Fausse route

Cégep en français



(Québec) Le Parti québécois ferait fausse route en interdisant aux allophones et aux francophones la fréquentation des cégeps anglophones. Oui, il faut constamment protéger et faire la promotion du français au Québec. La défense de notre langue ne doit toutefois pas reposer sur un repli sur soi.
Des militants péquistes reviennent à la charge avec l'idée d'imposer le cégep en français aux allophones, aux francophones ainsi qu'aux anglophones qui n'auraient pas le droit de s'inscrire ou d'inscrire leurs descendants dans un collège anglophone. Pour eux, l'île de Montréal s'anglicise, et étendre la portée de la loi 101 aux cégeps serait une bonne façon de contrer cette tendance. La chef péquiste Pauline Marois n'a pas fait sienne cette proposition. «Je ne suis pas réfractaire, mais je veux faire une bonne évaluation», a-t-elle affirmé au dernier conseil général de son parti. Cette décision est sage.
Il n'est pas assuré en effet que l'application de la loi 101 au cégep renverserait la tendance et ramènerait les francophones dans l'île de Montréal. II est loin d'être assuré également que le français serait davantage utilisé dans les entreprises et dans les commerces de la métropole si les allophones et les francophones se voyaient interdire l'accès des collèges anglophones.
Il faut relativiser les choses. Comme l'indiquait récemment la Fédération des cégeps, les 13 000 étudiants allophones et francophones inscrits dans les cégeps anglophones (sensiblement le même nombre depuis 10 ans) ne représentent que 8 % de la population étudiante totale des collèges publics et privés. Ce seraient eux qui menaceraient le français au Québec? Toujours selon la Fédération, 60 % des allophones qui ont fréquenté l'école secondaire francophone poursuivent leurs études collégiales dans la même langue. Pour la première fois en 2007, plus de la moitié des allophones étudiaient dans un collège francophone.
Un durcissement de la loi 101 créerait assurément du mécontentement. Et pas seulement chez les allophones et dans la communauté anglophone, inquiète pour la survie de ses collèges. Bien des francophones se sentiraient aussi lésés. Pour plusieurs d'entre eux, la fréquentation d'un collège anglophone, à la suite de leur scolarisation en français, est une façon de perfectionner leur langue seconde et de mieux se préparer au marché du travail. Environ 5500 francophones font ce choix chaque année. Pourquoi leur retirer cette liberté de choix si nous ne pouvons démontrer que le français se portera mieux?
Pour contrer l'attrait du cégep anglophone, il faut que nos cégeps francophones apparaissent de plus en plus comme des lieux où les allophones et les francophones peuvent poursuivre leurs études en français, tout en perfectionnant ou en acquérant la maîtrise de l'anglais ou d'une autre langue.


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