SABORDAGE AU PROFIT DU PQ

Il y a de la résistance au Bloc

PQ - stratégie revue et corrigée

par Simon Boivin - L’idée lancée par des militants péquistes de saborder le Bloc québécois pour concentrer les forces souverainistes au Parti québécois est loin de plaire à tout le monde.
« Dans les circonstances, c’est vrai que tout le monde est en questionnement, commente Hélène Alarie, vice-présidente du BQ. Avec le résultat des deux dernières élections, évidemment, on fait des analyses critiques. Mais sortir ça comme ça, je trouve que c’est gratuit et mesquin. »
Plus tôt cette semaine, cinq militants du PQ dans Chutes-de-la-Chaudière, dont deux ex-présidentes de la circonscription, ont fait valoir que la concurrence entre les deux partis frères pose des problèmes en termes de financement et de ressources humaines. Une analyse partagée par les présidents régionaux du PQ dans la capitale nationale et dans Chaudière-Appalaches.
D’après Mme Alarie, il s’agit de discussions entre quelques militants, « un cercle semble-t-il assez restreint ». « Je suis membre du PQ dans Chutes-de-la-Chaudière et je n’ai entendu parlé de rien, note-t-elle. C’est vraiment une vision à courte vue. »
La question du financement n’est facile pour aucun parti politique, poursuit-elle, mais le Bloc en vaut la peine. « La question politique d’un parti souverainiste en est une de principe et de fierté nationale, lance Mme Alarie. Quand je lis l’article et que ça tourne autour des cennes et des piasses, ça me déçoit beaucoup. »
Celle qui a pondu une analyse sur le comportement politique de la région de Québec est favorable à « un gros bouillonnement d’idées dans le monde souverainiste ». Mais elle croit que « ce n’est pas le temps de nous énerver non plus et se lancer la tête sur les murs ».
Candidat péquiste défait dans Charlesbourg et ex-député du BQ à Ottawa, Richard Marceau croit lui aussi que cette proposition est née d’un « désarroi post-élections provinciales qui fait en sorte que les gens sortent toutes sortes d’affaires pour essayer de reconstruire le PQ. »
D’après lui, la cause souverainiste ne peut se priver de la tribune que lui offre la Chambre des communes, à Ottawa, et de la visibilité médiatique qui en découle. « Quand tu as perdu une bataille, et le PQ en a perdu une grosse, tu ne te replis pas sur un seul endroit qui est magané, avance M. Marceau. Il reste 36 députés du PQ, et tu as 51 bloquistes à travers le Québec. Pour aider à reconstruire le PQ, ça peut aider. »
Les enjeux sont assez différents entre les niveaux provincial et fédéral pour s’attendre à ce que les résultats de la campagne au Québec ne soient pas le reflet du prochain scrutin fédéral, croit-il. « C’est assez clair qu’il y a des souverainistes qui ne sont plus péquistes, ajoute M. Marceau. Et que des gens se reconnaissent au Bloc et pas au PQ, et vice-versa. Plus il y a de gens qui sont souverainistes, le mieux c’est pour l’idée. »
Député bloquiste dans Lévis de 1993 à 2003, Antoine Dubé n’a pas été surpris par l’idée de sabordage mise de l’avant par des militants péquistes. « Il y a toujours eu une tranche de militants du PQ qui pensent comme ça, dit-il. Ce n’est pas une guerre. C’est une question de point de vue. »
Même si le référendum n’est pas sur l’écran radar, le Bloc continue à défendre les intérêts du Québec dans les sphères de compétences fédérales, dit-il. « Si vous enlevez le Bloc, les souverainistes, ils votent quoi au fédéral ? » demande M. Dubé.
Il suggère quand même une meilleure collaboration entre le Bloc et le PQ pour aplanir les irritants comme le financement. « C’est fatigant pour n’importe qui, souligne-t-il. Tu as l’impression que si tu n’étais pas deux sur le même patient… »
Au PQ, personne n’était disponible, hier, pour commenter.


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