Gouverner une province ne créera jamais les conditions gagnantes

Tribune libre

Les raisons qui nous ont incités à créer un parti voué résolument à réaliser l’indépendance du Québec n’ont pas changé depuis l’élection du 4 septembre dernier. Nous avons fondé Option nationale parce que tous les autres partis enferment les Québécois dans une logique provincialiste et que nous voulions inscrire notre action dans une véritable logique nationale c’est-à-dire militer pour la création d’une nation souveraine.
Depuis 40 ans le Parti québécois a détourné le mouvement indépendantiste de sa finalité en préconisant la stratégie du bon gouvernement. Son action s’est inscrite dans les limites du cadre constitutionnel canadien. On s’est acharné à convaincre les électeurs qu’il fallait prendre le pouvoir pour faire adopter des réformes devant améliorer les conditions de vie économique et sociale des Québécois. On a dissocié l’exercice du pouvoir de l’accession à l’indépendance en réservant cet enjeu pour un éventuel référendum lorsque les conditions seraient favorables.
Ce raisonnement certes utile pour attirer des électeurs non souverainistes et prendre le pouvoir a eu des effets toxiques sur le développement de la conscience indépendantiste, celle-ci ayant tendance à s’atrophier avec le temps parce cette stratégie excluait la promotion active du projet souverainiste. Comme l’enjeu de l’élection ne portait pas sur le statut politique du Québec, une fois élu le parti ne pouvait pas utiliser les ressources de l’État pour faire avancer la cause dans la mesure où le mandat demandé aux électeurs excluait cette possibilité. Cette stratégie avait aussi des effets délétères sur la militance puisque le parti une fois au pouvoir ses militants devaient se taire pour ne pas nuire au gouvernement. Parler d’indépendance devenait alors un obstacle à la réélection du parti.
Cette logique avait aussi pour effet de marginaliser dans l’esprit des Québécois le projet d’indépendance qui n’était pas valorisé pour lui-même, mais qui était subordonné à la réalisation d’un projet de société. Dès lors, les porte-parole du Parti québécois et les militants passaient plus de temps à débattre d’enjeux économiques, sociaux et linguistiques que de l’enjeu national lui-même. On s’évertuait à régler tous les problèmes de la société avant de faire l’indépendance comme si le fait de ne pas être souverain n’avait pas d’importance ou de conséquence et qu’on pouvait s’en accommoder. Paradoxalement, plus l’action gouvernementale du PQ était efficace dans un cadre provincial, moins il était justifié de faire l’indépendance. Pourquoi sortir du Canada si on pouvait réaliser les aspirations du peuple dans un cadre provincial? Cette stratégie a engendré des incohérences politiques qui ont entravé la prise de conscience souverainiste.
Certes, le sujet est presque tabou dans le mouvement souverainiste, mais le meilleur exemple de cette dérive est l’adoption de la loi 101 qui a fait la fierté des Québécois et qui a facilité leur promotion sociale, mais qui, avec le temps, a été mise en lambeaux par l’État canadien et ses sbires de la Cour suprême. Plus on a cru qu’on pouvait appliquer dans le cadre provincial une législation linguistique efficace qui devait nous protéger de l’assimilation, plus l’urgence de faire l’indépendance s’est estompée dans l’esprit de nombreux Québécois. Le travail de sape de l’État fédéral n’a pas pour autant galvanisé l’indignation et entrainé une plus forte mobilisation pour l’indépendance. Au contraire. Qu’à cela ne tienne, les leaders du mouvement souverainiste ont continué dans la même voie en préconisant une nouvelle loi 101 toujours dans le cadre étriqué d’une politique provinciale au lieu de faire porter le débat sur la seule solution qui soit efficace : l’accession à l’indépendance. Aux dernières élections, on a rejoué la même partition en reportant le projet de pays aux calendes grecques et en faisant accroire qu’une fois élu on apporterait les correctifs nécessaires. Plus on entretient l’espoir qu’on peut faire des réformes au sein du système actuel, plus on délégitime le projet d’être une nation. L’histoire des quarante dernières années montre clairement qu’il est illusoire de vouloir accéder à l’indépendance en proposant de bien gouverner une province. Les passages au pouvoir du Parti québécois n’ont pas rendu les Québécois plus souverainistes. Cette gouvernance provincialiste les a au contraire rendus plus confus et ambivalents quant à leur statut politique.
L’erreur stratégique fondamentale est de s’imaginer que la bonne gouvernance aura un effet de persuasion, que les Québécois se montreront plus ouverts au changement politique si on leur montre qu’on peut gouverner efficacement, comme si on avait encore à faire la preuve qu’on est capable de se prendre en main collectivement. Il faudrait se monter meilleurs, plus compétents, plus excellents que les autres pour avoir le droit de se diriger nous-mêmes. En jouant à ce jeu, on se laisse piéger par les illusions d’un pouvoir asservi à une volonté extérieure. On oublie aussi que gouverner implique forcément mécontenter des segments de l’électorat parce que les ressources étant rares on ne peut faire plaisir à tout le monde. La leçon qu’il faut tirer de l’histoire des quarante dernières années est que plus on gouverne une province, plus on suscite de l’insatisfaction sans pour autant être capable de faire progresser l’option souverainiste dans l’opinion publique.
Il y a une autre facette à cette mystification ou à cette erreur stratégique qui fut encore plus manifeste dans la dernière mouture de la rhétorique péquiste incarnée par le concept de gouvernance souverainiste. Au lieu de faire la bataille de l’indépendance, on propose aux Québécois de rapatrier des pouvoirs à la pièce. Élisons un gouvernement péquiste afin de relancer le processus de réforme du fédéralisme. On a proposé de rapatrier la gestion de l’assurance-emploi ou encore de rapatrier les pouvoirs fiscaux. Si le Canada dit oui, on renforcera les capacités financières de l’État québécois et on aura réglé la question du déséquilibre fiscal. Si le Canada dit non, on aura démontré l’incapacité de réformer le fédéralisme dans une perspective asymétrique et ainsi les Québécois seront convaincus qu’il n’y a pas d’autres solutions que l’indépendance. On en revient presque à la logique de l’égalité ou l’indépendance de Daniel Johnson ou à celle du couteau sur la gorge inspirée par Léon Dion à Robert Bourassa dans les années quatre-vingt. À ce jeu on pourra tourner en rond encore pendant quarante ans.
Ce raisonnement est fondé sur une méconnaissance des interactions politiques dans un système fédéral. Les partis fédéralistes provinciaux pourront toujours contrer les effets des réactions négatives du Canada en prétendant en cas d’échec qu’un gouvernement d’allure souverainiste n’a pas la crédibilité pour convaincre les Canadiens de faire des concessions. On pourra aussi faire valoir qu’il suffit de changer le parti au pouvoir à Ottawa pour débloquer la situation constitutionnelle comme ce fut le cas en 1984. Le système fédéral a plus de marge de manœuvre pour gérer les impacts de ses décisions négatives, car il peut jouer sur l’éternel espoir du changement et compter sur l’appui de plusieurs partis fédéralistes sur la scène québécoise.
Mais le caractère le plus pernicieux de cette stratégie est de laisser faire la pédagogie de l’indépendance par le Canada en s’imaginant qu’on fera naître un pays en réaction aux refus du Canada. On raisonne comme s’il fallait faire l’indépendance en désespoir de cause, comme solution de dernier recours et non pas comme la meilleure solution aux problèmes du Québec. Le rejet par les autres peut soulever l’indignation, mais ce sentiment sera éphémère et insuffisant pour créer une volonté forte de devenir une nation. Il faut sortir de ce paradigme débilitant afin de bâtir une adhésion au projet de nation qui repose sur des raisons positives et créatives. Il faut offrir une alternative politique qui explique aux Québécois ce qu’il serait possible de faire dans un Québec indépendant. Voilà la raison d’être d’Option nationale et voilà pourquoi notre parti doit continuer son combat.
Denis Monière, président de la commission politique d’Option nationale


