Soyons honnêtes et logiques. Avec un Parti Québécois transformé et plus progressiste que jamais, mais malheureusement minoritaire par 9 sièges et donc menotté aux mains de la droite fédéraliste, à la suite de la division du vote gauchiste et souverainiste (responsable de 21 jusqu’à 25 des 69 victoires libérales ou caquistes, dans autant de comtés que le PQ était pourtant en mesure de remporter), existe-t-il encore des sceptiques concernant l’importance fondamentale du vote stratégique ?
Aussi incroyable que cela puisse paraître, la réponse est oui : d’indécrottables anti-péquistes d’abord, et pseudo-révolutionnaires ensuite !
Il n’en demeure pas moins que la question du vote stratégique et, par conséquent, de la pertinence de voter pour des mini-partis marginaux condamnés, au mieux, aux banquettes de l’opposition, se pose certainement. Surtout après un printemps érable qui aura galvanisé la colère à l’endroit du gouvernement néolibéral sortant, sans pour autant se traduire en une hausse du vote progressiste lors du dernier scrutin. Rappelons que les 3 principaux partis plus à gauche, le PQ, QS et ON ont eu toutes les difficultés au monde à franchir, ensemble, la barre des 40 %.
Étonnant ? Pas du tout. Avez-vous suivi la crise étudiante en vous informant dans les grands médias ? Non ? Dites-vous que la très majorité des gens, oui. Une écrasante majorité formatée, dans un climat de psychose sociale, à craindre inutilement les dangereux manifestants gauchistes taxés d’anarchistes qui, armés de redoutables slogans, auront, aux dires des médias, tellement mis le Québec à feu et à sang durant tout le printemps dernier, qu’on cherche encore le premier mort…
Or, triste ironie du sort, ces mêmes grands médias aussi propagandistes que sensationnalistes, auront trouvé le moyen de prendre des beaux gants blancs pour étouffer rapidement LE seul attentat terroriste, et meurtrier de surcroît, commis en 2012 au nom d’une cause politique. Bah, j’imagine qu’un vieux francophobe de droite qui vote libéral et qui décide d’aller tirer dans le tas lors d’un rassemblement péquiste, il n’y a probablement pas de quoi en faire un plat. Surtout si le meurtrier ne portait pas de carré rouge.
Au bout du compte, quand environ 95 % des grands médias font du fédéralisme et de la droite néolibérale deux dogmes irréfutables, en comptant sur une légion de faiseurs d’opinion payés pour tirer à boulets rouges sur tout ce qui bouge en direction opposée des intérêts du pouvoir établi, faut pas s’étonner de voir que le PQ, QS et ON n’ont pas récolté plus que 40 % d’appui. Et ce n’est pas près de changer. La majorité des gens plus ou moins bien informés seront toujours sensibles à la désinformation et au chantage des grands médias et du pouvoir financier.
Historiquement, même en étant moins à gauche qu’aujourd’hui, le PQ de René Lévesque ou de Jacques Parizeau, mis à part le 49 % de 1981, n’a jamais dépassé les 45 %. Bref, le temps passe, les partis gauchistes et souverainistes se multiplient en grugeant le PQ, sauf que les 2 causes, elles, n’avancent cependant pas plus pour autant. Au contraire, elles font du surplace, pour ne pas dire reculent…
Au départ, n’est-ce pas déjà ridiculement paradoxal de voir que la gauche et les souverainistes, pourtant porteurs d’un idéal collectif, sont plus divisés qu’une droite fédéraliste réactionnaire et individualiste qui n’en a que pour son nombril, « ses » Rocheuses, et ses REER ? N’est-ce pas carrément illogique et suicidaire de continuer à nous diviser si l’on considère que notre statut d’éternels minoritaires désavantagés, en termes de moyens financiers et d’influences médiatiques, devrait au contraire nous inciter depuis longtemps à nous unir pour vaincre nos puissants adversaires majoritaires ?
Alors on fait quoi ? Certains plaideront pour une coalition. J’aimerais bien voir une coalition entre le PQ, QS, ON, et même les Verts, à qui je cèderais d’office le plancher dans les comtés anglophones. Mais oubliez ça. Trop de partis différents à rassembler alors qu’une seule union entre 2 formations est déjà difficile à conclure.
Avant même de parler des conditions de l’entente, et dieu sait à quel point le diable est dans les détails, dites-vous que nous n’avons pas encore commencé à parler de plusieurs questions de fonds sur lesquelles le PQ et QS n’ont pratiquement aucun atome crochu. C’est que QS, sur les questions de langue, de laïcité, d’identité et d’immigration, pour ne nommer que quelques unes des pommes de discorde, aurait beaucoup plus de chances de s’entendre avec les libéraux puisque eux aussi prônent l’angélique laisser-aller…
D’autres fixeront la condition de changer le mode de scrutin pour voter PQ. Je veux bien. Entièrement d’accord. Sauf qu’il ne faudrait pas penser qu’adopter un mode de représentativité proportionnelle va permettre à la gauche d’être automatiquement plus représentée que la droite pour autant. Au contraire, le PQ, QS et ON ont récolté environ 40 % du vote, et le PQ (54) et QS (2) comptent 56 sièges sur 125, soit 44,8 % des sièges disponibles. La gauche est donc actuellement surreprésentée d’approximativement 4, 8 % et devrait occuper 6 sièges de moins.
Évidemment, les partisans d’ON pourraient toujours dire que leur 1,89 % du vote leur permettrait d’entrer à l’Assemblée nationale et d’occuper 2 sièges et un tiers (2,36). Disons 2 sièges et un pouf. Et j’imagine que ceux de QS pourraient vraiment commencer à rêver au pouvoir en comptant non pas 2 sièges sur 125, mais 7 sièges et demi (7,53) ! Mettons 7 sièges et un banc. À moins que Québec Solidaire, dans son infinie bonté, choisisse plutôt d’occuper à temps plein une seule moitié d’un 8 ème siège, par solidarité avec les autres mini-partis sous-représentés et les candidats indépendants sous les 1 % exclus du parlement. Il ne reste plus qu’à trouver une candidate de QS avec juste une fesse, et c’est parti mon kiki !
On retrouverait aussi les Verts avec 0,99 % du vote, pour un siège et un accoudoir (1,23). Et tout ce beau monde serait encore plus content de voir que le PQ, avec 31,95 % des voix, ne devrait pas compter plus de 39,93 des 125 sièges et perdrait par conséquent plusieurs plumes. Soit une perte arrondie à 14 sur ses 54 actuelles. Et au final, la gauche et les souverainistes augmenteraient peut-être leur offre de service, mais ça ne les empêcherait pas de perdre en représentativité totale, en passant de 56 à 50 députés. Ce qui signifie que l’opposition de la droite fédéraliste déjà majoritaire augmenterait son pouvoir en voyant son nombre de représentants passer de 69 à 75. Serions-nous plus avancés ? Je rappelle qu’il faut prendre le pouvoir pour changer la société.
Mais allez faire comprendre ça à Jean-Martin, qui aura décidé de quitter le PQ parce qu’il se disait super pressé de réaliser l’indépendance. Ce même Jean-Martin parti à la recherche d’un raccourci menant à la victoire du OUI, qui n’aura finalement rien trouvé de mieux à proposer qu’un interminable détour. Parce que c’est bien de cela dont il s’agit lorsqu’on parle de créer un nouveau mini-parti gauchiste / et ou indépendantiste afin de former un gouvernement provincial, en comptant invariablement sur un budget et des effectifs dignes d’un parti prêt à prendre le pouvoir… municipal. Pis encore… Ça dépend de la ville !
Jean-Martin aura toutefois rapidement réalisé, en perdant son temps dans son détour qui ne pouvait qu’aboutir sur un cul-de-sac électoral, le 4 septembre dernier, qu’il n’existe finalement pas de raccourci pour les gauchistes et les indépendantistes. Juste des détours que certains s’évertuent à multiplier. Car avec un maigre 1,89 % du vote, que dire d’Option Nationale si ce n’est qu’il s’agit d’un Détour National de trop et même pas d’une Option Locale, puisque ce député démissionnaire du PQ n’a pas réussit à se faire réélire dans son propre comté… Comme quoi bâtir un nouveau parti apte à diriger n’est visiblement pas plus facile que d’en réformer un déjà établi.
Au risque de me faire lancer des tomates bios par les fans de Québec Solidaire, je me pose de sérieuses questions sur la pertinence de ce parti qui, depuis l’élection de Françoise, se berce autant d’illusions que de contre-productives « partis-âneries ».
Comme, par exemple, lorsque QS s’approprie le crédit des bonnes décisions du PQ en matière d’environnement, en laissant sous-entendre que le trio péquiste de francs-tireurs écolos n’aurait eu qu’à compléter les jeux savants de Québec Solidaire en tirant dans des filets déserts, alors qu’on sait que ce trio est tout de même formé par deux des fondateurs du Parti Vert : Daniel Breton et Scott McKay !
Et que dire du discours d’assermentation littéralement triomphaliste d’Amir et Françoise qui, malgré une récolte totale de seulement 2 sièges et 6,03 % pour leur formation, pouvaient donner l’impression qu’ils venaient de gagner à la loterie électorale et qu’ils allaient former le prochain gouvernement, après avoir déclaré que QS est « là pour rester et continuera à faire élire D’INNOMBRABLES députés »… Rendu là, pas étonnant qu’Amir a également prédit que QS prendrait le pouvoir et que Françoise serait la prochaine femme à diriger le Québec.
