Lettre à Luc Archambault

J’ai le goût du Québec

Tribune libre

Cher monsieur Archambault, vous avez écrit, en réponse à monsieur Parent :
“Cette fois ça fonctionnera parce que nous aurons cessé de remettre notre propre pouvoir d’action entre les mains de Messies. Nous n’avons pas suffisamment participé à ce à quoi nous conviait Jacques Parizeau en 1995 : la MOBILISATION SOUVERAINISTE. Voilà pourquoi nous avons raté une occasion de fonder un État valide. Cette fois il ne faut pas refaire la même erreur. C’est à nous, LE PEUPLE, à nous mobiliser. C’est ce que nous faisons ici, dans Vigile.
Voilà un projet emballant !
Tout le contraire du découragement et de la division de nos forces comptant sur des miracles qui ne viendront pas. Ce n’est pas des miracles dont nous avons besoin, c’est d’un patient travail en profondeur capable de MOBLILISER nos forces UNIES pour participer au concert des NATIONS-UNIES.”
J’approuve et je signe. Je n’écris pas souvent sur Vigile, que je visite toutefois assidument. Je dois avouer que je me laisse souvent décourager par la longueur de vos textes qui, bien que très étayés, contiennent beaucoup trop d’argumentaires quant à l’opinion de ceux qui ne partagent pas vos points de vues ou qui déforment les faits.
Vous savez monsieur Archambault, la clarté de vos positions, la sincérité de votre démarche indépendantiste, la profondeur de votre réflexion et l’accueil généreux dont vous faites montre à l’égard des individus de toutes cultures qui immigrent au Québec suffisent largement à diffuser votre engagement envers le projet de pays qu’est le « notre ».
À vous comme à tous ceux qui écrivent sur Vigile, je demande en grâce de cesser de décrier l’opinion d’autrui. Y répondre ne fait qu’entretenir la division et nous fait nous perdre dans de stériles débats qui ne mènent nulle part. Argumenter est inutile, c’est créer l’enthousiasme qui importe. Un débat mature ne devrait se faire que sur ce qui compte, et ce qui compte justement, c’est le pays. Il n’y a rien de personnel qui doive venir l’entacher. Au contraire, c’est, comme vous l’écrivez vous-même, en cessant de remettre notre pouvoir d’action entre les mains de Messies que nous parviendrons à nos fins. Or ce pouvoir, il est collectif et c’est à la collectivité que nous devons nous adresser tout en mettant nos ego de côté. Ce n’est qu’en tant que collectivité que nous pouvons créer l’enthousiasme et générer l’impulsion nécessaire pour mettre en œuvre l’énergie libératrice du désir de dépasser nos appréhensions pour vaincre nos peurs et montrer à la face du monde le peuple que nous sommes. Peuple au sein duquel des artistes comme vous peuvent développer leur individualité et offrir en partage les fruits de leur créativité.
Voilà ce qu’à mes yeux signifie la MOBILISATION SOUVERAINISTE à laquelle nous conviait Jacques Parizeau en 1995. Ne ratons pas une fois encore l’occasion de fonder « notre État » en nous perdant dans de vains pamphlets dont nous devrions nous rappeler qu’en pointant autrui du doigt, trois autres sont tournés vers nous. Je partage votre enthousiasme pour le pays. Continuez de nous en donner le goût comme tous ceux qui en ont le désir le font et demeurons solidaires. Ce ne sont pas les individus qui font les peuples, ce sont les collectivités. Les individus s’y épanouissent et font partie de la collectivité, cette collectivité formant le peuple.
J’ai le goût du Québec…
Claude G. Thompson


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9 commentaires

  • Réjean Labrie Répondre

    8 septembre 2009

    Mobilisons notre entourage!
    Je suggère à nos confrères passionnés de pratiquer la concision et la synthèse dans leurs textes, plutôt que la dissertation et la digression. Un haïku frappe plus qu'un roman-fleuve.
    La plupart des courriers du lecteur exigent des messages de moins de 400 mots, ce qui m'apparaît amplement suffisant pour exprimer une idée.

  • Archives de Vigile Répondre

    1 septembre 2009

    Monsieur Thompson,
    Je suis plus que d'accord avec vous. La hargne et les propos intempestifs ne mènent nulle part.
    Ça brasse depuis quelque temps sur Vigile. Les anti Bloc-PQ n'y vont pas de main morte, si vous me permettez le cliché. À lire les opinions de plusieurs, il les seuls indépendantistes sont ceux qui s'insurgent contre ces deux partis. Je trouve ça pénible et démobilisant. J'admets toutefois que le PQ manque d'audace, mais il faut aussi constater que le "je-m'en-foutisme" de la population y est pour quelque chose, et vice versa. Les fédéralistes et les bien-pensant n'en ratent pas une, en déformant tout. On roule depuis un bon bout de temps à 35, peut-être 40%. Cette stagnation fait que les "jusqu'au boutisme" s'activent à nous enliser dans la pensée juste.
    Pour une action citoyenne qui ira au-delà des dogmatismes partisans.