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16 commentaires

  • Stéphane Sauvé Répondre

    15 octobre 2012

    Les MOUS croient dur comme fer qu’il est impossible de prendre le pouvoir en parlant franchement, ouvertement et tout le temps de l’indépendance. M. Savoie.
    Donc Messieurs Jean et Simard,
    À chaque fois que je lis des textes comme le vôtre, je suis toujours tenté de retourner au PQ et donner mon appui. Fort heureusement, des textes comme celui de M. Savoie me ramènent à la raison.
    Cette ambivalence est symptomatique d'un désir de changer les choses (devant les ignominies libérales et conservatrices) conjuguées à un écoeurement des mensonges et de la lâcheté des soit disant souverainistes. Je vous explique.
    Nous ne sommes plus dans la constitution depuis 1982. Pourquoi joue t'on encore la "game" ?
    On s'est fait voler le référendum de 95. Pourquoi persistons-nous à jouer et respecter les règles ?
    Mme. Marois était en faveur du RIP. Elle nous informe que c'est l'Assemblée nationale qui a le dernier mot. Pourquoi continuer à croire à leurs promesses ?
    Ils ont décidé d'abolir la taxe santé. Pourquoi, ont-ils laissé les partis d'opposition tant de place, alors que c'était le meilleur moment de rester ferme sur ce que la majorité de la population souhaitait ?
    Mme. Marois m'a presque ramené au bercail avec ses décisions courageuses. Malheureusement, le naturel est revenu au galop, ils ont plié.
    Donc en bref, messieurs Jean et Simard, je comprends votre proposition et je sens que vous êtes de bonne volonté. Le seul problème, c'est que, si Marois ne prouve pas hors de tout doute (pendant qu'elle est minoritaire) son désir et sa volonté de nous amener à un pays avec des décisions courageuses, elle prouve notre point. Elle n'est là que pour gouter et savourer le doux poison qu'est le pouvoir.
    Enfin, comprenez moi bien, j'ai vu des pseudo souverainistes comme Bouchard, Legault, Johnson, Rousseau, etc. changer de camps et nous faire plus de mal que les Charest et Harper de ce monde, alors ne comprenez vous donc pas pourquoi, on est si chatouilleux avec le régime Pquisse.
    C'est le temps ou jamais pour Mme. Marois de montrer son courage.

