CHUM

Christian Paire, l’homme de DALKIA

Les dés étaient-ils pipés d’avance ?

Chronique de Richard Le Hir


Suite à mon premier article sur le sujet ce matin, j’ai poursuivi mes recherches pour faire des découvertes encore plus surprenantes. En effet, je suis parvenu à établir un lien entre Dalkia et Power Corp. de la façon suivante :
Dalkia est une filiale de Suez-Environnement et EDF (Voir) http://www.tradingsat.com/actu-bour....
Suez Environnement est une filiale de GDF-Suez.
GDF-Suez est en partie détenue par Pargesa
Pargesa appartient à 50% à Power Corp.

Le processus d’appel d’offres pour la construction soulève donc dès le départ un problème de transparence parce que cette information qui n’est pas tout à fait dénuée d’intérêt au Québec n’a pas été fournie.
Mais les problèmes ne s’arrêtent pas là, tant s’en faut.
Le 27 mai 2009, le CHUM annonçait la nomination de Christian Paire à titre de directeur général :
« Le président du conseil d’administration du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM), Me Patrick A. Molinari, annonce la nomination de monsieur Christian Paire au poste de directeur général. Le conseil d’administration de l’établissement a entériné aujourd’hui la recommandation unanime du comité de sélection mis sur pied à l’automne 2008 à la suite de la démission de l’ancien directeur général.
« Nous avons examiné plusieurs candidatures remarquables. De par sa très grande expérience en gestion du changement au sein de plusieurs centres hospitaliers universitaires, le leadership dont il a fait la démonstration depuis le début de sa carrière ainsi que les multiples réalisations à son crédit, monsieur Paire s’impose comme le meilleur candidat pour diriger le CHUM, assurer la transition et gérer l’avènement du CHUM de demain » affirme Me Molinari. »
« M. Paire occupe depuis 2002 le poste de directeur général du Centre hospitalier universitaire de Rouen qui emploie plus de 8 000 employés, dont plus de 800 médecins, qui compte 2 500 lits, répartis sur cinq sites principaux, et qui dispose d’un budget d’opération de 550 millions d’euros. Il entrera en fonction graduellement d’ici quelques semaines pour assumer pleinement, dès septembre prochain, un mandat d’une durée de quatre années, renouvelable. »

Jusque là tout va bien. Puis le gouvernement Charest annonce à grands coups de trompette autocongratulants le lancement d’appels d’offres pour la construction du CHUM en mode PPP alors que le vérificateur général est même intervenu pour dire que ce n’est pas la voie à privilégier.
La semaine dernière, coup de théâtre, le gouvernement annonce qu’un seul soumissionnaire européen demeure en lice à l’issue de l’examen des appels d’offres et que le contrat est donc adjugé au consortium dont fait partie Dalkia à titre de partenaire-gérant. Et deuxième coup de théâtre, les travaux débutent le jour même. À l’heure qu’il est, ils sont en cours.
Mais ce que le gouvernement et le CHUM ont omis de divulguer comme ils auraient dû le faire en toute transparence, c’est que Christian Paire entretient depuis très longtemps des liens avec Dalkia, au point où l’on retrouve sa photo dans un rapport annuel de Veolia (la société-mère de dalkia) de 2005, suivie de son témoignage dithyrambique sur les capacités de Dalkia.
Voici ce témoignage :


