Il n’est pas lieu ici de faire une longue étude, mais comme il traîne une fausse information selon laquelle les Anglais nous auraient affublés du nom de « Canadiens-Français » pour mieux nous humilier, je crois nécessaire de remettre certaines pendules à l’heure.
On le sait de par les sources, maintenant numérisées, le nom de Canadiens ou Canadois fut d’abord attribué aux Premiers Peuples. Avec le temps, un enracinement toujours plus grand amena nos ancêtres à se nommer eux-mêmes Canadiens dès la fin du 17e siècle. Entre eux, « Canadiens » signifiait « Français du Canada », les Français qui y sont nés. Mais en regard des autres et à l’écrit, il fallut très vite nommer notre identité de manière plus précise.
Si donc Marie de l’Incarnation utilisa « François-Canadois » dès 1666 (et avant elle, dans une lettre de 1648 adressée au Père Lallemant on retrouve déjà « François-Canadiens »), le Père Hennepin, utilise peut-être pour la première fois, la forme de « Canadiens-François » en 1704. Un usage qui ne cessera plus par la suite.
Les vocables « Français-Canadiens » ou « Canadiens-Français » se retrouvent donc dans notre histoire et notre littérature depuis l’origine et ne relèvent en rien d’une quelconque invention anglaise.
Autrement dit, cette forme longue de notre dénomination nationale a toujours eu cours, et ce, de manière largement prédominante de 1840 au tournant des années 1970.
Depuis les pétitions de la fin du 18e siècle, en passant par les écrits de Papineau, de Lafontaine, d’Henri Bourassa, de Groulx, dans le rapport Tremblay, et jusqu’aux déclarations d’État de Lesage ou de Johnson père, c’est naturellement qu’on fera référence aux Canadiens-Français et à la sauvegarde de leur nation. Une sauvegarde pour laquelle les États généraux de 1967 entendront faire reconnaître le Québec comme État des Canadiens-Français. Partis de rien en 1763, les Canadiens-Français auront ainsi presque réussi à relever un État national directement tributaire du Canada de la Nouvelle-France.
Demeurer Canadiens-Français est précisément ce qui nous aura permis de maintenir notre distinction nationale et de nous battre pour nos droits propres. Notre nom séculaire est ce qui nous a permis de ne pas nous fondre dans une masse canadienne toujours plus cosmopolite.
Or, après 50 ans d'usage, qu’en est-il du nom de « Québécois » ? Pourquoi devoir ainsi se fondre dans la masse toujours plus anglophone de ce foutu peuple québécois?
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15 commentaires
Normand Bélair Répondre
4 décembre 2021Monsieur Verrier,
Encore un autre texte de déblatération sans fin pour nous garder petit peuple minoritaire. Qu’est-ce que ça donne tenter de dialoguer avec vous, vous ne faite qu’un grand et long monologue pour justifier, l’injustifiable. Depuis deux semaines, on vous pose des questions très précises et JAMAIS une seul fois, vous osez répondre. Vous repartez pour nous raconter la gloire et le prestige d’une nominatif qui n’en a pas. Vous ne répondez pas aux questions qu’on vous pose. Vous évitez le fond du sujet. Tiens, voici un sujet dont vous évitez :
« Si tu veux aller aux sources, nous sommes des Français. Il est là le vrai terme. Tu veux le 2e terme choisi volontairement? Oui Canadien. Tu veux la réalité d’aujourd’hui? Québécois.
Mais de grâce, doux Seigneur, épargne-nous la honte et l’humiliation totale avec ce Canadien-français infligé sur nous par le peuple dominateur, les Anglais. »
Hmmm. Pourquoi vous ne parlez pas de ces nominatifs, pourtant ils sont les vrais nominatifs que nous avions. Français, ensuite Canadien par choix et ensuite, par choix, Québécois. Mais non, vous partez dans une diatribe sans fin sur la grande qualité du nom baptisé par les autres. Vous ne parlez pas, vous monologuez. Et pour la source de référence : The Lord Durhams Report, page 149-150. Ici vous allez trouver toutes les réponses sur le sujet de qui a nommé qui, de quoi.
Tiens voici un autre exemple :
Hmmm. Qu’avez-vous à dire sur ce point spécifique? Vous n’avez même pas tenté d’y répondre. Montrez-nous comment la grande gloire et le prestigieux titre avec lequel vous voulez nous affliger est meilleur que le terme Canadien ou Québécois. Faites-nous CETTE démonstration.
Un autre? Tiens :
On vous attend pour dialoguer, pas vous entendre réciter votre contenu mythique du supposé parti canadien-français. En utilisant ce terme avez-vous, OUI ou NON plus ou moins de droits que les Amérindiens?
Vous mettez toujours en doute, vous refusez d’accepter la réalité des différents moments de notre histoire. Tiens un autre exemple :
Qu’avez-vous à dire sur ceci? Rien? Non seulement qu’on n’utilisait pas encore le terme péjoratif dont vous vous gavez, quelques années plus tard (1818-20) notre cher Sir Georges-Étienne Cartier (un de nos plus beaux traitres) dans un de ses beaux discours fleuves, suite à son revirement de chemise sur le sujet d’union, ose nous nommer : « les bas-canadien-français »! Édifiant.
Quand on vous demande votre opinion sur …
… vous n’avez rien à dire sur cette partie de notre histoire? On a beau tenter par tous les moyens, vous évitez toujours le fond du sujet.
Avez-vous répondu à ces questions?
« Quand Lord Durham en 1839, à la suite des Rebellions de 37-38, nous a nommé des French-Canadians, est-ce qu’au même moment, il a nommé son peuple English Canadian?
Non? Pourquoi pas?
Pourtant le peuple anglophone faisait la même chose que les Français avait fait un siècle et demi avant, non? Ils faisaient de la colonisation. Pourquoi n’a-t-il pas nommé son peuple comme le nôtre, English-Canadian?