  • Claude G. Thompson Répondre

    1 septembre 2009

    Chère Grand-papa, exusez-moi pour l'impair, et merci pour votre remarque à propos de la nation. J’en prends bonne note.
    Claude G. Thompson

  • Claude G. Thompson Répondre

    1 septembre 2009

    Chère Madame Hébert, merci pour votre remarque à propos de la nation.
    J'en prends bonne note.
    Claude G. Thompson

  • Archives de Vigile Répondre

    1 septembre 2009

    J'abonde dans votre sens, M. Thompson. Et:
    "Vous savez monsieur Archambault, la clarté de vos positions, la sincérité de votre démarche indépendantiste, la profondeur de votre réflexion et l’accueil généreux dont vous faites montre à l’égard des individus de toutes cultures qui immigrent au Québec suffisent largement à diffuser votre engagement envers le projet de pays qu’est le « notre »."
    Là-dessus aussi, je vous seconde. Je trouve que Luc Archambault a raison de s'obstiner et de reprendre encore et encore certains arguments majeurs qu'il expose avec clarté. On peut toujours souhaiter ses démonstrations plus courtes, ce que j'ai eu l'occasion de lui exprimer et d'obtenir sa réponse que je respecte, mais ses idées cheminent. Et ses détracteurs affichent souvent la même "longueur" avec parfois moins de consistance. Et, peut-être, de saine distance.
    Oui, travaillons dans le sens qu'avec d'autres il propose et nous avancerons.
    Merci de souligner cela.
    Nicole Hébert

  • Gilles Bousquet Répondre

    1 septembre 2009

    M. Thompson, vous qui avez écrit plus haut «À vous comme à tous ceux qui écrivent sur Vigile, je demande en grâce de cesser de décrier l’opinion d’autrui. Y répondre ne fait qu’entretenir la division et nous fait nous perdre dans de stériles débats qui ne mènent nulle part. Argumenter est inutile, c’est créer l’enthousiasme qui importe. »
    J'imagine que, sur un site comme Vigile, il serait important de demeurer polis entre participants mais, faut quand même échanger et écrire pourquoi une telle opinion nous semble irréaliste et en suggérer une autre plus pratique.
    Parfait l'idée que c'est au peuple à se mobiliser et à choisir son destin mais ça prend une majorité du peuple pour pouvoir changer les choses aux élections et entre aussi. Sans attendre trop d'un chef de parti souverainiste, faut quand même pas aller à l'autre extrémité, comme certains le font, pour tenter de le ou la discréditer...me semble mais vaudrait mieux le ou la défendre jusqu'au prochain...au moins.
    L'idée d'une constitution québécoise et d'une citoyenneté qui seraient adoptées par notre Assemblée nationale, comme l'avait proposé Mme Marois, dans un projet de loi qu'elle avait déposé, au nom du PQ "décrié par le'ADQ et le PLQ", me semble LA bonne idée vers la souveraineté, comme celle de M. Duplessis de lever un impôt provincial, qui a fait reculer le fédéral, l'avait été.
    Le fédéral doit reculer encore à la place de tout centraliser et s'il s'avisait de désavouer une telle constitution québécoise, il créerait une crise et, une crise Québec-Ottawa, c'est bon pour la souveraineté du Québec.

