L'Assemblée nationale mettra fin à la présente session aujourd'hui ou demain et pour Jean Charest, le plus tôt sera le mieux.
Dans une agitation décousue caractéristique des fins de session, le ton a monté ces derniers jours à l'Assemblée nationale et on entendait presque, hier, les griffes de l'opposition sur la nouvelle couche de téflon de Jean Charest.
Voilà qui fait changement parce que cette session aura été celle de Jean Charest, celle de sa résurrection. On l'a vu plus en contrôle, plus en forme, plus sûr de lui, pendant que Mario Dumont, lui, se perdait dans ses nouveaux habits de chef de l'opposition.
Le moral est plutôt bas dans les troupes adéquistes, au point où son plus jeune député, Simon-Pierre Diamond (circonscription de Marguerite-D´Youville) a récemment fait un peu de shopping du côté du Parti libéral du Canada, à la recherche d'une circonscription sûre.
Le PQ, plus expérimenté, a fait mouche à quelques occasions, notamment en démontrant que les urgences du Québec débordent encore et toujours ou que le ministère de la Sécurité publique a confié le transport et la surveillance de détenus à une entreprise douteuse. Cela dit, aucun coup fatal n'a été porté dans les rangs ministériels.
Les dépassements de coûts à l'UQAM ont toutefois donné des munitions au PQ et, à voir comme ça chauffait hier à l'Assemblée nationale, Pauline Marois aurait probablement pris une autre petite semaine pour continuer d'asticoter le gouvernement.
Que le gouvernement se retrouve dans l'eau chaude à cause du fiasco financier de l'UQAM, qui coûtera 500 millions aux contribuables, cela n'a rien de surprenant. Ce qui l'est plus, par contre, c'est qu'il s'en soit sorti avant à si peu de frais.
Les nouveaux développements dans l'affaire Norbourg, en particulier l'arrestation d'un fonctionnaire des Finances, mettent aussi un peu de piquant dans cette fin de session, mais encore là, les partis de l'opposition vont manquer de temps. Dommage parce qu'on aimerait bien savoir comment un employé du gouvernement soupçonné d'une mégamagouille (et qui ne paye pas ses impôts en plus) a pu garder un lien d'emploi avec le gouvernement du Québec. Et pourquoi on l'a «prêté» à l'OACI, un organisme international prestigieux établi à Montréal.
Ces deux événements en particulier, plus le prix de l'essence qui donne un dur coup aux régions en particulier, viennent menacer la recette mise au point par les stratèges du Jean Charest nouveau: ne faites pas de vague, ne prêtez pas flanc aux attaques, bref, laissez la marmite sur le rond arrière, à feu doux, et évitez de trop brasser. En ce sens, la fin de session est une bénédiction pour Jean Charest, qui aura un répit parlementaire jusqu'en octobre. Au retour, on parlera beaucoup du Sommet de la francophonie, à Québec, ce qui donnera le beau rôle au premier ministre.
On a beaucoup reproché aux libéraux de gouverner sur le pilote automatique durant cette session. Vrai. Jean Charest a soigneusement évité toutes les zones de turbulences, mais il serait injuste de dire que ce gouvernement n'a rien fait.
Le gouvernement libéral a agi, ses ministres ont même été omniprésents, mais ils se sont surtout attardés à des dossiers très terre-à-terre comme les routes, les dictées à l'école ou la sécurité routière.
Suffit de voir, en région, tous les chantiers en marche et les panneaux annonçant les prochains travaux pour s'en convaincre. Ce n'est pas nouveau, c'est même un vieux truc: des routes, de l'asphalte, ça marchait au temps de Duplessis, ça marche encore aujourd'hui.
Quelques chiffres: l'an dernier, le gouvernement a investi 1,7 milliard de dollars dans des travaux routiers, cette année, ce sera 2,7 milliards. En nombre de chantiers: 1600 l'an dernier, 1850 cette année, ce qui veut dire 36 000 emplois au lieu de 23 000. À Montréal, les travaux sont généralement vus comme une source de problèmes. En région, ils sont plutôt considérés comme une source d'emplois bien payés.
Il est vrai de dire que ce gouvernement a développé le réflexe conditionné de «tabletter» les rapports de commission avec une rapidité exceptionnelle, l'exemple le plus spectaculaire étant le rapport Castonguay sur l'avenir du réseau de santé.
Faut toutefois être cohérent: si les Québécois aiment tant les gouvernements minoritaires (et tous les sondages démontrent que c'est effectivement le cas), ils doivent en accepter l'une des principales conséquences, soit la limite de marge de manoeuvre du parti au pouvoir.
Si aucun gouvernement majoritaire n'a le courage de lancer une vaste réforme de la Santé, comment espérer qu'un gouvernement minoritaire le fasse?
Reste le rapport Bouchard-Taylor. On dit à Québec que la réponse gouvernementale s'en vient. On définira notamment les «valeurs québécoises» auxquelles les immigrants devraient prêter allégeance. À suivre, donc.
Pour le moment, c'est l'autre conclusion de la présente session, le gouvernement Charest a réussi à éteindre le feu des accommodements raisonnables sur lequel il avait lui-même jeté de l'huile en créant la commission Bouchard-Taylor.
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