Il s'appelait Drapeau

Pacte électoral - gauche et souverainiste



La réunion était en cours et la salle était pleine. Le brave homme s'est levé pour se rendre au micro afin de solliciter l'appui d'un autre membre, parmi les centaines qui l'entouraient, pour que la motion qu'il s'apprêtait à présenter et qui concernait la possibilité de mettre sur pied une commission d'enquête sur la construction puisse être débattue. Monsieur Drapeau fit sa demande. Le silence de la salle fut impressionnant. Le Parti libéral venait de lui donner sa réponse. Sans appui, sa proposition était irrecevable. La foule a applaudi la soumission évidente des membres de ce parti au mot d'ordre du chef.
Les journaux en ont parlé. Les citoyens ont réalisé qu'il ne suffisait pas d'être membre d'un parti politique pour participer aux débats, faire valoir son opinion, défendre ses idées et que monsieur Drapeau avait été prié, d'une certaine façon, d'aller s'asseoir sur sa conscience. Tais-toi, reste dans le rang et l'incident est clos. C'est la méthode traditionnelle qui prévaut dans les vieux partis.
Les choses se sont toujours faites autrement au PQ pour une raison très évidente: le PQ est une coalition de militants de gauche et de droite et souvent du milieu que la souveraineté du Québec soude ensemble malgré des convictions différentes, et parfois même divergentes, sauf quand ils trouvent que la souveraineté n'arrive pas assez vite, qu'on n'en parle pas assez et que la flamme risque de s'éteindre. Ils réagissent aussi individuellement pour des raisons parfois mystérieuses qui heurtent leurs valeurs ou leur conscience.
Le PQ a vieilli lui aussi, mais ses membres et ses députés ont toujours souhaité le garder à l'abri de la sclérose qui paralyse les «vieux partis traditionnels». Au PQ, les militants et les députés sont des «dévoreurs» de micro parce qu'ils sont profondément engagés à plein temps. Ils croient à la participation citoyenne et n'accepteront jamais d'être bâillonnés quand ils ne sont pas d'accord.
Diriger un tel parti n'est pas de tout repos. Tous ceux qui s'y sont risqués en ont payé le prix. Madame Marois le savait déjà quand elle a accepté un retour en politique alors qu'elle avait déjà amorcé un retour à la vie privée. Elle savait qu'il fallait de la patience, de l'écoute et de la disponibilité. Cette femme est capable de reconnaître quand elle fait une erreur et quand le vent se lève, elle tient le cap malgré qu'on ne se prive pas de la décoiffer souvent.
Louise Beaudoin a raison quand elle dit qu'il faut inventer une nouvelle façon de faire de la politique. Une façon où chaque député pourra exercer son jugement et sa liberté de parole afin qu'Amir Khadir n'ait pas l'air d'être le seul député qui peut exercer ses fonctions avec une certaine liberté. Les députés du PQ sont prêts à assumer pleinement leurs rôles et leurs devoirs et j'imagine que s'ils avaient la liberté d'en parler, les députés libéraux pourraient aussi voir leur participation valorisée par une participation active aux débats.
Une semaine pour la démocratie
Au fond, la semaine n'aura peut-être pas donné son bonbon au maire Labeaume, mais je crois sincèrement que ça aura été une semaine importante pour la démocratie. Chaque fois que je regarde du côté d'Ottawa et que je constate l'attitude de Stephen Harper depuis que son parti est majoritaire, son mépris pour l'information, sa certitude d'avoir toutes les bonnes réponses et sa façon d'agir comme un monarque, je suis de plus en plus convaincue qu'il faut remodeler ce que nous avons au Québec afin de bien assurer l'expression de la diversité des opinions et de permettre aux citoyens de rester les premiers maîtres d'oeuvre de notre vie collective. Nous devons veiller sur notre démocratie, sur nos institutions et sur l'information que nous consommons, car la perte de contrôle des citoyens dans ces domaines n'annoncerait rien de bon.
Si bien qu'en ce vendredi d'une semaine particulièrement agitée, malgré le fait que le PQ ait vécu des moments difficiles, je continue de penser que ça fait du parti de René Lévesque, encore maintenant, un outil indispensable pour les citoyens du Québec. Il n'est pas parfait et ne le sera jamais. Il a besoin de se refaire une beauté de temps en temps et de secouer ses puces sans retenue. Il faudra garder la porte ouverte au cas où ceux qui sont partis voudraient revenir.
Quant au Parti libéral, Jean Charest a réussi à se sauver de l'affront que certains de ses députés allaient lui faire subir en votant contre le projet de loi 204... Depuis l'affaire Drapeau, la résistance s'organise, paraît-il.
Pour ceux et celles que ça intéresse, je redis ici que je ne suis membre d'aucun parti politique. Comme les députés, je veux exercer mon droit de parole en toute liberté et voter pour l'homme ou la femme de mon choix.


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