  • Archives de Vigile Répondre

    31 août 2009

    Cher Monsieur Claude G. Thompson
    Merci d'abonder à mes invitations à la mobilisation. Merci pour vos compliments. Merci de prendre la peine et le temps de le faire ici publiquement dans Vigile.
    Ce que vous dites en me faisant le reproche de la longueur de mes interventions ne semble pas tenir compte de votre propre capacité à produire des textes tout aussi étoffés et foisonnants...
    Accommodements raisonnables et appartenance religieuse
    Tribune libre de Vigile - 6 novembre 2007
    Cela dit, je ne fais pas exprès d'être long. Et travaille à être plus brefs et concis.
    Permettez-moi de commenter votre invitation...
    « ... je demande en grâce de cesser de décrier l’opinion d’autrui. Y répondre ne fait qu’entretenir la division et nous fait nous perdre dans de stériles débats qui ne mènent nulle part. Argumenter est inutile, c’est créer l’enthousiasme qui importe. Un débat mature ne devrait se faire que sur ce qui compte, et ce qui compte justement, c’est le pays. »
    Vous soulevez là une bonne question mais, comme vous vous en doutez, je ne partage pas la réponse que vous donner en choisissant de ne pas répondre aux opinions auxquelles nous n'adhérons pas.
    En somme cela revient à dire qu'il ne saurait y avoir de débat.
    Cela dit je comprends que vous choisissiez de ne pas argumenter. C'est un choix personnel qui ne se discute pas. Par contre, le mien, contraire au vôtre se discute...
    Permettez-moi d'exposer les raisons qui motivent mon implication dans de nombreux débats. De un, je crois qu'il faut considérer le contexte de l'expression citoyenne politique dans les médias en général et les médias nouveaux internautiques. De nombreux partisans tentent d'attirer à eux de nouveaux adeptes et pour ce faire développent des stratégies qui les font être très présent et obstinés. Une réplique s'impose. Sinon, l'envahissement ne peut que progresser, perdurer, convaincre.
    J'aimerais bien que ce que vous dites advienne, malheureusement, dans un contexte où les pages sont envahies par le dénigrement, les appels à la divisions, le découragement ne peut que devenir communicatif.
    D'aucuns aiment à penser que cela n'a pas d'impact, ou que cet impact peut être limité, parce qu'il serait marginal. J'ai peine à adhérer à cette thèse.
    Il faut donc combattre la propagande par sa dénonciation.
    Quant aux idées fausses, aux arguments erronés, aux avis qu'on ne partage pas, aux choix politiques ou stratégiques à faire, je pense que le mieux est d'exposer ses idées, de considérer les autres, et d'en débattre, le plus rigoureusement et courtoisement possible. Cela en ayant à coeur de chercher le compromis exempt de compromission, capable de provoquer un mutuel ralliement.
    Et cela il est vrai semble accroitre la division. Mais elle ne fait plutôt que la montrer sous son vrai jour, elle préexiste. Le fait de la voir ne la fait pas plus importante qu'elle en l'est déjà. Cependant le fait de la voir peut au cours de l'exercice de discussion, survenir de vraies rencontres, de vraies et réciproques modifications d'opinions, convergeant vers un point de rencontre inconnu des parties auparavant. Ce qui provoque un commun ralliement et en susciter d'autres.
    Il faut comprendre aussi que nous faisons face à des attaques hostiles, même dans Vigile. Le but est de susciter, provoquer, entretenir la division et ce de venant à la fois de l'extérieur et de l'intérieur du mouvement souverainiste pour des raisons différentes mais qui provoque le même enfoncement du mouvement.
    De l'extérieur, d'aucuns se faufilent jusqu'ici et diffusent des raisonnement fallacieux des plus tordus, et je ne vois pas comment les démonter, autrement qu'en prenant le taureau par les cornes pour en un à un tirer chaque fil de cet écheveau volontairement inextricablement présenter dans cet État difficile à contrer. On pourra critiquer tout ça, mais je persiste et signe, je crois qu'il faut agir, le laisser-faire ne peut que nous diviser encore davantage.
    De l'intérieur, il faut comprendre que d'aucuns pensant valablement contribuer à la cause, pensent qu'il faut mettre de l'avant qui la gauche, qui l'indépendance, qui la dénonciation de telle mouvance, pour nous faire supposément recommencer ailleurs plus vite et mieux. Je m'oppose à ce fallacieux projet. Nous devons plutôt faire l'UNION de nos forces.
    Il y a donc des discussions hostiles négatives auxquelles il faut répondre et il y a des discussions positives cordiales qui permettent de débattre de tous les sujets, pour nous entendre, pour avancer.
    La situation est mouvante, elle évolue, des idées nouvelles surgissent, elles doivent pouvoir s'exprimer, pour être débattues.
    Discuter pour nous comprendre et nous mutuellement entendre
    L'argumentaire est incontournable. Parfois il faut le décortiquer pour démêler le tien du mien et parvenir à donner aux mots, aux concepts, un sens commun partagé. Chacun ayant un vécu différent, appréhendera la situation différemment, apportant un éclairage nourrissant qui ajoute au contenu déjà connu. C'est ce qui fait évoluer le monde à tous égards.
    Mais vous avez raison, ce n'est pas tout