  • Archives de Vigile Répondre

    14 octobre 2012

    Les opinions de messieurs Gilles Jean et Alexis Simard sont parmi les plus révélatrices de l’idéologie péquisse. Ceci expliquant cela, nous comprenons mieux le faussé entre les VRAIS et les MOUS. Les MOUS croient dur comme fer qu’il est impossible de prendre le pouvoir en parlant franchement, ouvertement et tout le temps de l’indépendance. Cette frange de la famille nationaliste probablement traumatisée par deux échecs référendaires a fini par adopter un comportement essentiellement mu par la peur : la peur d’avoir peur, la peur de faire peur, la peur des maîtres, la peur du plus fort, la peur du colon. Cette peur est tellement incrustée qu’elle explique les contradictions, les incohérences et la confusion dans le discours péquisse. Elle explique aussi sans doute la rigidité intellectuelle et la paralysie des attitudes. Le manque de progression et d’adhésion de la population à l’idée d’indépendance ainsi que la création de QS et ON s’expliquent donc beaucoup plus par cet état d’âme des péquisses que par la conséquence de la division du vote. Il ne faut pas confondre la cause et la conséquence.

  • Archives de Vigile Répondre

    14 octobre 2012

    M. Jean a entièrement raison. À la base, c'est la relation au pouvoir qui provoque les disputes.
    Ni QS ni ON ne veulent prendre le pouvoir. Ce sont des partis dissidents. Fort bien. Mais que QS et ON arrêtent de faire les saintes nitouche de la pureté politique.
    Le PQ veut le pouvoir, y croit et l'exerce. Il se compromet et tout ce que cela suppose de risque.

  • Archives de Vigile Répondre

    13 octobre 2012

    ON veut résoudre la quadrature du cercle en ne prônant pas la prise du pouvoir. Il y a comme un dédain, un mépris du sale pouvoir.
    Ce n'est pas en nous subdivisant que nous pourrons faire l'indépendance! Dans Nicolet Bécancour, J.M. Aussant a tellement bien servi la cause de l'indépendance qu'il a fait élire la CAQ. Avançons tous ensemble en arrière!

  • Stéphane Sauvé Répondre

    13 octobre 2012

    Monsieur Simard,
    "L'ère Bouchard", c'est l'ère de ces con-serviteurs cachés sous la toge de la rectitude économique.
    Bouchard a fusionné de force nos villes, on vit encore avec cela.
    Bouchard a coupé sauvagement dans le système des soins de santé, on vit encore avec cela.
    Bouchard a abandonné l'idée de la souveraineté, on vit encore avec cela.
    Bouchard est encore vivant, on vit encore avec cela. Le Gaz de S..., ses interventions à l'emporte pièce contre Marois, ses appuis à Charest....ca vous prend quoi pour comprendre que l'ère Bouchard, c'est le fédéral caché sous des faux souverainistes ou libéraux.
    Tiens pendant que j'y suis, Legault est un émule de Bouchard. N'avez vous pas encore compris cela ?
    C'est Bouchard et ces lucides du dimanche qui nous ont pondu une idée comme celle de repatrier tous les tièdes souverainistes sous un même parti, sans oublier les désabusés du PLQ et de l'ADQ. Tous cà, sous la subtile mais combien présente vindicte des Desmarais...
    Alors, NON, je ne vous lâcherai pas avec cà !

  • Archives de Vigile Répondre

    11 octobre 2012

    J'ai du respect pour ON, beaucoup de respect. Mais les souverainistes se disputent pour des virgules. Que les onistes investissent le PQ au lieu de claquer la porte à chaque rebuffade. Les combats se font aussi de l'intérieur, et avec patience.
    L'ère Bouchard, c'était il y a 12 ans! Lâchez-nous avec ça!
    Cela dit, je n'ai aucun respect pour QS qui n'est ni souverainiste ni sérieusement progressiste.

