temps souverainiste très convaincu partisan de l'élection référendaire .Après que le Québec devienne souverain,nous deviendrons peut-être des adversaires!Pour l'instant,unissons-nous!
Frédéric Coulombe,25 ans,résident de St-Thomas-de-Joliette
Jean Pierre Bouchard Répondre
7 mars 2007Spéculer sur toutes sortes de scénarios de politique fiction sur un éventuel gouvernement minoritaire est bien discutable. Les libéraux bénéficient d'une base électorale avec le West Island et l'Outaouais qui leur garantit entre 25 et 30 sièges sans oublier l'ancienne tradition en régions qui persiste qui consiste à voter rouge de père en fils. Ce qui fait que le scénario d'un gouvernement minoritaire précisément libéral est loin d'être probable. La division du vote majoritaire francophone québécois entre à peu près un tiers ADQ, un tiers libéral et un tiers PQ avantage de manière assez marquée le parti libéral qui domine déjà dans la ville de Montréal. En n'oubliant pas que le PQ est désavantagé par Boisclair (leadership et homophobie comprise d'une partie du peuple) et que l'ADQ est désavantagé par son organisation et le caractère de ses candidats. Beaucoup d'éléments favorisent par défaut un mauvais gouvernement majoritaire libéral.
La politique du pire qui consiste à ne pas voter PQ, je ne vois pas où cela mène. Le Parti Québécois est plus important comme outil pour l'indépendance que son chef du moment qui est André Boisclair. Si Lévy Beaulieu dérape et contribue à "enrichir" un reportage de Radio Canada sur la démobilisation (7 mars) des artistes pour l'indépendance et la politique, c'est bien son affaire.