Eux se nommaient English, British, Canadian. »
Hmmm. Rien à dire? Vous ne voulez pas en dialoguer? Si c’est faux ce que j’avance alors je vous demande de nous nommer qui est cette personne, quel est l’évènement qui nous consacre du terme péjoratif de « Canadien-français » ? Qui est cet individu? Dites-le-nous, car il mérite certainement un jour férié à son honneur. Une parade peut-être? Qui est ce mystérieux personnage? Dans les textes, le seul vrai moment que je retrouve ce terme est effectivement dans le Rapport Durham et en plus il explique le pourquoi du terme. Car nous sommes inférieurs, donc pas pleinement Canadien.
« On ne peut pas laisser les autres dessiner les frontières de notre destinée.»
Savez-vous ce que ceci veut dire? Vous en avez des noms qui déjà décrivent qui nous sommes et vous voulez prendre le pire, celui qui nous procure le moins de droits, celui qui est le moins reconnu, celui qui nous a prouvé dans le passé, que nous n’aboutissons à rien en utilisant ce terme. La preuve est là. On a tenté cette appellation est ce fut un gros échec. Rien n’a jamais ressorti avec cette appellation doublée.
Avec le terme Canadien, on a gagné quelques points sur notre religion est le droit en 1791; et ensuite les Québécois ont obtenu la loi sur les langues officielles en 1968. Entre les deux, rien, le néant!
En plus de nous faire porter un rêve que même nos ancêtres n’ont pas eu; aucun Français colonisateur est venu ici pour devenir Canadien-français.
«Aucun. La source de qui nous sommes se retrouve chez le Français en nous, chez le Canadien déchu ou le Québécois.»
Encore, rien à dire sur ceci spécifiquement? Hmmm? Vous passez votre temps à nous faire les louanges d’un terme que nous n’avons pas choisi volontairement, qui ne nous a jamais rien donné, qui ne nous donne rien, encore aujourd’hui, c’est la même chose. C’est le vide complet, ce terme. Ça ne rime strictement à rien. Sinon, si vous n’êtes pas d’accord, EXPLIQUEZ-NOUS spécifiquement les points suivants: le terme n’a pas de légalité; n’est pas reconnu, nulle part; n’a jamais apporté un changement au niveau de notre langue et notre statut. Parlez-nous des gains obtenus depuis le temps que ce terme a été présent au Canada. Allez, on vous écoute. Adressez chacun de ces points.
Je crois que je vais arrêter ici car il semble que je parle tout seul. Je pensais sincèrement que nous aurions pu arriver à mieux se comprendre, mais ça ne semble pas le cas. Une chose demeure, je ne termine pas ma vie avec cette fausse désignation, je vais rester Québécois jusqu'à la fin.
Normand Bélair Répondre
4 décembre 2021Madame Doucet,
Je comprends très bien votre attachement pour le terme péjoratif de « Canadien-français ». Je comprends car nous aussi dans notre famille on utilisait ce terme dénigrant. Mais un jour j’ai compris le pourquoi du terme et comment je ne pourrais jamais être un Canadien comme les autres. J’étais regardé de haut par les vrais « Canadians », ceux qui nous avaient volé notre désignation.
Votre haine viscérale pour le Québec est palpable. Ça crève l’écran. C’est assez troublant de voir tant de haine se manifester contre qui nous sommes, les Québécois. Et pourtant c’est bien vous qui dites : « plus vous vous évertuez à faire l'apologie de la Québécitude, plus vous faites la preuve que celle-ci est fondée sur le déni »
Vous parlez de déni? Qui fait le plus gros du déni, si pas vous? À l’origine, nos ancêtres, nos racines, nos origines sont françaises. Une fois sur place et pour une période de 150 ans, nous avons tranquillement adopté le terme Canadien. Tous nos ancêtres sont passé par la ville de Québec à partir de 1601. Voilà nos origines. C’est seulement plus tard, beaucoup plus tard, lors de l’arrivée des Anglais, que le terme « French-Canadian » apparaît. Alors si vous revendiquez tant vos origines, et vous nous dites qu’il est important de connaître nos ancêtres alors choisissez un terme qui fait justement ça. Vous prétendez respecter nos ancêtres en utilisant un terme donné par les Anglais? C’est ça, respecter nos ancêtres? Vous ne pouvez pas effacer tous ce qui est venu avant l’arrivée des Anglais. Notre histoire ne commence pas là.
Donc votre revendication, selon vos dires, de qui nous sommes doit porter sur un des termes suivants : Français, François, Canadois ou Canadien. Voilà vos choix. Voilà qui nous sommes si vous voulez respecter nos ancêtres. Et pourquoi pas Canadois? Ça définit bien ce que nous sommes, non? En plus, c’est joli. Ou tiens pourquoi vous ne revendiquez pas Canadien? Ça ne vous tente pas de faire la chose honorable et allez négocier avec les « Canadians » le titre qui vous revient d’office? Pourtant il est beaucoup plus juste d’utiliser un de ces terme que d’utiliser un nom donné par nos Conquérants, non? Tiens, même si ce n’était pas les Anglais qui nous ont baptisé ainsi;(disons que vous avez raison), pour quelle raison je dois prendre une appellation APRÈS les origines de qui je suis? Pourquoi choisir un terme « en-cours-de-route »? Du déni, de vos racines? Les Français ne sont pas venus ici pour devenir des « Canadien-français ». C’est tout simplement faux.
Alors, vous l’a faites la revendication auprès de l’autre nation, les « Canadians » pour obtenir votre titre d’appellation de Canadien? Ça ne me dérange pas moi, si vous êtes capable d’obtenir notre nom d’origine, alors volontiers j’y suis, et appelons-nous tous des Canadiens. Non, vous dites? Je vous comprends, ce n’est pas une tâche facile de revendiquer une telle chose. C’est justement la raison pour utiliser un terme de nos origines; québécois. Voilà un terme, là depuis le tout début de la colonie, un terme légal, reconnu et utilisé par tous en sachant exactement ce que ce terme veut dire. Même les anglophones et les immigrants savent exactement à quoi ceci fait référence. Je me donne un territoire, une capitale, un gouvernement, une légalité et une identité. Limpide, simple, clair et respect de nos origines.
Pouvez-vous en faire autant avec le statut que vous revendiquez? Oui ou non?
