Le nouveau commissaire de l’UPAC n’aura pas à s'expliquer sur les raisons qui l’ont poussé à abandonner l’enquête sur l’importante fraude immobilière présumée impliquant des collecteurs de fonds libéraux.
« Je fais confiance au commissaire, je fais confiance aussi à son discernement. S’il juge qu’il ne peut pas donner davantage d’informations, on tient pour acquis que c’est parce que c’est le cas », a commenté la ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, à l’Assemblée nationale mardi.
Mme Guilbault fait valoir que questionner le patron de l’UPAC en commission parlementaire serait délicat. « Il y a toutes sortes d’informations qu’on ne peut pas dévoiler, sur les techniques d’enquête, sur les enquêtes elles-mêmes », souligne-t-elle.
La ministre rappelle que Frédérick Gaudreau, en poste depuis le début du mois d’octobre, a hérité des dossiers d’enquêtes qui avaient été pilotés par son prédécesseur, Robert Lafrenière.
Scandale immobilier
Vendredi dernier, l’UPAC a annoncé, par voie de communiqué, qu’elle mettait un terme à l’enquête Justesse, qui durait depuis près de 10 ans.
« Les conditions ne sont effectivement pas réunies pour aller plus loin et soumettre une demande d’intenter des procédures au Directeur des poursuites criminelles et pénales », écrivait l’UPAC dans un communiqué laconique.
L’enquête Justesse visait les collecteurs de fonds du Parti libéral du Québec Franco Fava, William Bartlett et Charles Rondeau, de même que l’ex-patron de la SIQ, Marc-André Fortier. L’UPAC les soupçonnait d’avoir commis des transactions immobilières frauduleuses à la Société immobilière du Québec entre 2004 et 2007 qui leur aurait permis d’empocher des commissions secrètes de plus de 2 millions$.
Legault veut des explications
Les commentaires de Mme Guilbault tranchent avec la réaction du premier ministre François Legault, vendredi dernier. L’UPAC ne peut pas se contenter d’une simple explication par voie de communiqué, indiquait-il. « Il semblait y avoir des preuves à la Société immobilière, de corruption », avait-il rappelé.
« Il va falloir demander à l’UPAC d’avoir un peu plus les raisons de pourquoi on est arrivé à cette conclusion-là, mais je suis surpris », avait-il affirmé.
Revoir la formation
La ministre Guilbault déposera, très bientôt, un livre vert afin de moderniser la police. Ce pourrait être l’occasion, notamment, pour l’UPAC de revoir les formations nécessaires pour ses policiers.
« J’ai l’impression que l’UPAC sera intéressée à prendre part à cette consultation-là, bien sûr, souligne-t-elle. Donc, si la formation est un point qu’ils souhaitent aborder et qu’ils jugent pertinent d’aborder, ça pourra se faire dans le cadre de la consultation. »