Redonner confiance

Son refus s'apparente de plus en plus à un aveu de culpabilité.

Enquête publique - un PM complice?


(Québec) Le gouvernement Charest ne peut plus refuser la tenue d'une commission d'enquête dans l'industrie de la construction. Le rapport accablant du vérificateur général sur la gestion des contrats au ministère des Transports, le sentiment d'impuissance exprimé par les policiers de la SQ et l'inquiétude manifestée par les procureurs de la Couronne sur l'intégrité des institutions rendent maintenant l'exercice incontournable. Encore faut-il le faire correctement et ne pas créer de fausses attentes.
La tenue d'une commission d'enquête comporte toujours les mêmes défauts et les mêmes limites. Le processus est long et fort coûteux, et rien ne garantit que les recommandations formulées seront suivies et contribueront à éviter les répétitions. Une commission d'enquête n'est pas une panacée.
Les attentes sont présentement démesurées. Sur quoi va porter cette fameuse commission d'enquête dont certains ont réclamé la création dès que les comptes de dépenses de l'ancien président de la FTQ-Construction et ses supposés liens avec le crime organisé ont été dévoilés sur la place publique?
Infiltration du crime organisé dans les organisations syndicales. Allégation de collusion et de corruption dans l'octroi des contrats dans les municipalités et même doute dans l'attribution des contrats du gouvernement du Québec. Blanchiment d'argent dans l'industrie de la construction. Travail au noir dans le même secteur. Financement des partis politiques municipaux. Financement du Parti libéral, du Parti québécois et de l'Action démocratique. Rôle des firmes d'ingénieurs-conseils aux Transports. Le chantier est vaste. Beaucoup trop vaste pour une seule commission d'enquête et compte tenu que la loi sur les commissions d'enquête comporte des limites. Il faudra établir des priorités, préciser un sujet.
Le gouvernement libéral n'a cependant plus le choix d'obtempérer à la demande populaire. Son refus laisse supposer qu'il a quelque chose à cacher. Le vérificateur général a révélé la semaine dernière le laxisme et l'incompétence régnant au ministère des Transports et à l'Agence des partenariats privé-public. Certains y ont senti l'odeur de collusion et de corruption au sein de l'appareil gouvernemental. En ne faisant rien, Jean Charest conforte leur point de vue. Il mine la confiance du public à l'égard du gouvernement et des institutions.
La demande de commission d'enquête formulée par le syndicat des agents de la SQ le force aussi à revoir sa stratégie. Les enquêtes policières sont essentielles pour épingler les délinquants. Le jour où les policiers affirment qu'ils ne disposent pas de tous les outils pour mettre à jour ce qui s'apparente à un système de malversation, le gouvernement doit franchir une autre étape et se montrer déterminé à démanteler par un autre moyen le système supposément corrompu.
Certes, les libéraux ont pris des mesures pour corriger la situation. Ils comptent modifier le financement des partis politiques. Ils ont aussi présenté des projets pour resserrer les règles d'attribution des contrats. Tout ça est bienvenu mais ne fait pas le poids devant le rapport du vérificateur et une demande de commission de la part des policiers et des procureurs. La position des libéraux est d'autant plus faible que des ministres et le premier ministre lui-même ont manifesté une certaine désinvolture dans le traitement de ce dossier.
En convoquant une commission, les libéraux ne seraient pas au bout de leurs peines. Le choix du président et des commissaires ainsi que le mandat accordé seraient bien sûr l'objet de contestations. Le gouvernement enverrait cependant le signal qu'il prend les choses au sérieux, qu'il veut confirmer et rétablir l'intégrité des institutions et qu'il protège les fonds publics. Son refus s'apparente de plus en plus à un aveu de culpabilité.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé