Prendre le "crachoir", attirer les "kodaks", pousser des gueulantes, Stéphane Gendron, ci-devant maire de Huntingdon, ne déteste pas toujours faire le clown. Cette fois-ci, c'est la loi 101. On se croirait revenus au Bill 63 de feu Jean-Jacques Bertrand, par hasard député du comté voisin, qui à la fin des années soixante voulait québéciser la nouvelle loi canadienne des langues officielles de Pierre Elliott Trudeau. Quel "chiard"! Le mouvement social avait tenu le Québec en haleine pendant plusieurs semaines. C'est la loi 22 de Robert Bourassa et surtout la loi 101 du docteur Laurin qui a tout balancé par dessus bord. Enfin, ce territoire allait être français.
Telle que votée à l'origine, la loi 101 était d'une clarté aveuglante. La Charte de la langue faisait du français la langue de la législation, de l'administration et de l'ensemble des rapports dans la société. Le français était la langue nationale, officielle et commune à tous les habitants du Québec. Mais la langue anglaise était protégée pour la minorité historique anglaise du Québec à travers ses institutions culturelles, scolaires, sanitaires et municipales. De plus, sur demande individuelle, tout citoyen de langue anglaise pouvait être servi dans sa langue dans les services publics.
La Cour suprême du Canada a tôt fait de tout déchiqueter. Elle a réimposé l'anglais dans la législation, l'administration de la justice et l'affichage commercial. Elle a permis aux riches d'acheter le droit constitutionnel de fréquenter l'école anglaise. Etc. Etc. Bref, ce que la loi 101 avait cassé, la spirale de l'assimilation, la Cour suprême l'a restauré. Depuis on voit les phénomènes d'antan revenir. Et les indicateurs s'inverser à nouveau. Le temps fait maintenant son oeuvre. Le Bill 63! disions-nous.
"Une loi raciste" dit Gendron. "Une loi discriminatoire" ajoute-il en reprenant les mêmes mots que nous servaient à l'époque les présidents d'Alliance-Québec. Notamment William Johnson. Sait-il que 25 États des États-Unis ont une politique linguistique? Pour protéger l'anglais dans un continent qui en compte 300 millions de locuteurs? Est-il conscient que 122 pays dans le monde ont des législations pour valoriser leurs langues nationales? Comment se fait-il que si c'est un peuple français de 8 millions d'habitants, comptant pour 2% de locuteurs sur son continent, qui se donnant une politique linguistique soit accusé d'un des pires maux de la terre... par un des siens?
En 1977, le Québec s'est pris pour un peuple normal. Il a légiféré sur sa langue comme la majorité des peuples l'ont fait. Mais il n'est pas un peuple normal. La Cour suprême du Canada le lui a rappelé. Il est une province occupée. Et c'est la nation occupante qui ultimement décide. En matière de langue comme en toute matière d'ailleurs. Et Stéphane Gendron a intégré cette réalité. Non seulement véhicule-t-il les mêmes arguments. Mais il en éprouve le même mépris. Celui que toutes les nations dominantes éprouvent à l'endroit des nations qu'elles dominent. Cette alinéation est un produit obligé du colonialisme.
Stéphane Gendron a voulu faire le clown. Mais il s'est découvert colonisé.
Faire le clown et se découvrir colonisé
Stéphane Gendron a voulu faire le clown. Mais il s'est découvert colonisé
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