Normand Bélair Répondre
3 décembre 2021Monsieur Verrier,
Encore un autre texte de déblatération sans fin pour nous garder petit peuple minoritaire. Qu’est-ce que ça donne tenter de dialoguer avec vous, vous ne faite qu’un grand et long monologue pour justifier, l’injustifiable. Depuis deux semaines, on vous pose des questions très précises et JAMAIS une seul fois, vous osez répondre. Vous repartez pour nous raconter la gloire et le prestige d’une nominatif qui n’en a pas. Vous ne répondez pas aux questions qu’on vous pose. Vous évitez le fond du sujet. Tiens, voici un sujet dont vous évitez :
« Si tu veux aller aux sources, nous sommes des Français. Il est là le vrai terme. Tu veux le 2e terme choisi volontairement? Oui Canadien. Tu veux la réalité d’aujourd’hui? Québécois.
Mais de grâce, doux Seigneur, épargne-nous la honte et l’humiliation totale avec ce Canadien-français infligé sur nous par le peuple dominateur, les Anglais. »
Hmmm. Pourquoi vous ne parlez pas de ces nominatifs, pourtant ils sont les vrais nominatifs que nous avions. Français, ensuite Canadien par choix et ensuite, par choix, Québécois. Mais non, vous partez dans une diatribe sans fin sur la grande qualité du nom baptisé par les autres. Vous ne parlez pas, vous monologuez. Et pour la source de référence : The Lord Durhams Report, page 149-150. Ici vous allez trouver toutes les réponses sur le sujet de qui a nommé qui, de quoi.
Tiens voici un autre exemple :
Hmmm. Qu’avez-vous à dire sur ce point spécifique? Vous n’avez même pas tenté d’y répondre. Montrez-nous comment la grande gloire et le prestigieux titre avec lequel vous voulez nous affliger est meilleur que le terme Canadien ou Québécois. Faites-nous CETTE démonstration.
Un autre? Tiens :
On vous attend pour dialoguer, pas vous entendre réciter votre contenu mythique du supposé parti canadien-français. En utilisant ce terme avez-vous, OUI ou NON plus ou moins de droits que les Amérindiens?
Vous mettez toujours en doute, vous refusez d’accepter la réalité des différents moments de notre histoire. Tiens un autre exemple :
Qu’avez-vous à dire sur ceci? Rien? Non seulement qu’on n’utilisait pas encore le terme péjoratif dont vous vous gavez, quelques années plus tard (1818-20) notre cher Sir Georges-Étienne Cartier (un de nos plus beaux traitres) dans un de ses beaux discours fleuves, suite à son revirement de chemise sur le sujet d’union, ose nous nommer : « les bas-canadien-français »! Édifiant.
Quand on vous demande votre opinion sur …
… vous n’avez rien à dire sur cette partie de notre histoire? On a beau tenter par tous les moyens, vous évitez toujours le fond du sujet.
Avez-vous répondu à ces questions?
« Quand Lord Durham en 1839, à la suite des Rebellions de 37-38, nous a nommé des French-Canadians, est-ce qu’au même moment, il a nommé son peuple English Canadian?
Non? Pourquoi pas?
Pourtant le peuple anglophone faisait la même chose que les Français avait fait un siècle et demi avant, non? Ils faisaient de la colonisation. Pourquoi n’a-t-il pas nommé son peuple comme le nôtre, English-Canadian?
Eux se nommaient English, British, Canadian.»
Hmmm. Rien à dire? Vous ne voulez pas en dialoguer? Si c’est faux ce que j’avance alors je vous demande de nous nommer qui est cette personne, quel est l’évènement qui nous consacre du terme péjoratif de « Canadien-français » ? Qui est cet individu? Dites-le-nous, car il mérite certainement un jour férié à son honneur. Une parade peut-être? Qui est ce mystérieux personnage? Dans les textes, le seul vrai moment que je retrouve ce terme est effectivement dans le Rapport Durham et en plus il explique le pourquoi du terme. Car nous sommes inférieurs, donc pas pleinement Canadien.
«On ne peut pas laisser les autres dessiner les frontières de notre destinée.»
Savez-vous ce que ceci veut dire? Vous en avez des noms qui déjà décrivent qui nous sommes et vous voulez prendre le pire, celui qui nous procure le moins de droits, celui qui est le moins reconnu, celui qui nous a prouvé dans le passé, que nous n’aboutissons à rien en utilisant ce terme. La preuve est là. On a tenté cette appellation est ce fut un gros échec. Rien n’a jamais ressorti avec cette appellation doublée.
Avec le terme Canadien, on a gagné quelques points sur notre religion est le droit en 1791; et ensuite les Québécois ont obtenu la loi sur les langues officielles en 1968. Entre les deux, rien, le néant!
En plus de nous faire porter un rêve que même nos ancêtres n’ont pas eu; aucun Français colonisateur est venu ici pour devenir Canadien-français.
«Aucun. La source de qui nous sommes se retrouve chez le Français en nous, chez le Canadien déchu ou le Québécois.»
Encore, rien à dire sur ceci spécifiquement? Hmmm? Vous passez votre temps à nous faire les louanges d’un terme que nous n’avons pas choisi volontairement, qui ne nous a jamais rien donné, qui ne nous donne rien, encore aujourd’hui, c’est la même chose. C’est le vide complet, ce terme. Ça ne rime strictement à rien. Sinon, si vous n’êtes pas d’accord, EXPLIQUEZ-NOUS spécifiquement les points suivants: le terme n’a pas de légalité; n’est pas reconnu, nulle part; n’a jamais apporté un changement au niveau de notre langue et notre statut. Parlez-nous des gains obtenus depuis le temps que ce terme a été présent au Canada. Allez, on vous écoute. Adressez chacun de ces points.
Je crois que je vais arrêter ici car il semble que je parle tout seul. Je pensais sincèrement que nous aurions pu arriver à mieux se comprendre, mais ça ne semble pas le cas. Une chose demeure, je ne termine pas ma vie avec cette fausse désignation, je vais rester Québécois jusqu'à la fin.