    Il faut aussi avoir accès à des communications qui hors le débat, ou après le débat parce qu'il permet justement d'y parvenir, permettent de nous donner le goût du Québec, le plaisir de l'action, la force de la cohésion. ET cela doit être de plus en plus présent, doit émerger de nos discussions et débats, de plus en plus. Car, après cette période actuelle de préparation aux prochains et décisifs rendez-vous électoraux, il faudra cesser et agir de manière solidaire, cohérente pour combattre nos adversaires dans l'UNION de nos forces. Celle que nous tentons de faire naître ici et ailleurs.
    Et il n'y a pas de plus forte UNION que celle qui a pris le temps qu'il faut pour la faire non pas superficielle mais profonde et étendue à toutes ses composantes.
    Nous avons beaucoup de ménage à faire, dans les vieilles idées inutiles, les jeunes idées prometteuses et les anciennes toujours jeunes et productives. Il faut démêler tout ça, en profondeur. Plus nous irons au fond des choses, plus notre ménage se sera fait dans les moindres recoins de notre maison militante, plus tout cela sera largement partagé par le plus grand nombre de personnes ou de composantes, plus nous pourrons affronter nos adversaires et déjouer rapidement et efficacement leurs enfarges, leur propagande, leur arguments fallacieux, leurs menaces de représailles, leurs odieux trafics, leur habiles sophismes, leurs vicieux mais attrayants chantages.
    Il nous faut développer des réseaux actifs capables d'agir sur tous les fronts. La combattivité qui vous parait nuisible, une fois tourné non plus à l'intérieur mais à l'extérieur sera une arme des plus efficaces. Si nous savons faire l'UNION de nos forces sur les termes d'un ESSENTIEL irréductible, tout ça n'aura que mieux construit, structuré nos énergies, nos forces, nos habiletés, nos capacités à lutter, à nous mobiliser, à nous appuyer.
    Un peu comme font les lionceaux en se querellant, ils deviennent ainsi de redoutables chasseurs. Certes il faut apprendre à n'être pas que des lionceaux qui jouent à la guerre... Mais il y a de ça et plus nous saurons dépasser ce stade du jeu querelleur pour en faire une stratégie de la synergie, de l'action commune, du débat constructif, plus nous préparons utilement la lutte à mener pour vaincre les canadianisateurs qui n'ont d'autres objectifs que de nuire à notre UNION et cohésion.
    Plus des gens comme vous prendront, oseront prendre la parole pour nous inviter à l'UNION de nos forces, dans l'exposé de propositions mobilisatrice, plus les diviseurs canadianisateurs seront isolés dans leur vindicte et plus elle apparaîtra improductive. Plus elle sera marginalisée.
    Sans réplique, on pourrait la croire majoritaire. Elle est comme la grenouille de la fable qui se grossissant parvient à se croire aussi grosse que le boeuf. Le hic, c'est que dans l'intervalle, nous y croyons plus qu'on ne le devrait.
    PRÉPARER les prochaines élections.
    Le mieux c'est de tout de suite et le plus efficacement possible, crever la bulle. Plus nous serons en mesure de le faire efficacement, systématiquement, plus nous serons efficaces en périodes de crises cruciales.
    De leur côté, les activistes aussi testent leurs moyens et leurs chances de nous intimider, influencer. Les laisser faire ne fait qu'accroitre leur combativité, que nous livrer impuissants à leurs assauts.
    Ce pourquoi je comprends bien votre demande, mais choisit de ne pas y souscrire. Il nous faut à la fois combattre et débattre. L'important est de savoir faire la différence entre discussion hostiles et débat cordial.
    Je pense la faire, mais bien sûr, tout ça est perfectibles et merci d'avoir pris la peine de nous rappeler que tout cela n'a de sens que dans la mesure où nous parvenons à faire l'UNION de nos forces pour être en mesure de donner à tout un peuple le goût de se mobiliser pour le Québec, afin qu'il invalide l'État actuel illégitime d'un Canada usurpateur afin de fonder un État valide et légitime...
    La RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE du PEUPLE SOUVERAIN du QUÉBEC.

  • Pierre Schneider Répondre

    31 août 2009

    Vous avez tout à fait raison: Il faut unir nos forces et cesser de regarder nos faiblesses en les comparant à celles des autres. l ne faut surtout pas manquer notre prochain rendez-vous avec l'Histoire. Pour moi, comme pour de plus en plus de Québécois qui ont le goût du pays, ça doit passer par l'approche républicaine opposée à celle de la monarchie constitutionnelle. C'est à nous de dicter les règles du jeu et non plus aux tenants de la monarchie à laquelle les Québécois n'adhèrent pas.

  • Archives de Vigile Répondre

    31 août 2009

    Je suis tout à fait d'accord avec vous mais.. je préfère le mot nation à peuple. Le mot nation est selon moi plus inclusif :
    << Nous entendons par nation une société matériellement et moralement intégrée, à pouvoir central stable, permanent, à frontières déterminées, à relative unité morale, mentale et culturelle des habitants qui adhèrent consciemment à l’État et à ses lois. >>
    MAUSS, Marcel
    Sociologue et ethnologue français (1873-1950)
    Source : La Nation
    Salutations et merci pour votre texte.