  • Archives de Vigile Répondre

    11 octobre 2012

    M. Alexis Simard,
    Ne serait-il pas temps que vous examiniez le rôle néfaste qu’a joué le PQ dans la division du vote. Si comme vous le pensez sans doute implicitement, le PQ est la seule formation capable de rassembler les forces nationalistes, comment expliquez-vous qu’il se retrouve aujourd’hui en situation de gouvernement minoritaire ? Comment interprétez-vous que tant d’électeurs ont déserté le PQ pour se retrouver dans des nouveaux partis ? Il doit bien y avoir une explication logique à toutes ces questions. Êtes vous capable, avec votre grande intelligence de la réalité politique, de me fournir des réponses solides et logiques qui expliqueraient clairement pourquoi le PQ a échoué à unifier les nationalistes québécois ?
    Pour ce qui est de l’étiquette de "pressés de l’indépendance" maintes fois accolée par les MOUS aux VRAIS, elle est complètement stupide et surréaliste. Faites-vous preuve de cohérence quand, dans un même temps, vous évoquez l’urgence de l’indépendance mais que vous mettez sous le tapis l’article 1 de votre programme ? La procrastination et les atermoiements dans le processus d’accession à l’indépendance ne sont probablement que le reflet et le symptôme d’une névrose péquisse soulignée à l’époque par Camille Laurin et dont nous constatons tristement qu’elle s’est aggravée depuis. En tout état de cause, l’impuissance de ce gouvernement n’aidera sûrement pas à donner le courage nécessaire à notre peuple pour qu’il adhère avec enthousiasme au message positif d’Option Nationale.
    Rappelons pour le bénéfice de certains autistes qu’ON fera adopter, par un vote majoritaire à notre assemblée nationale, une loi qui décrètera à la face du monde que notre état national sera le seul autorisé à adopter les Lois qui le régissent sur son territoire, qu’il sera le seul habilité à percevoir les Impôts de ces citoyens et que lui seul pourra signer des Traiter internationaux, ce qui est désigné par l’acronyme LIT.
    Il est certain que cette détermination et cette autorité dans l’action provoquera une Myriade d’indignations et de vaines manœuvres d’Ottawa. Il y aura confrontation c’est certains ! ON le sait, ON l’assume et ON y fera courageusement face. Par ailleurs, le plus grand bien que vous puissiez vous faire serait d’accepter cet inévitable conflit avec l’État fédéral. Pour vous aider, apprenez et découvrez en quoi consiste notre puissant rapport de force : le vrai, pas celui du quémandage humiliant auquel vous vous livrez. Cette connaissance vous guidera vers la confiance et fortifiera votre détermination à agir pour l’Indépendance. Elle résoudra la confusion de votre discours et vous donnera, espérons-le, la force de mettre au pas les carriéristes opportunistes qui ont réussi à prendre le contrôle de votre parti.

  • Stéphane Sauvé Répondre

    11 octobre 2012

    @ Monsieur Simard,
    Je suis d'accord avec vous, et en même temps, Pierre Bouchard n'a pas tout à fait tort. Combien d'anciens Péquisses nous ont largués pour se vendre au plus offrant. Je pense à Bouchard, Johnson, Legault, Bachand, HP Rousseau, pour ne mentionner que ceux-là. Ce n'est rien pour nous aider à avoir confiance au PQ.
    Le PQ est devenu tiède depuis cette triste ère Bouchard. Les « lucides opportunistes » ont profité de cette tendance à la tiédeur, pour créer la CAQ, le parti qui au final, souhaitait finir la job de Bouchard. D'un côté, on a un parti acharné à vouloir couper dans le gouvernement et laisser les amis corporatistes prendre le relais et de l'autre, un PLQ qui se défend d'avoir fragilisé ce gouvernement en le corrompant jusqu'à l'os, et en l'alourdissant d'une dette de 30% supérieure à celle de 2002. Les électeurs ont devant eux si peu de choix, que je suis encore choqué de ne pas voir un PQ plus résolu et plus ferme dans ses approches et son discours pour la création d'un pays.
    Le PQ peut gagner les prochaines élections (majoritaire) et créer les conditions gagnantes pour la création d'un pays. Mais pour se faire, les députés et les ministres devront plus que jamais, retourner à leurs convictions profondes que la création d'un pays est devenue une nécessité et non plus une option. Sans cette conviction, le rouleau compresseur des médias (pro CAQ et PLQ) les écrasera immanquablement.
    Aujourd'hui, nous avons un gouvernement minoritaire Pquisse, qui jusqu'à hier soir, semblait afficher des signes de courage mais voilà, le maintien, même partiel, de la taxe santé va à l'encontre des convictions de la plupart des électeurs.
    Le PQ, sous la direction de Mme Marois, tente de se gagner la faveur des électeurs en écoutant toutes les franges de la population, soit d'un côté, celle qui souhaite un pays, de l'autre, une province forte et enfin, éparpillés un peu partout, celles qui souhaitent des mesures progressistes et les autres, des mesures conservatrices. Le PQ est écartelé de partout.
    Un tel écartèlement ne peut lui être que fatal, parce que les autres partis sont capables d'afficher clairement leurs couleurs, et les électeurs préfèrent de loin cette approche à celle d'un « peut-être que oui » ou « peut-être que non ». Les électeurs préfèrent un politicien transparent qui lui annonce des coupures qu'un politicien qui fait le contraire de ce qu'il a annoncé.
    La tendance forte du PQ à la « tiédeur" lui sera mortelle si l'équipe Marois ne profite pas pas de son statut de gouvernement minoritaire pour révéler sa capacité d'être c-o-u-r-a-g-e-u-x dans des contextes où la pression des corporatistes se fait forte. Le courage de ne pas écouter l'establishment en place (représenté par la CAQ et le PLQ) ne peut lui être que salutaire, en particulier dans le contexte de la commission Charbonneau où la corruption se révèle au grand jour.
    Le PQ fut sauvé par la peau des fesses aux dernières élections. Si il veut entrer majoritaire, il devra être résolument ferme et audacieux et cesser de négocier avec la mafia libérale.
    En d'autres termes, une gouvernance souverainiste minoritaire est un bien pour un mal actuellement, si et seulement si, ce gouvernement reste fidèle à ses promesses et si il met en oeuvre une stratégie cohérente pour s'allier les partisans de ON et QS tout en révélant son « intelligence » à la protection et la promotion du bien commun - ce dont nous n'avons pas été habitués sous le règne des libéreux.
    Ce qui est inquiétant, c'est l'absence de signe de ralliement souverainiste à l'horizon alors que devant nous, se déroulera le tapis bleu des États généraux sur la souveraineté du Québec. Une opportunité en or pour l'élaboration d'une Stratégie pour unir nos forces.
    _____
    Quant à QS, Francoise David et Amir Khadir ont perdu une belle occasion de se la fermer (pour la taxe santé) ou de se l'ouvrir pour féliciter le gouvernement de ses décisions de fermer Gentilly, installer la paix sociale (frais de scolarité), protéger notre environnement (moratoire sur le gaz de s...QS paiera cher pour son manque de cohérence et cet opportunisme politique à moins qu'il se reprenne bientôt.
    Quant à ON, je persiste à dire que le PQ a intérêt, et un grand intérêt, à lui ouvrir des voies pour qu'il gagne plusieurs sièges lors des prochaines élections.

  • Klon Myriade Répondre

    11 octobre 2012

    Pensons très concrètement, pragmatiquement : ON pense que le PQ est dans un cul-de-sac, qu'il est devenu «un parti charlatan, un imposteur» plus ou moins conscient de l'être, parce que gouverner la province mènerait forcément à l'imposture, consciemment ou non. ON veut prendre le pouvoir pour réaliser l'indépendance dès qu'il sera gouvernement. La question très concrète à poser : si ON réussissait à supplanter le PQ dans le coeur des souverainistes et à prendre le pouvoir avec moins de 50% + 1 de l'appui des électeurs (ce qui est déjà difficile à imaginer, le PQ étant très bien ancré dans le coeur de la majorité des souverainistes), comment pourra-t-il dire au gouvernement fédéral que le peuple québécois veut majoritairement faire le pays Québec? Le gouvernement fédéral va évidemment protester que la majorité des électeurs n'a pas voté pour ça, même si ON a réussi à former un gouvernement majoritaire avec un vote inférieur à 50% + 1 (quel parti politique québécois a déjà réussi à prendre le pouvoir avec l'appui de plus de 50% de l'électorat?), et ON va être obligé d'essayer de faire une gouvernance souverainiste, à moins qu'il ne décide de retourner aussitôt en élection pour essayer d'obtenir plus de 50%, ou de provoquer une révolution qui nous amènera à combattre l'armée canadienne...
    Conclusion : il est faux de dire que la gouvernance souverainiste ne peut pas contribuer à l'avènement d'une réelle majorité du peuple québécois pour son indépendance. Il faut faire confiance à l'évolution intellectuelle de notre peuple et ne pas refuser d'utiliser le pouvoir pour accélérer cette évolution. La division des souverainistes ne peut que favoriser le maintien de la domination fédéraliste. Tous les indépendantistes ont intérêt à faire l'effort de penser la meilleure gouvernance souverainiste possible, pour ne pas laisser le pouvoir dans les mains des ennemis de notre futur pays.

  • Archives de Vigile Répondre

    11 octobre 2012

    Je me demande en quoi diviser le vote souverainiste fait avancer l'indépendance... Un peu de discipline!
    Les sympathisants d'ON se disent pressés, mais par leur vote repoussent à beaucoup plus tard la prise du pouvoir nécessaire pour faire l'indépendance...
    D'accord, ils construisent un nouveau parti et cela prend certes du temps. Donc, ils ne sont pas si pressés...
    Un peu de cohérence!

  • Archives de Vigile Répondre

    11 octobre 2012

    Extrait d'un article écrit récemment:
    "Ainsi, si l’on fait une analogie avec le Québec, pourquoi vouloir une nouvelle loi 101 et une charte de la laïcité, alors que dans les faits, ce serait du temps perdu à vouloir s’accommoder de la Charte canadienne des droits et libertés1. Si le Québec a de la difficulté à faire respecter le français et l’esprit de la laïcité, c’est particulièrement parce qu’il existe la Charte canadienne des droits et libertés, et que les immigrants qu’on voudrait intégrer au Québec, qu’on le veuille ou non, arrivent au Canada. Il n’y a pas de temps à perdre à vouloir faire semblant de vouloir rester. Les affrontements avec le propriétaire n’auront l’air que d’enfantillages.
    Les futurs immigrants ont beau lire le site Internet Immigration-Québec où on y explique que 80% de la population vit en français dans un État laïque, il n’en demeure pas moins que ces immigrants arriveront au Canada où la majorité vit en anglais. Ils arriveront dans la province de Québec, soit, mais chez un peuple minoritaire du Canada qui vit à logement et qui, plutôt que d’avoir le courage d’être propriétaire, a décidé de s’accommoder de la Charte canadienne des droits et libertés. L’immigrant arrivera chez un peuple qui, plutôt que de lever les feutres, a choisi de continuer à faire la première page des journaux en se faisant traiter de racistes parce qu’il aimerait que le concierge puisse parler français.
    Les immigrants arriveront dans une province où le peuple se contente d’une piscine hors-terre même s’il rêve d’une piscine creusée. Ces immigrants constateront que le peuple du Québec se fait dire quoi cultiver dans son propre jardin. Ces immigrants, même avec une charte de la laïcité et une nouvelle loi 101, se rendront compte bien assez vite que le Québec est une sorte de terrain de jeu où l’on joue les souverains à logement, que le fun c’est de se chicaner avec le propriétaire et qu’on aime donc ben ça faire la première page des journaux en tant que racistes et intolérants. Bref, que ce peuple ne se tanne pas de ça, qu’il a toujours espoir d’arranger sa province avec de la broche. Les immigrants verront bien que c’est la Charte canadienne des droits et libertés qui a préséance sur toutes les règles et lois du terrain de jeu de la province du Québec." http://www.ameriquebec.net/actualites/2012/09/29/loi-101-et-charte-de-la-laicite-lart-de-faire-comme-si-9398.qc

  • Archives de Vigile Répondre

    10 octobre 2012

    Voilà donc le gouvernement du renoncement. Bien sûr qu’un gouvernement minoritaire a les mains liées et est dans une position intenable. Et alors ? Quelle image ce gouvernement enverra-t-il aux québécois ? Pour ménager sa clientèle et conserver un semblant de crédibilité, le PQ se contentera de quémander des miettes. Mais pensez-vous un seul instant que le gouvernement Harper laissera le PQ gagner à ce petit jeu minable ? Les conservateurs feront tout pour faire élire des fédéralistes au provincial à la première occasion. Alors, soyez assurés qu’ils ne concèderont rien au PQ. Le gouvernement péquisse est non seulement à la merci des fédéralistes mais il ne pourra même pas tabler sur la bonne performance économique pour prouver sa bonne gouvernance provinciale. Commencez-vous à comprendre l’ampleur du désastre ? Voyez-vous les conséquences du virage fédéraliste du PQ ?
    Je n’ai rien contre le choix que les apparatchiks péquisses ont fait mais je ne veux plus qu’ils trompent la population et leurs propres membres en leur laissant croire que c’est encore un gouvernement souverainiste. Tout ce que nous pouvons espérer maintenant c’est que les militants sincères et honnêtes du PQ reconnaissent qu’ils sont dans un cul-de-sac politique et que leurs dirigeants causent un tord immense à la cause indépendantiste.