Gilles Verrier Répondre
3 décembre 2021À Marc Labelle, Normand Bélair et quelques autres,
Vous reprenez l’idée que la nation canadienne et la nation canadienne-française sont en opposition, la première authentique et la seconde imposée par les Anglais pour nous humilier. En l’absence de toute preuve concluante, vos affirmations sont grandement contestables. Et puis après ? À quoi rime votre initiative pour discréditer la nation canadienne-française ? À vous lire, on comprend que c’est la défense de l’identité québécoise qui vous motive et non la récupération de notre identité première, authentique, que vous louez, mais sans aucune volonté de la récupérer. C’est consentir à l’usurpation et au vol de ne pas réclamer du Canada qu’il se trouve un autre nom pour reprendre le nôtre, Canadien. Il y aurait lieu d’étayer cette idée et de la mettre en mouvement. Comme nom propre, une règle, notre gentilé ne peut être traduit dans une langue étrangère. L’enjeu est de taille, mais il aurait le mérite de remettre la question nationale sur ses fondements historiques et d’en éclairer la finalité, qui vise à annuler les effets de la Conquête. Le English-Canada, c’est le nom composé avec lequel le Canada actuel pourrait finir, n’est-ce pas ? Mais les ambitions nationales des Québécois n'ont pas cette envergure, c'est clair.
Une nation conquise ne détermine pas son destin, elle ne choisit pas le sort qu’on lui réserve. Ainsi, quand Benjamin Franklin s’adressait aux "Habitants de la Province de Québec, ci-devant [ c-à dire antérieurement ] le Canada", en octobre 1774, cela faisait onze ans que les Britanniques avaient décidé de nommer Province of Quebec leur butin de guerre. Les vainqueurs des plaines d’Abraham avaient alors décidé de faire disparaître dans l’esprit des Canadiens de souche européenne, devenus eux-mêmes des autochtones, le nom de Canada au profit de Québec, dont dérive le nom Québécois. La racine du nom Québécois est donc purement britannique.
De Canadien à Canadien-Français et Québécois, ce sont autant de passages qui illustrent le manque de maîtrise de notre destin. C’est sans surprise que l’on trouve une part d’influence des Anglais dans nos tribulations identitaires, mais ce serait une erreur d’attribuer aux Anglais tout ce qui relève de la nation canadienne-française. Pour ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain, il faut se rappeler que des générations entières de nos compatriotes ont adhéré sans réserve à l’identité canadienne-française. Il faut donc faire attention de ne pas mépriser l’identité de ceux qui se sont illustrés comme de grands intellectuels, politiciens, auteurs, entrepreneurs, etc. Ces fiers Canadiens-Français ont contribué à l’édification du Québec d’aujourd’hui. Ils incluent des personnalités comme Lionel Groulx, Maurice Séguin, Maurice Duplessis, Daniel Johnson et, pour un temps, René Lévesque et Pierre Bourgault. Un pas vers la liberté et la maturité serait certainement d’embrasser pleinement notre identité, l’ensemble contrasté de nos tribulations qui forment notre panthéon national.
Au départ, l’identité québécoise se situait dans le prolongement de l’identité canadienne de souche devenue canadienne-française. Il importe de voir le sens qu’a pris l’évolution de l’identité québécoise. Si au départ elle était revendiquée par les plus séparatistes des Canadiens-Français, elle est devenue graduellement une identité récupérée par l’État, qui en a fait une part inoffensive et bien intégrée de l’identité canadian. Il faut se mettre à jour. Autrement dit, on s’est fait voler notre nom deux fois. Une première fois on s’est fait prendre notre nom de Canadiens et une deuxième fois quand le caractère potentiellement libérateur de l’identité québécoise a fait l’objet d’une appropriation étatique qui l’a radicalement séparé des « formes antérieures » de notre identité, pour reprendre l'expression de Marc Labelle. Cette rupture a été ratifiée en 2000. Je le rappelle encore une fois, le préambule de la loi 99 ( 2000 ), définit une identité plurinationale et diversitaire au sein de laquelle les Canadiens de souche sont exclus. Les patriotes devraient se mobiliser en masse pour contester la loi 99 ( 2000 ), non pas pour la pluralité québécoise dont elle fait état, ce qui est un fait, mais pour l’absence des Canadiens-Français au sein de cette pluralité. D’ici là, c’est au nom de l’identité québécoise, et sans opposition canadienne-française, que la CAQ pourra continuer de faire des faveurs à l’Université McGill, qui, faut-il le rappeler, est une université québécoise de plein droit. Il est devenu parfaitement clair que l’identité québécoise ne peut plus être considérée comme un bastion depuis lequel nous pouvons défendre nos positions. Elle nous oblige à un retranchement dans un nationalisme purement linguistique, l'accomplissement du projet de PET, commencé en 1969 avec la loi sur le bilinguisme, une loi qui divisait le Canada en deux communautés linguistiques. Ce qui a donné à terme des « Québécois francophones ». Tout ce qu’il nous reste de la plénitude nationale très largement élaborée et illustrée par des Canadiens-Français, ce sont des gens et des mouvements dénationalisés qui défendent le français dans un Québec trudeauiste.
Pour finir, et m’en tenir à l’essentiel de votre message, un mot sur l’état. Que l’État du Québec est notre état est une grossière exagération. La personnalité juridique et politique prépondérante de Québec est d’être subordonnée à l’État fédéral. Cette subordination s’est aggravée sous le PQ, qui, par son improvisation et son peu d’ambition a permis que le coup de force de PET l’emporte haut la main, sans qu’aucune résistance ne s’ensuive. Je rajouterais que la personnalité culturelle de l’État du Québec nous représente de moins en moins, s’étant convaincu lui-même de donner à chaque composante de la pluralité québécoise la part qui lui revient, les Canadiens-Français ( Québécois francophones – si vous préférez une identité linguistique plutôt que sociologique ) étant largement laissés pour compte dans ce marché de dupes. En fait, depuis l’Union et la Confédération, l’État du Québec a toujours été un champ de bataille. Il s'y livre une lutte entre la puissante minorité démographique des descendants des vainqueurs de 1760 et la majorité démographique des Canadiens de souche. Or, comme dans tout cas de colonialisme, la prépondérance et le pouvoir de veto appartiennent à qui détient la majorité politique et sociologique et non à qui détient la majorité démographique. C’est toujours le cas aujourd'hui et ce le sera encore plus dans l’avenir alors que notre majorité démographique se perd. En dépit de quelques saillies ponctuelles, comme la loi 101, par exemple, à la fois dépecée par Ottawa et mollement appliquée par Québec, le sens de l’évolution est clair. Il faut caractériser l’État du Québec avec plus de nuance et plus de dialectique que vous le faites en le déclarant abusivement "notre État". Il faudrait plutôt enclencher une autre dynamique, le prendre à parti pour y accroître notre influence et l'obliger à considérer davantage nos intérêts, ce qui, je le répète, ne peut se faire sans reconstituer notre identité nationale exclusive de Canadiens-Français. Nous sommes comme toutes les minorités, à la différence que nous n’avons pas de représentants bien à nous. Attaquer le fédéral c’est aussi attaquer son imposant reflet dans l’État du Québec.
