L'élection d'un député de Québec solidaire dans la circonscription de Mercier lors de la dernière élection est une bonne nouvelle pour le Parti québécois, une très bonne nouvelle. L'arrivée d'Amir Khadir à l'Assemblée nationale nous envoie un signal que nous ne pouvons ignorer. Soit, nous avons augmenté significativement notre représentation ainsi que notre appui populaire. En ce sens, la soirée du 8 décembre 2008 est une victoire pour le Parti québécois. Soyons honnêtes et admettons toutefois que nous sommes ébranlés par cette brèche ouverte dans notre cuirasse. Aujourd'hui Mercier, demain Gouin? Sainte-Marie-Saint-Jacques?
Depuis maintenant plus de 30 ans, le Parti québécois était le seul parti politique québécois à occuper le champ souverainiste, le seul à réellement valoriser l'intervention de l'État dans la direction politique, économique et sociale du Québec. Les militants du Parti québécois doivent l'admettre, cet état de fait nous a placés dans une situation de confort nuisible à l'atteinte de notre idéal. Étant sans opposition fratricide, nous avons cru détenir un monopole sur nos idées. En nous faisant propriétaires de ces idées, nous avons cessé de les développer, de les remettre en question, de les ressasser. Nous nous sommes complu dans le statu quo en attendant le bon moment. Ce moment n'arrivera pas si nous ne le provoquons pas.
Faire ses devoirs
Deux solutions s'offrent aux membres du Parti québécois. Nous satisfaire de notre statut d'opposition officielle retrouvé en nous disant que l'alternance du pouvoir nous redonnera les rênes de l'État dans un avenir rapproché ou nous remettre en question en tant que parti. Nous adhérons au Parti québécois parce que nous savons qu'il s'agit d'un parti d'idées, un parti de débats et surtout une coalition d'indépendantistes. Agissons en conséquence. Les Québécois viennent de nous donner quatre à cinq années pour faire nos devoirs, utilisons-les à bon escient.
Tout repenser
Nous devons, durant cet intervalle, nous atteler à la tâche colossale qui consiste à repenser notre idée de la social-démocratie, mais surtout ce qu'est le projet de l'indépendance du Québec. La mise en veilleuse de la tenue d'un éventuel référendum ne nous invite pas à la sieste du repu. Elle nous oblige à redoubler d'ardeur pour s'assurer que la question de l'indépendance du Québec redevienne le pilier central du débat politique québécois autour duquel s'articulera un projet de société que nous devrons présenter à la population québécoise lors des prochaines élections.
Les Québécois nous ont donné les mandats les plus forts de notre histoire lorsque nous leur avons montré l'aplomb que nous mettions dans la réalisation de nos projets. L'actualité du nationalisme à l'échelle mondiale ne fait aucun doute. La remise en question du modèle économique prédominant non plus. Saisissons-nous de ces vecteurs pour redonner aux Québécois le goût de croire en nous. Redonnons-leur l'enthousiasme, la fierté qu'ils avaient lorsqu'ils votaient pour leur parti, pour le Parti québécois.
Pour réaliser cette tâche, nous ne devrons faire l'économie d'aucun débat. Si nous souhaitons présenter un projet de société crédible à la population, nous devons avoir une réflexion plurielle. Celle-ci doit inclure les électeurs qui ont choisi, au cours des dernières années, l'option de l'Action démocratique du Québec, du Parti libéral du Québec et de Québec solidaire. En demeurant résolument
sociaux-démocrates et indépendantistes, nous devons repenser ces concepts, leur redonner une substance. Aujourd'hui, le fardeau de la preuve est sur nos épaules. Redressons l'échine et ouvrons, à l'aide d'idées, de propositions et d'audace, la voie vers le pays que nous chérissons.
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Renaud Plante, Membre du Parti québécois. Étudiant en droit à l'Université de Montréal
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