  • Archives de Vigile Répondre

    10 octobre 2012

    Bonjour M. Monière,
    j'ai voté pour ON, je voterai dorénavant de la même façon, et je partage entièrement vos observations ici ; Jean-Martin Aussant, Nic Payne et Catherine Dorion ont suscité mon intérêt parce que leur discours est en résonnance avec le mien depuis que je m'intéresse à la politique. Votre texte ici fait plaisir à lire, merci. Je m'attend dans les années à venir à de telles déclarations de la part d'ON, ça fait partie de la pédagogie.
    Vous touchez le bobo quand vous dénoncez la démission du PQ dans son comportement contre-productif de "laisser faire la pédagogie de l’indépendance par le Canada en s’imaginant qu’on fera naître un pays en réaction aux refus du Canada."
    Le malheur est que ce comportement irresponsable du PQ, ça marche encore. Plusieurs espèrent effectivement, contre toutes les évidences, que les conjonctures feront un jour en sorte que la population se soulèvera et votera son indépendance. Mais la population, dans les moments cruciaux, ne fait que dire non au Canada, elle ne se dit jamais oui.
    Vous dites "On raisonne comme s’il fallait faire l’indépendance en désespoir de cause, comme solution de dernier recours et non pas comme la meilleure solution aux problèmes du Québec."
    C'est comme l'adolescent qui en a contre ses parents mais qui n'envisage pas encore sérieusement de quitter la maison familiale. Le PQ, et plusieurs de ses militants, pensent que l'indépendance se fera fatalement, comme le jeune adulte qui finit par quitter la maison. Notons pourtant que de nos jours il y a de plus en plus de 25-30 ans encore chez leurs parents.
    Bien des souverainistes espèrent en fait que l'indépendance se produira par accident, ou à l'arraché. S'ils voyaient que le peuple enraciné meure toujours un peu plus chaque jour, s'ils mesuraient l'urgence en entrevoyant le point de non retour, quand on pensera et qu'on vivra tous en anglais au Québec, s'ils intégraient ce sentiment, ils comprendraient la futilité du pouvoir que veut le PQ.
    Vous dites "Le rejet par les autres peut soulever l’indignation, mais ce sentiment sera éphémère et insuffisant pour créer une volonté forte de devenir une nation."
    Je ne crois pas que les nations du monde qui ont fait l'indépendance l'aient fait avec 25% à 30% de la population. Le PQ ne fait rien pour convaincre 60% à 70% de la population, il ne vise toujours que l'élection. Et une fois au pouvoir, fatalement, l'appui au mouvement d'émancipation baisse inexorablement. Mais le PQ ne change pas, il adopte encore le même comportement ne comprenant pas que les mêmes gestes ont les mêmes effets, ne comprenant pas qu'objectivement, sa façon de faire ne construit pas, elle déconstruit, elle amenuise le sentiment d'émancipation. Le PQ est un train qui ajoute toujours les rails devant sa course.
    Plusieurs gens refusent et persistent à refuser d'envisager que le PQ est devenu un charlatan, un imposteur. La fausse représentation est manifeste, après 40 ans c'est clair clair clair.