Catherine Doucet Répondre
3 décembre 2021Vous l'avez dit:
Nous sommes Canadiens et nous sommes Français!
Pourquoi est-ce que l'emploi par les Anglais de ce nom pour nous désigner devrait rendre ce nom honteux?
N'est-ce pas là le parfait exemple du réflexte du colonisé, qui reprend à son compte le mépris affiché par le conquérent à son endroit?
Messieurs Bélair et Labelle, plus vous vous évertuez à faire l'apologie de la Québécitude, plus vous faites la preuve que celle-ci est fondée sur le déni, et plus vous démontrez que ce mécanisme d'aliénation est en train de nous détruire mentalement. À force de pas pouvoir nous nommer avec une appellation qui dit clairement à quelle filiation, à quel héritage, à quel évènement fondateur notre identité se réfère, nous ne savons plus qui nous sommes et nous ne savons plus voir le réel.
M. Labelle vous écrivez: «aucun pays normal ne définit son identité par ses minorités culturellement distinctes».
Eh pourtant oui, il y en a; c'est ce qu'on appelle un État post-national, ce que la Québécitude était dès sa fondation.
Vous écrivez aussi: «on ne peut accepter que les dévoyés civiques prévaudront face à la réalité historique de la formation et de l'émancipation des peuples»
Et pourtant c'est ça le réel, c'est ça qui est en train de se produire (que vous l'acceptiez ou non dans votre tête n'y change rien), c'est pour ça que nous rejetons la Québécitude et que nous tâchons de reprendre une dénomination qui nous rattache au temps long.
Normand Bélair Répondre
2 décembre 2021Marc Labelle,
Votre texte devrait figurer dans toutes introductions de livres d'histoire, d'intégration d'immigrants et\ou de cours de «Civics» à la américaine, mais dispensé ici.
C'est une des plus belles synthèse de qui nous sommes que j'ai eu le plaisir de lire!
Merci.
Normand Bélair Répondre
2 décembre 2021Bonjour ACD,
J’ai commencé par reprendre tout ton texte mais devant la lourdeur de la chose je décide plutôt de résumé un peu les concepts et les argumentaires que tu présentes.
À propos de Dumont et sa définition de l’État et la Nation :
Je ne peux pas accepter que toutes les nations sur terre se nomme NATION, sauf quand il est question du Québec.
J’entends les présidents américains constamment dire «…and in our great nation…» ou un président français lancer « notre patrie, notre grande nation…»et Dieu sait qu’il y a une multitude d’ethnies dans ces pays! Alors pourquoi, selon ton argumentaire, un peu laborieux, je ne peux pas avoir une nation ayant d’autres ethnies venant se greffer dessus?
Tout comme les autres nations du monde.
On a ici au Québec un état géré par un parlement l’Assemblée nationale dans une capitale, Québec.
On a ici au Québec une nation représenté par la majorité française et ses minorités.
Tu vois c’est très simple. D’ailleurs voici une définition :
Une nation est une communauté humaine ayant conscience d'être unie par une identité historique, culturelle, linguistique ou religieuse. ... Pour certains sociologues le seul critère déterminant est subjectif : il faut que les membres d'une communauté soient convaincus qu'ils relèvent d'une même appartenance nationale.
https://www.toupie.org/Dictionnaire/Nation.htm
C’est bien de cette façon qu’une nation prend racine quand tout le monde est d’accord pour identifier une nation, un territoire et une culture.
Pourquoi nous au Québec on fait toujours dans le compliqué quand c’est si simple à comprendre.
À propos de l’appellation : de la nation québécoise. Ce qui est une erreur, sinon une mystification.
Et . L’appartenance des anglophones, allophones et autochtones…
Justement, si eux ne veulent pas faire partie de la nation québécoise, bien à eux. Mais certainement pas encore à nous de faire d’autres accommodements et d’exceptions pour qu’il se sentent plus québécois, si au fond ils ne veulent pas l’être. Ils refusent la base même de notre nation, de qui nous sommes. C’est eux qui refusent, nous on accepte. Demande-leur ce qu’il faut pour qu’on soit plus acceptable à leurs yeux. Ce n’est pas toujours à moi de faire l’effort de me faire accepter dans un groupe, eux aussi en tant qu’immigrants, ils exercent des responsabilités de citoyen.
Il n’y a pas de « mystification » de la nation québécoise. C’est bien naturel de former des nations.
L’histoire a façonné une nation française en Amérique ; par quelle décision subite pense-t-on la changer en une nation québécoise ?
Pour les mêmes raisons qu’on ne change pas nos origines et notre appellation pour accepter de se faire nommer par d’autres : Canadien-français. Les Français ne sont jamais venus ici pour devenir des Canadiens-français. Jamais! Par quelle décision subite pense-t-on changer nos origines de Canadiens et de Français par ce terme péjoratif de Canadiens-français?
Oui, l’histoire. Et pour donner suite au vol de notre identité première nous voilà rendu sur notre dernier retranchement; Québécois.
*
QUESTION ACD :
Quand Lord Durham en 1839, à la suite des Rebellions de 37-38, nous a nommé des French-Canadians, est-ce qu’au même moment, il a nommé son peuple English Canadian?
Non? Pourquoi pas?
Pourtant le peuple anglophone faisait la même chose que les Français avait fait un siècle et demi avant, non? Ils faisaient de la colonisation. Pourquoi n’a-t-il pas nommé son peuple comme le nôtre, English-Canadian?
