(Québec) Dérives du dogmatisme ou L'art de l'autodestruction sont des titres qui pourraient très bien coiffer le rapport du vérificateur général sur les partenariats public-privé (PPP). Un document qui prouve qu'en cette matière aussi, le gouvernement de Jean Charest prend de dangereux raccourcis même si des fonds publics sont en jeu.
Le volet du rapport du vérificateur sur la gestion des contrats au ministère des Transports a jeté mercredi de l'ombre sur celui portant sur la vigie des projets de modernisation des centres hospitaliers universitaires de Montréal en mode PPP. Les constatations de Renaud Lachance et de son équipe sont pourtant toutes aussi choquantes et inadmissibles.
Depuis qu'il est au pouvoir, le gouvernement libéral vante les mérites des PPP. Partage de risques, évaluation plus juste des coûts, travaux moins coûteux, respect des échéanciers. La formule utilisée depuis des années en Europe comportait de nombreux mérites et le Québec devait l'intégrer à ses façons de faire.
Force est aujourd'hui de constater que les libéraux ont voulu imposer leur formule à tout prix et que leur dogmatisme risque de coûter très cher aux Québécois. Le gouvernement et sa défunte Agence des partenariats public-privé ont conclu qu'il était plus avantageux de moderniser les centres hospitaliers universitaires de Montréal en mode PPP plutôt qu'en mode conventionnel. Le vérificateur constate cependant qu'ils ont basé leur choix sur des analyses incomplètes et peu fiables. Ils ont importé l'idée des PPP, mais non tous les mécanismes qui peuvent en faire un succès pour l'ensemble des citoyens. Le mode traditionnel pourrait donc s'avérer une bien meilleure affaire.
L'Agence des PPP a ainsi estimé que la valeur d'un centre hospitalier entretenu par le secteur public diminue de 94 % en 30 ans. Ensuite, il est voué à la destruction. Le vérificateur juge irréaliste un tel indice de vétusté. Selon un examen effectué en 2000, l'indice de vétusté physique des immeubles du réseau de la santé et des services sociaux ne dépassait pas 37 % dans les pires cas. L'Agence a aussi utilisé un taux d'actualisation plus élevé (8 % au lieu de 6,5 %) pour évaluer les projets du CHUM et du Centre universitaire de santé McGill. Qui plus est, aucune expertise indépendante et critique n'a été effectuée.
Le Royaume-Uni, souvent cité en modèle, a pourtant prévu ce type de garde-fou. Finalement, ce ne sont ni les ordres professionnels, ni les organisations syndicales, ni l'opposition et ni la crise financière qui auront eu raison des PPP. Par son manque de rigueur et de sérieux, le gouvernement Charest a lui-même saboté les projets en cours. Dogmatisme, amateurisme ou perte de vue du bien commun?
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