  • Stéphane Sauvé Répondre

    10 octobre 2012

    Note à l'éditeur: version corrigée (enfin presque!)
    Monsieur Monière,
    J'ai adhéré à Option Nationale en raison de sa plate-forme résolument souverainiste et de son chef, un homme sympathique, facile d'accès et surtout, cohérent. La cohérence de la plate-forme de ON se révèle avec force, dans cette cette idée que la souveraineté peut et doit se faire à travers des projets structurants comme celui de la création d'un monorail électrique révolutionnaire, le « TrensQuébec » - http://www.trensquebec.qc.ca/.
    Quant au PQ, nous devons être honnêtes et saluer les dernières décisions du gouvernement de Madame Marois. Outre les décisions de fermer Gentilly, augmenter les impôts des riches, geler les hausses des frais étudiants ou abolir la taxe santé, le PQ semble vouloir appuyer un projet de société comme le Trensquébec.
    C'est à l'annonce dans le Devoir (http://www.ledevoir.com/environnement/actualites-sur-l-environnement/360586/le-monorail-a-moteur-roue-prend-son-elan ) d'un tel appui à ce projet, que le PQ parvenait à me rendre plus ouvert à son approche de gouvernance souverainiste.
    De fait, mon appui allait strictement à ON jusqu'au jour où j'apprenais qu'en dépit de son statut minoritaire, Mme. Marois et son équipe s'enlignaient pour une série de décisions courageuses à l'intérieur de ses premiers 15 jours de mandat.
    Si le PQ appuie un projet comme le monorail (et ça semble aller dans ce sens), alors qu'il est minoritaire, c'est que Mme. Marois reconnait la nécessité de signifier par des signaux forts, son intention d'aider les Québécois à regagner confiance en eux par la mise en place de « conditions gagnantes » (une formule qu'a malheureusement utilisée Lucien Bouchard pour alimenter ses sophismes) à la création d'un pays.
    Nous avons mangé une méchante débarque au plan de notre fierté comme Québécois, depuis que Bouchard nous a trahi, que Charest nous a volé et que Legault nous a mis sur la glace pendant 10 ans.
    Quant à Mme. Marois, dont j'ai été un virulent critique depuis qu'elle est cheffe de parti, elle a démontré clairement son intention de nous ramener au bercail du bon sens par des décisions et des projets qui nous ressemblent. Elle a encore ses preuves à faire, mais pour le moment, je lui accorde ma confiance même si elle reste fragile...
    Une fois cette première étape traversée (celle de reprendre confiance en nos moyens — et ça ne prendra pas 10 ans) avec créativité et inspiration, le peuple verra que le PQ est résolument enligné à faire du Québec, un pays, ce dont j'ai toujours douté (depuis Bouchard) jusqu'à aujourd'hui.
    Nous serons dans un contexte où les Québécois sont prêts à faire le grand et digne saut, soit celui de faire du Québec une nation phare où l'on développe et révèle le meilleur qui nous habite.
    Nous serons là où nous souhaitons être vous et moi, parce que le gouvernement en place leur aura démontré qu'il est capable de se voir confié une plus grande tâche que celle de la gouvernance souverainiste.
    L'ensemble des souverainistes a donc le devoir moral (et stratégique) d'appuyer le PQ si ce dernier continue dans la même voie qu'actuellement. J'ai bien dit « si ». Car nous sommes loin de la coupe aux lèvres, les opportunistes au PQ se faisant légions et pas toujours enlignés sur l'intérêt du peuple. « So far so good »...je me croise les doigts que les députés persisteront dans leur courage.
    De son côté, le PQ se doit de développer et mettre en oeuvre une stratégie honnête et solide pour unir les forces souverainistes. L'heure est à la réconciliation et à un investissement de nos efforts pour harnacher nos forces respectives. Nous n'avons pas le luxe de faire une erreur comme celle de nous entre-déchirer.
    Monsieur Aussant prend quelques semaines bien méritées pour se vouer à sa passion, la musique. Je suis heureux qu'il prenne ce temps pour se ressourcer. J'espère qu'il nous reviendra en force et à temps plein, pour nous aider à préparer la Stratégie destinée à créer notre pays, avec pour le moment, le PQ au pouvoir. Avec 6000 membres, on peut fournir 10 $ chacun pour payer son salaire.
    Je vous invite à lire la dernière chronique de Nic Payne (http://www.vigile.net/Nouvel-article,51370 ), il apporte des avenues intéressantes de renforcement du PQ et de ON. Mais sa proposition se trouve éclairée par un commentaire de « Myriade », qui d'ailleurs a contribué à allumer mes lanternes :
    Le PQ est un parti coincé depuis longtemps par des contradictions internes, qui vont de l’opportunisme de faux souverainistes à la radicalisation d’authentiques indépendantistes impatients qui ne peuvent pas accepter que le peuple québécois évolue lentement. ON est le produit de cette impatience. Les indépendantistes qui feront le pays ne seront pas des impatients, ils prendront tout le temps qu’il faut pour changer l’état d’esprit de la majorité, en comptant sur le fait que les nouvelles générations sont et seront davantage moins anti-intellectuelles que les précédentes.

  • Archives de Vigile Répondre

    10 octobre 2012

    Un argumentaire bien étoffé et qui couvre à peu près tous les angles. Du solide !
    GV

  • Henri Marineau Répondre

    10 octobre 2012

    "Mais le caractère le plus pernicieux de cette stratégie est de laisser faire la pédagogie de l’indépendance par le Canada en s’imaginant qu’on fera naître un pays en réaction aux refus du Canada. On raisonne comme s’il fallait faire l’indépendance en désespoir de cause, comme solution de dernier recours et non pas comme la meilleure solution aux problèmes du Québec. Le rejet par les autres peut soulever l’indignation, mais ce sentiment sera éphémère et insuffisant pour créer une volonté forte de devenir une nation. Il faut sortir de ce paradigme débilitant afin de bâtir une adhésion au projet de nation qui repose sur des raisons positives et créatives. Il faut offrir une alternative politique qui explique aux Québécois ce qu’il serait possible de faire dans un Québec indépendant. Voilà la raison d’être d’Option nationale et voilà pourquoi notre parti doit continuer son combat."
    La table est mise...qu'est-ce qu'on attend pour s'attabler et profiter enfin du régal que nous procurera notre indépendance?