Eux se nommaient English, British, Canadian.
Curieux, non?
Il voulait nous dénigrer, il l’a écrit dans son rapport, que nous étions des inférieurs, donc un nom d’inférieur était la désignation ; des-moins-que-canadiens.
Et tu veux garder cette désignation péjorative pour décrire ton peuple?
*
Rien dans l’État vient ajouter ou enlever la notion de ma nation sur un territoire donné. Partout dans le monde c’est comme ça. Pourquoi faudrait faire différent ici?
A propos de Trudeau et son multiculturalisme :
Puis? Ça change quoi pour le Québec si on choisit autre chose?
Ici tu parle du débat de l’immigration et l’intégration dans la société. Il suffit de faire comme aux États-Unis; de l’intégration suivi de l’assimilation, concept que tu défends d’ailleurs. Encore une fois c’est assez simple à comprendre.
À propos du : …anglophones et autochtones ne seront pas dupes…
Je ne suis pas ici pour me faire aimer des anglophones, suite aux coups bas qu’ils nous ont fait depuis plus de 200 ans. Ils sont assez grands pour savoir ce qu’ils ont à faire. En 1976, le départ de plus de 300,000 anglophones n'a rien changé dans ma vie.
Pour les Autochtones, je ne me sentirai pas plus coupable que les nations canadienne et américaine. C’est une relation qui demeure à restaurer comme au début de la colonie.
À propos du : , le Québec reconnaît 11 nations autochtones… Le Québec est donc, de jure, un État plurinational.
Ils seront toujours les premières nations. Ceci n’enlève rien au fait qu’ils habitent tous aujourd’hui dans une nation; canadienne. Rien n’empêche qu’ils peuvent aussi habiter dans une nation : québécoise.
De toute façon, c’est un classique, lorsque les Québécois veulent s’affirmer comme nation on sort toujours la question autochtone.
À propos, encore, de ton inquiétude sur les autochtones :
C’est fou comment, quand on parle de qui nous sommes, on tourne toujours la conversation vers les autochtones!
Pour te répondre : Qu’est-ce que ça change? Rien, mais rien du tout. J’ai un territoire une nation, une langue une culture ET si vous voulez en faire partie, et bien : BIENVENUE!
C’est tout.
Mordechai Richler et Leonard Cohen, bien que nés au Québec, ne se sont jamais sentis Québécois et n'ont jamais revendiqués l'être.
Et puis? Tu veux que je braille? Ils ne veulent pas être Québécois. Rien de nouveau là, surtout venant de Richler qui dans le passé nous a bien craché au visage. Pourquoi tu veux que ceci me dérange?
La transformation du vocable Canadien français en Québécois au tournant des années 1960-1980 n'a trompé personne
Ce n’était pas faite pour tromper, c’est juste là pour rappeler l’histoire et avec la perte du Canada, il ne reste plus rien d’autre que le Québec. Personne n’est trompé. Très limpide.
Nos ancêtres sont venus ici, ils ont exploré la moitié du continent, Ils ont perdu le continent Ils ont perdu le Canada, et voilà aujourd’hui il reste le Québec. C’est très clair, pas trompeur du tout. C’est moins trompeur que revendiquer le terme Canadien-français tout en voulant faire la souveraineté du Québec!
…d'Haïtiens, de Latinos ou de Maghrébins parlaient des « Québécois », ils parlaient des « Autres », c'est-à-dire de la nation française d'Amérique…
Puis? Comme il y a des Canadiens de descendance écossaise, comme il y a des Américains de descendance allemande. C’est la même chose! Ils se joignent tous pour former une grande nation et les autres se greffent autour. Ils deviennent des Canadiens, ils deviennent des Américains. Pourquoi ce n’est pas la même chose au Québec? Il n’a même pas raison que cela soit différent des autres nations du monde.
À propos du : …La réapparition du terme canadien-français s'inscrit dans cette recomposition politique identitaire…
Il n’y a pas de réapparition du terme Canadien-français dû à cette redéfinition identitaire.
Complètement farfelu comme association. Qui va pleurer si nous devenons minoritaires en 2045? Encore une fois, les autres vont nous choisir un nom qu’on va accepter volontiers.
Et finalement :
Dans le contexte d'immigration massive, le vocable « Canadien français » permet de parler de notre marginalisation démographique alors que la « citoyenneté québécoise » - ouverte au premier Pakistanais ne pipant pas un mot de français mais à qui le Canada accorde la citoyenneté canadienne, le droit de vote et tutti quanti en l'espace de trois ans - masque le désastre migratoire actuel.
Tu le mentionne toi-même, que les Haïtiens, les Latinos ou les Maghrébins parlaient des « Québécois» pour nous identifier!
Alors comment les immigrants et les anglophones savent tous qu’un Québécois est francophones…sauf vous les Canadiens-français?
Alors que tout le monde reconnaît qu’est-ce qu’un québécois, tu veux reculer d’un siècle, entre deux vraies définitions de qui nous sommes, et tu choisi la définition donnée par les Anglais pour nous abaisser? Pourquoi?
Si tu veux aller aux sources, nous sommes des Français. Il est là le vrai terme. Tu veux le 2e terme choisi volontairement? Oui Canadien. Tu veux la réalité d’aujourd’hui? Québécois.
Mais de grâce, doux Seigneur, épargne-nous la honte et l’humiliation totale avec ce Canadien-français infligé sur nous par le peuple dominateur, les Anglais.
On mérite mieux que ça!
Marc Labelle Répondre
1 décembre 2021Monsieur Verrier,
Contrairement à ce que vous croyez, être Québécois ne se réduit pas à habiter un territoire. L’identité québécoise se situe dans le prolongement identitaire des formes antérieures. L’ethnonyme Canadien français se limitait à une définition sociologique. Dans les années 1960, les nationalistes ont doté les Québécois, simultanément avec la dimension identitaire, de deux autres dimensions, soit politique et territoriale — c’est-à-dire nationales plutôt que provinciales —, qui manquaient à l’identité ethnique antérieure. Cela, dans la foulée de l’édification de l’État du Québec doté de moyens financiers considérables par Maurice Duplessis, poursuivie par les acteurs libéraux de la Révolution tranquille et finalement Daniel Johnson père. Hélas, plutôt qu’un instrument collectif, vous considérez l’État du Québec comme un ennemi.
