"Qui remplacera Pauline ?" Au lendemain de l'effondrement du vote péquiste, le pire résultat depuis 1970, c’est une question que beaucoup se posent, mais ce n'est pas la bonne question!
Quand on arrive à un cul-de-sac, et nous sommes dans un cul-de-sac, on ne se demande pas, s'il faut un autre conducteur pour foncer dans le mur. On trouve d'abord un autre chemin. Il faut remettre en question non pas l'objectif, mais le chemin suivi par le Parti québécois depuis Lucien Bouchard, depuis l’après référendum de 1995.
Il faut une autre approche que celle du "bon gouvernement", celle d'un gouvernement provincial en attendant les "conditions gagnantes", en attendant le "référendum au moment opportun". C'est cette approche qui a été rejetée par la population parce qu'elle est passive, défensive, sans lien avec les questions qui préoccupent la population et en même temps déstabilisante et sans amorce de solution de notre question nationale. En essayant de façon pathétique de reporter la discussion sur l’avenir du Québec hors de la période électorale, on laisse aux adversaires toute la place pour dénaturer le projet d’indépendance, pour le limiter à « l’épouvantail » du référendum. Combien de fois allons-nous répéter ce scénario débilitant.
Ce qui a été rejeté, ce n'est pas l'indépendance puisqu'elle n’a pas vraiment défendue, et surtout, parce qu’on ne l'a pas préparée depuis près de 20 ans. La jeune génération, en particulier, n'a jamais entendu parler de ce projet emballant d'émancipation nationale dans un monde où seules les nations ont une voix à l'international, de ce projet d'une nation libre, vraiment responsable d'elle-même, française, solidaire sur le plan social, acteur dynamique de l’économie verte du XXIème siècle.
Malgré tout, l'appui à l'indépendance reste étonnamment solide, autour de 40%. Pour un indépendantiste, le seul "bon gouvernement" possible est un vrai gouvernement, le gouvernement d'un pays. Nous avons quatre ans pour le démontrer, pour faire adhérer à ce projet de pays. Il faut y travailler par une nouvelle approche comme celle fondée sur la souveraineté populaire qui se prépare aux État généraux que le Conseil de la souveraineté a initié en 2012.
Parti québécois, référendum et souveraineté sont devenus avec le temps synonymes dans l’esprit de la majorité de la population. Pourtant, le référendum n’est qu’un moyen d’exercice de la souveraineté populaire. Les partis n’en sont que les instruments. Au début, la création du Parti québécois a été le résultat d’un mouvement populaire profond, mais avec le temps, l’indépendance s’est instrumentalisée, menée par une classe politique bien intentionnée, mais en partie déconnectée d’une partie de la population. D’autres partis indépendantistes se sont créés. Même ensemble, ces partis ne font pas le plein des électrices et électeurs souverainiste et ils les divisent sur d’autres questions que sur celle, vitale, de l’indépendance nationale.
Il faut un changement de cap. Il faut départisaniser la démarche vers l’indépendance par sa prise en charge, par la société civile, sur la base de la souveraineté populaire. C’est à cela que pensait René Lévesque lorsqu’il affirmait : « Pour moi, tout parti politique n'est au fond qu'un mal nécessaire, un de ces instruments dont une société démocratique a besoin lorsque vient le moment de déléguer à des élus la responsabilité de ses intérêts collectifs. Mais les partis appelés à durer vieillissent généralement assez mal. Ils ont tendance à se transformer en églises laïques, hors desquelles point de salut. »
Au Parti québécois de nous démontrer, qu’il est autre chose qu’une « église laïque », qu’il a, comme je le pense, gardé ses idéaux. Qu’il nous démontre qu’il peut se remettre profondément en question et qu’il est prêt à ouvrir un véritable dialogue avec les autres composantes du mouvement indépendantiste. Qu’il se montre capable d’appuyer un véritable mouvement populaire d’émancipation nationale. La question s’adresse également à Québec solidaire qui n’arrive pas, lui non plus, à se mettre en campagne permanente pour l’indépendance avant, pendant et après les élections. À côté du renforcement du mouvement indépendantiste de la société civile, la convergence des partis indépendantistes doit également être à l’ordre du jour, car il faudra bien, aussi, que la prochaine élection ramène une majorité d’indépendantistes à l’Assemblée nationale.
Il faut redéfinir la démarche vers l’indépendance sur la base de la souveraineté populaire. Il faut viser une large coalition en faveur de l’indépendance, de la gauche à la droite, quelles que soient les allégeances partisanes, les classes sociales ou l’origine ethnoculturelle des citoyen-ne-s. Cette diversité, trop large pour coexister au sein d’un même parti politique, appelle une coalition de tous les partis et des mouvements nationalistes, sociaux, écologistes, féministes, économiques. C’est à cette condition que l’indépendance se fera.
L’indépendance n’est pas une question partisane, elle est une question qui doit se résoudre par l’exercice de la souveraineté populaire. En démocratie, en république, c’est le peuple, maître de son destin, en tant que seule autorité constituante qui doit définir ses institutions, sa constitution et non se les faire imposer d’en haut. Or le peuple québécois n’a jamais même été consulté sur aucune des constitutions qui l’ont régit jusqu’à maintenant. Actuellement, nous sommes régis par une constitution illégitime, imposée unilatéralement en 1982, qui consacre notre dépendance politique. Il est temps d’inverser ce processus en organisant le travail de la société civile au travail sur la définition de sa constitution, ce qui est, en même temps, faire la pédagogie de l’émancipation dans l’action.
L’extraordinaire mouvement du printemps 2012 doit nous inspirer. Pour réaliser les idéaux qui ont animé les partisans des réformes démocratiques, du Québec français, du développement durable, de la justice sociale, de l’accès à l’éducation, il faut que ces luttes citoyennes convergent et définissent le pays du Québec.
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