« Avec Dalkia, c'est une success story qui dure depuis 30 ans ! Nous travaillons dans une relation de partenariat gagnant-gagnant basée sur la confiance et la durée. À mon sens, l’un des grands mérites de Dalkia tient à sa capacité à évoluer, à prendre en compte
les transformations de nos besoins et de notre environnement. Ce qui est important, c'est la manière dont nous percevons, chez notre partenaire, l'écoute de nos préoccupations.
D'ici quatre à cinq ans nous compterons 400 nouveaux lits et nous avons entrepris la construction de 37 000 m2 complémentaires. Après mise en concurrence, nous avons retenu à nouveau Dalkia, pour plusieurs raisons. D'abord pour la pertinence de sa
proposition qui répondait tout à fait à notre programme fonctionnel. Ensuite pour l'excellente qualité de ses prestations qui nous garantit une alimentation électrique sûre et une maintenance de haut niveau. Enfin pour ses performances économiques :
une partie de l'énergie produite par la nouvelle unité de cogénération sera revendue à l'Hôtel de région de Rouen, à la Faculté de médecine, à des offices HLM, autant de partenaires extérieurs avec lesquels nous entretenons des liens très étroits.
Ces ventes vont nous permettre d'augmenter notre surface pratiquement à coût constant.
Autres points importants à nos yeux : le développement durable, intégré à notre projet d'établissement, et le respect de la réglementation environnementale et sanitaire, inscrite
au cahier des charges de notre appel d'offres. Nous savons que Dalkia, là aussi à la pointe de l'innovation, peut nous accompagner. »
« Un partenariat gagnant-gagnant sur la durée
Le CHU de Rouen, huitième CHU français, emploie 8 000 salariés sur cinq sites et compte 1 300 lits et 300 000 m2. Via plusieurs contrats depuis 1973, Dalkia y a pris en charge la production d'eau chaude sanitaire, de chaleur et de froid, la climatisation et la ventilation, le gros entretien des installations thermiques et des groupes électrogènes ainsi qu'un réseau de chaleur construit en 1990, auquel se sont ensuite raccordés la Faculté de médecine et l'Hôtel de région. Le CHU de Rouen a décidé de construire 37 000 m2 et de se doter de 400 nouveaux lits d'ici 2010. En 2005, Dalkia a remporté l'appel d'offres pour réaliser une nouvelle centrale de cogénération, sécuriser le secours électrique en remplaçant les trois groupes électrogènes de la centrale de secours, et améliorer la chaufferie (automatisation, création d'un récupérateur sur une chaudière).

Avouez que c’est quand même troublant. Christian Paire est un partenaire et associé de Dalkia depuis des années, et comme par « hasard », c’est Dalkia qui est sélectionnée pour gérer le CHUM en PPP. C’est incroyable comme le « hasard » fait bien les choses.
Alors la question se pose, le processus d’appel d’offres était-il truqué et son issue scellée d’avance ? M. Charest, qu’avez-vous à dire à ce sujet ?
Ça pue, ça pue, c’est effrayant comme ça pue !


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8 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    3 avril 2015

    Étant moi même salarié de Dalkia au chu je confirme les lien plus qu'etroit

  • Jos Guy Répondre

    4 mars 2011

    À côté de ça, l'émission Enquête de Radio-Gesca est du détournement, du spectacle pour la plèbe.
    C'est évidemment la tactique à John James Charest qui ressemble en tout point à la guerre éclair d'Hitler.
    Vite fait bien fait, ya pas de r'venez-y!

  • Archives de Vigile Répondre

    3 mars 2011

    Une fois de plus vous mettez en évidence le rouage quelque peu secret du futur consortium du CHUM de Montréal. Dans le but d’aider notre « chère opposition péquiste », j'ai fait parvenir vos deux textes à M. Jean-Martin Aussant, espérant qu'il en prendra bonne note et qu'il interviendra pour arrêter cette hémorragie financière.

  • Archives de Vigile Répondre

    2 mars 2011

    Propos de M. Paire extraits d'un site web cité dans votre texte:
    «Ce qui est important, c’est la manière dont nous percevons, chez notre partenaire, l’écoute de nos préoccupations.»
    Comme chef du CHU de Rouen, c'est fort possible que M. Paire ait collaboré souvent, comme "partenaire", avec Dalkia. Est-ce que M. Paire, comme vous écrivez, est un "associé" de Dalkia ? Pas sûr.

  • Stéphane Sauvé Répondre

    2 mars 2011

    Encore une fois merci M. Le Hir, vous êtes un "vrai".
    Reste maintenant à trouver la facon de se débarasser des sangsues qui se multiplient dans les marais de Sagard.

  • Archives de Vigile Répondre

    2 mars 2011

    Excellent travail d'enquête M. Le Hir. Je vous invite à garder des copies de ce genre de documents corporatifs... C'est le genre de choses qui tend à disparaître...

  • Archives de Vigile Répondre

    2 mars 2011

    Bon, dit en toute confidentialité sur Vigile.net, c'est intéressant, mais la question, elle doit être posée par Mme Marois à l'Assemblée nationale! ...'ce pas?

  • Archives de Vigile Répondre

    2 mars 2011

    C'est sans doute ainsi que les choses se passaient en Tunisie et en Égypte.
    Mais oups ! nous sommes en démocratie ici et parler ainsi déplaira à madame Bombardier, cette Capitaliste de gauche comme il y en a tant au Québec.