Comme je l’écrivais, il est naturel pour un peuple d’adopter un gentilé formé d’un seul mot. Il suffit de consulter la liste des États membres des Nations unies pour le constater. (On y trouvera bien sûr des exceptions qui confirment la règle comme les Sud-Africains, pour éviter la confusion géographique, ainsi que les Nord-Coréens et les Sud-Coréens pour des raisons politiques provisoires.)
Le terme rallongé Canadiens français découle, lui, de pressions à la fois identitaires, politiques et territoriales exercées par l’occupant anglais. Il nous a contesté avec succès le nom originel Canadiens. Ce ne sont pas là des bagatelles, puisque le dominateur anglais vise notre disparition collective. Il était donc inévitable que nous nous concentrions finalement sur le Québec, en abandonnant le nom initial volé et dénaturé par les Anglais ainsi que l’illusion d’un Canada tolérant à notre égard.
Par ailleurs, vous n’êtes pas sans savoir que l’adoption du nom Québec pour la capitale, qui n’est pas anglais, est un bel hommage à nos alliés amérindiens de la Nouvelle-France, comme de nombreux autres noms de lieux. Je souligne que 10 % des États membres des Nations unies ont un nom de capitale et de pays identiques ou quasi identiques. L’intervention administrative anglaise antérieure n’avait plus d’importance dès lors que le peuple avait allègrement adopté le nom Québécois pour se désigner dans les années 1960. En fin de compte, c’est le peuple qui décide, souverainement.
Évidemment, l’évolution d’un peuple et de son nom ne se découpe pas en périodes historiques étanches. Ainsi, quoique le terme Canadiens français devint courant après la création du Haut-Canada en 1791, la dénomination simple Canadiens a longtemps perduré pour désigner les descendants de la Nouvelle-France. Esdras Minville rapporte que le mot Canadiens fut utilisé par les nôtres jusqu’à la Première Guerre mondiale (Invitation à l’étude, Fides, 1959, p. 11). J’ajoute un témoignage personnel : ma grand-mère née en 1900 employait encore le terme Canadiens dans les années 1980. Les noms simples sont plus forts et stables.
Le seul point commun qui pourrait rapprocher les tenants des différents noms consisterait à reconnaître, au-delà d’une perspective strictement nominative — donc dans une approche globale existentielle —, que toute nation durable est constituée d’un groupe porteur soudé à travers le temps. Tout en se contentant d’assimiler des immigrants en nombre raisonnable afin de ne pas briser sa continuité historique. Par idéalisme abstrait, quelques nationalistes culpabilisés par la rectitude politique ont oublié cela après le référendum de 1995 en devenant essentiellement « civiques ».
Il demeure donc incontournable que notre peuple soit aussi doté d’un pouvoir politique souverain et d’une assiette territoriale. Or, vous avez renoncé à l’indépendance dans votre programme de parti politique canadien-français à être réalisé pour vous-même mais par les autres. À moins de suivre votre attitude défaitiste, on ne peut accepter que les dévoyés civiques prévaudront face à la réalité historique de la formation et de l’émancipation des peuples.
Et n’essayez pas encore, comme les fédéralistes, de nous faire le coup de la culpabilisation par les minorités. Malgré la reconnaissance des droits civiques de tous ses ressortissants, logiquement aucun pays normal ne définit son identité par ses minorités culturellement distinctes, même si elles sont présentes dans la grande majorité des pays du monde.
Le rejet de la québécitude n’est autre que la haine de soi. Par exemple, votre fixation contre René Lévesque, notamment dans ce scénario récent de gérant d’estrade « parfait » où vous l’avez fait blanchir 10 à 0 en confondant partie d’échecs et match de hockey. Plutôt que de vous en prendre au traître Pierre Elliott Trudeau (tel que je l’ai dénoncé). Sortez de votre imaginaire bougon et œuvrez donc dans la réalité concrète. C’est plutôt l’ensemble du mouvement nationaliste ou souverainiste qu’il faut sortir de la torpeur, précisément des dépressions postréférendaires pendant lesquelles aucune lutte collective sérieuse n’a été menée pour bouter le pouvoir fédéral hors du Québec. Cessez, comme les fédéralistes, de jeter le peuple québécois avec l’eau de la baignoire référendaire. Au-delà des limites personnelles de tous les acteurs politiques du passé, il faut maintenant reprendre la lutte incessante avec les patriotes d’aujourd’hui dans une appréciation juste des conditions actuelles afin de créer un nouveau rapport de force avec le véritable ennemi, les fédéraux. Que vous évitez soigneusement d’affronter, malgré leur faiblesse courante.
Finalement, votre prétendue « stratégie politique » consiste à faire reconnaître le nom Canadiens-Français par l’embryon d’État (provincial) à Québec, que vous honnissez, puis par le pouvoir supérieur à Ottawa, de majorité anglaise. Bref, vous nous souhaitez le statut de grosse minorité ethnique au sein du Canada multiculturel. Votre solution strictement nominative n’est qu’un brimborion susceptible de faire rire de mort les fédéraux. Votre doctrine idéologique est incohérente, improductive, néfaste.
Voyez Éric Zemmour, ce juif séfarade d’origine étrangère mais culturellement assimilé qui veut sauver la France (provenant des Francs, un peuple germanique envahisseur, ce nom a remplacé la Gaule, eh oui). En la redressant contre tous les types de dépossession qui l’affligent. Il est le candidat de l’amour de la France contre Emmanuel Macron, le candidat de la haine de la France. Au surplus, M. Zemmour est un immense allié potentiel du Québec.
M. Zemmour est le genre d’immigré providentiel qui vient stimuler la vieille race assoupie de son pays pour la réveiller face aux défis qui lui incombent. Un paradoxe apparent mais fécond, qui témoigne du génie de la France. Il doit obtenir l’appui du peuple français, puis de ses alliés à travers le monde. Or, il suscite l’enthousiasme de nombreux patriotes québécois…
Normand Bélair Répondre
30 novembre 2021AVERTISSEMENT :
Ce texte ne s’adresse qu’a un public politiquement mature.