J’aimerais bien demander à NostradAmir Khadir de consulter sa boule de cristal ou sa poche de thé équitable pour qu’il nous dise si QS, l’ex UFP, avec son gros 6,03 % en bientôt 10 ans d’existence, maintiendra son rythme infernal de 2,25 % d’augmentation depuis la dernière élection pour que Françoise puisse nous diriger avant… disons les 10 prochains scrutins. Car avec le projet du PQ d’implanter des élections à date fixe aux 4 ans, il faudra aussi songer à repousser l’âge de la retraite non pas à 67 mais bien jusqu’à 97 ans, pour éviter que notre future prochaine première ministre ne soit contrainte à siéger que dans un hospice…
Trêve de plaisanteries, au-delà du ton un peu prétentieux de QS, le principal problème de cette formation se situe principalement au niveau de l’incohérence entre sa vocation et ses actions. C’est que les bottines ne vont pas dans le sens de ce que disent les babines.
Comme lorsqu’un parti apparemment souverainiste tel que QS, à l’élection fédérale de 2011, a appuyé le NDP par solidarité progressiste en pensant pouvoir occulter que ce parti est fédéraliste d’abord, et gauchiste ensuite. Les révolutionnaires à géométrie variable du NDP, qui sont coulés du même moule que QS, se sont d’ailleurs chargés de le démontrer en refusant de condamner les décisions de droite du gouvernement Charest durant le printemps dernier. Fédéralisme oblige. Et le plus ironique dans tout ça, c’est que le NDP de Casper Mulcair, le Lousy Ghost de la grève étudiante, a ensuite refusé de leur rendre la politesse, par obligation fédéraliste envers le Rest of Canada, et a même poussé l’affront jusqu’à lancer l’idée de créer une version provinciale du NDP ! Avec des amis comme ça, QS n’a plus besoin d’ennemis. N’est-ce pas Amir ? Mais encore bravo pour avoir su réinventer l’art de se tirer dans le pied.
Le meilleur exemple de l’incohérence dangereusement contre-productive de QS est toutefois survenu lors du récent débat sur la hausse des impôts des riches au cours duquel Québec Solidaire nous aura finalement démontré qu’il n’est solidaire… que de ses propres petits intérêts.
Je n’arrive pas encore à croire que QS, champion autoproclamé de la défense des pauvres et des opprimés, a pu laisser son seul allié idéologique se faire attaquer sans arrêt pendant 3 semaines par la droite libérale et caquiste, sans même publier un seul petit communiqué. Silence radio total. Et le comble, c’est que QS a ensuite eu le culot de s’empresser de reprocher au gouvernement péquiste minoritaire d’avoir reculé face au tir groupé d’une opposition hystérique et largement majoritaire. Comme si deux joueurs de hockey décidaient d’abandonner leur équipe, en refusant de participer à la finale de la coupe Fiscale, pour ensuite s’empresser de reprocher à leurs coéquipiers d’avoir mal joué et perdu.
Et tout ça pour quoi ? Parce que QS, en se regardant le nombril, a décidé d’adopter une stratégie partisane qui consiste à ne pas trop appuyer la bonne gouvernance progressiste du PQ afin d’éviter de lui donner du crédit aux yeux de l’électorat gauchiste. Honteux. Irresponsable. Et NAVRANT, comme dirait notre super révolutionnaire à géométrie variable, Françoise David.
Cette chère Françoise qui cherche à épater la galerie souverainiste en parlant de son ancêtre Patriote, bien qu’elle n’était même pas dans le camp du OUI en 1980 et que la question nationale figure encore, pour elle et son parti, au dernier rang d’une liste de velléités appelées priorités. Pauvre ancêtre.
Remarquez qu’on retrouve également des révolutionnaires à géométrie variable ailleurs qu’en politique. On compte, par exemple, des artistes, tel que Bono, le pseudo défenseur des pauvres, qui vend ses billets à prix d’or en mettant son cash dans les paradis fiscaux. Quel surnom portent les membres du fan club de Bono le héros ? Bonne question. Je dirais : les Bonasses ?
Le genre « poser », comme diraient les anglais, est aussi présent dans les médias. Des Richard Martineau apparemment nationaliste et souverainiste, mais seulement Off the record. Ou encore des « pauvres » Simon Jodoin prétendument gauchiste… mais seulement si c’est gratis.
Et pendant que les éternels anti-péquistes d’abord, et gauchistes et / ou souverainistes ensuite continuent de bouder le PQ, le temps file. Parce que la vie, comme la politique, n’est pas un jeu vidéo où le temps est illimité. Qu’on parle de l’importance de protéger l’environnement de notre planète en danger, qu’on parle de réduire le fossé de la pauvreté, ou encore de l’importance de devenir indépendant au plus vite vu l’anglicisation du Québec à vitesse grand V, il y a péril en la demeure et urgence d’agir rapidement. Pas dans 10 ou 20 ans. Autrement, nous atteindrons des points de non retour et les fenêtres d’opportunité se refermeront, peu importe nos bonnes intentions. Time’s up : Game over.
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé