«J'invite quasiment la population à se révolter!»

La présidente du SFPQ perd patience devant les révélations du rapport Duchesneau

Actualité québécoise - Rapport Duchesneau


Québec — «J'invite quasiment la population à se révolter contre ça», pestait hier la présidente générale du Syndicat de la fonction publique du Québec (SFPQ), Lucie Martineau. Devant les révélations du rapport Duchesneau, sa patience a atteint «ses limites», a-t-elle lancé. Aussi, le SFPQ pourrait organiser une manifestation dès mardi, jour de rentrée parlementaire, devant l'Assemblée nationale, afin de dénoncer le «trafic d'influence» dont l'État fait l'objet et pour réclamer une commission d'enquête publique sur la construction et l'octroi des contrats publics. La chef syndicale a dit regretter que les Québécois n'aient pas été plus nombreux (42 024), en janvier 2010, à avoir signé la pétition. Si «cinq millions» d'entre eux l'avaient paraphée, peut-être que le gouvernement Charest aurait obtempéré, a-t-elle opiné.
Mme Martineau estime que les problèmes mis au jour par Jacques Duchesneau au ministère des Transports (MTQ) ne sont au fond pas surprenants. Depuis longtemps, a-t-elle rappelé, son syndicat multiplie les mises en garde au sujet de phénomènes troublants au ministère, notamment le processus obscur des attributions de contrats sans appel d'offres et la perte d'expertise au profit des firmes privées. «Ça fait au moins 15 ans que le SFPQ dit que la sous-traitance au ministère des Transports, ça coûte plus cher à l'externe qu'à l'interne», a-t-elle martelé. À ses yeux, ces importants coûts constituent un «gaspillage» de fonds publics et une injustice: «J'ai des ouvriers qui sont à l'aide sociale l'hiver pendant qu'on donne des milliards à des gens qui ont bien de l'argent», a-t-elle lancé.
Le déclin des effectifs au MTQ est important selon elle. Au milieu des années 1980, quelque 10 000 ouvriers oeuvraient au ministère. Aujourd'hui, «ils ne sont plus que 800 permanents et quelque 2000 saisonniers». Le nombre de contrats de service et de travaux de construction au MTQ est passé de 1608 en 2000 à plus de 6500 en 2010. «Ça fait des années qu'on le dit! On perd de l'expertise. Même les firmes qui font les travaux se vérifient elles-mêmes!» La frontière entre le ministère et les firmes de génie-conseil est passablement perméable, a-t-elle dénoncé en mettant en relief que neuf anciens sous-ministres des transports travaillaient maintenant dans ces mêmes firmes. Parmi ceux-là, comme Le Devoir le révélait en octobre 2009, André Bossé et Liguori Hinse. Après avoir quitté la haute fonction publique, l'un a travaillé chez Genivar et le second chez Roche. Un autre ancien sous-ministre adjoint, Luc Crépeault, a travaillé chez BPR après avoir quitté la fonction publique en 2006. «Ça monte à 20 si on inclut les cadres, les directeurs qui sont eux aussi passés chez les firmes», a ajouté Mme Martineau plus tard.
En soirée, le ministre des Transports, Pierre Moreau, a soutenu que dans les dernières années, les effectifs du ministère des Transports ont recommencé à augmenter. La règle du «un départ à la retraite sur deux» n'y est pas appliquée «parce qu'on a compris le message», a-t-il fait valoir. Même que le ministère compterait quelque 125 fonctionnaires de plus.


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