L'annonce du maire de Montréal de changer le nom du parc de Vimy en parc Jacques-Parizeau ne passe pas inaperçue. Un débat semble lancé : est-il permis de remplacer une victoire militaire canadienne de la Première Guerre mondiale par le nom d’un grand homme québécois ? La lecture de la presse anglophone et francophone fait resurgir de vieux spectres. Si, pour les uns, Vimy est LA victoire qui permit à l’idée de « nation canadienne » de s’affirmer sur la scène internationale, pour les autres, cet événement outre-mer ne doit pas faire oublier les tensions vécues au pays à la même période avec la conscription de 1917.
Ce débat réactualise avant tout un « vieux » débat du rapport de l’histoire à la mémoire. « Je me souviens » n’est pas si innocent. Un groupe porteur d’une mémoire collective tire du passé les éléments qui lui sont propres pour s’individualiser dans le passé et se donner des bases pour avancer vers l’avenir. Qu’on le veuille ou non, le vécu historique au Canada n’est pas aussi simple qu’il paraît.
Une approche anglophone du passé retient des éléments correspondant à un projet de Canada un et unitaire, ce que permet de prétendre la victoire canadienne de Vimy en avril 1917. En face, l’approche plus québécoise du passé vise à individualiser un fait francophone au sein de cette histoire canadienne comprise comme englobante. Le rapport du Québec au passé de la Première Guerre mondiale est difficile dès les débuts de la mise en place de la commémoration du 11 novembre. Après l’expérience de la conscription en 1917 (décidée par le premier ministre Robert Borden au regard notamment des pertes subies à Vimy), expérience qui se solde, à Montréal, par des manifestations violentes et, à Québec, par la mort de civils face à l’armée, le Québec francophone tient à oublier les années de guerre qui lui ont rappelé sa place minoritaire au sein du Canada.
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