Il peut vexer certaines personnes, ceci n’est pas le but de l’exercice
En résumé…
Alexandre Cormier-Denis Répondre
1 décembre 2021Pour amener un peu de complexité au débat, je citerais ici notre plus grand sociologue Fernand Dumont, souverainiste convaincu, qui réfutait l'adéquation entre État en nation, notamment au Québec où pour lui, s'il y a bien une société et un État québécois, il n'y a pas de nation québécoise. Il parle plutôt d'une nation française en Amérique, majoritaire au Québec.
« Veut-on, ainsi que beaucoup le laissent entendre, créer un État-nation? En tout cas, on parle couramment de nation québécoise. Ce qui est une erreur, sinon une mystification. Si nos concitoyens anglais du Québec ne se sentent pas appartenir à notre nation, si beaucoup d’allophones y répugnent, si les autochtones s’y refusent, puis-je les y englober par la magie du vocabulaire ? L’histoire a façonné une nation française en Amérique ; par quelle décision subite pense-t-on la changer en une nation québécoise ? Définir la nation par des frontières territoriales, c’est affirmer que l’État s’identifie à elle ; construction toute verbale et parfaitement artificielle de tacticiens politiques. À moins que, par simple duplication, on travaille exactement à la manière de M. Trudeau que l’on vilipende ? Que l’on ajoute, pour imiter M. Trudeau jusqu’au bout, que la politique québécoise des « communautés culturelles » est un équivalent du multiculturalisme canadien et on aura, à une échelle plus réduite, l’exacte réplique du Canada. Est-ce la peine de se donner tant de mal? De toute manière, anglophones et autochtones ne seront pas dupes; ils verront sans peine que nous désirons simplement épouser à notre profit une logique que nous réprouvons lorsqu’elle nous défavorise. »
- Fernand Dumont, Raisons communes, 1995, p.63-64.
Il faut aussi noter qu'avec la loi 99 votée par le PQ à la suite du jugement de la Cour suprême sur le Renvoi sur la sécession, le Québec reconnaît 11 nations autochtones et « une communauté d'expression anglaise ». Le Québec est donc, de jure, un État plurinational.
Par ailleurs, lorsque Bernard Landry affirmait négocier de « nation à nation » avec les Cris lors de la Paix des Braves - considérant que les Cris appartiennent au territoire québécois et qu'ils sont donc Québécois - à quelle seconde nation Landry faisait-il donc référence, si ce n'est à cette « nation française d'Amérique » à laquelle réfère Dumont ?
Mordechai Richler et Leonard Cohen, bien que nés au Québec, ne se sont jamais sentis Québécois et n'ont jamais revendiqués l'être. La transformation du vocable Canadien français en Québécois au tournant des années 1960-1980 n'a trompé personne : à l'école secondaire où j'allais dans les années 1990, quand les secondes générations d'Haïtiens, de Latinos ou de Maghrébins parlaient des « Québécois », ils parlaient des « Autres », c'est-à-dire de la nation française d'Amérique. Personne n'est dupe de ce changement linguistique. On peut l'appeler nation française d'Amérique ou nation canadienne-française, notre réalité nationale n'a pas été changée « par la magie du vocabulaire » comme le souligne si justement Dumont.
La mort du projet souverainiste péquiste entraîne inévitablement une redéfinition nationale, puisque le paradigme référendaire est terminé. Il est normal qu'il y ait une recomposition identitaire, surtout dans le contexte d'immigration massive où le premier immigré arrivé sur le sol québécois est considéré par les médias et la bien-pensance comme « plus Québécois que vous et moi » (sic) car « nous sommes tous des immigrants » (re-sic). La réapparition du terme canadien-français s'inscrit dans cette recomposition politique identitaire qui verra les Canadiens français (ou Québécois de souche) minoritaires aux alentours de 2045 si les courbes démographiques ne s'inversent pas. Voir l'étude de C. Gaudreault sur la question : https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/nana.12568?af=R#.Xdg5yHgDKcE.twitter
Dans le contexte d'immigration massive, le vocable « Canadien français » permet de parler de notre marginalisation démographique alors que la « citoyenneté québécoise » - ouverte au premier Pakistanais ne pipant pas un mot de français mais à qui le Canada accorde la citoyenneté canadienne, le droit de vote et tutti quanti en l'espace de trois ans - masque le désastre migratoire actuel.
Évidemment, il est normal que cette recomposition soulève des passions et de sains débats, surtout entre patriotes.
Gilles Verrier Répondre
30 novembre 2021Notre changement d'identité ne se trouve pas dans les broutilles de la différence entre "Canadiens¨et ¨Canadiens-Français". La tendance à remplacer Canadiens par Canadiens-Français, s'est manifestée à mesure que les Anglais voulaient se nommer CanadiAns. Dans ces nouvelles circonstances il devenait impossible de se comprendre en cas de traduction, car Canadien devenait Canadian et vice versa. L'exigence de clarté à l'écrit explique largement l'évolution. Quand on examine une oeuvre comme le Dictionnaire général du Canada en deux tomes (Le Jeune, 1931), on constate qu'à cette date, si les deux vocables étaient employés sans distinction particulière, c'est encore Canadiens qui domine dans l'usage et non Canadiens-Français. Entre Canadiens et Canadiens-Français la continuité est parfaite, les deux vocables désignent une seule réalité sociohistorique et culturelle.
La vraie rupture identitaire de notre peuple se trouve synthétisée dans les deux citations qui suivent, celles d'un acteur de premier plan de ce qui sera d'abord une sorte de transition identitaire bien accueillie, mais qui deviendra vite une rupture radicale de notre continuité nationale.
lançait René Lévesque devant une foule de partisans enthousiastes le soir de sa victoire. En 1976, René Lévesque adhérait à l'identité québécoise depuis quelques années. Pour le reste, né en 1922, il avait grandi et vécu comme Canadien-français.
C'est le même homme qui avait dit :
L'Actualité, 1966 (v. aussi Option Québec, 1968, p.19)
Riche de promesses, l'identité québécoise s'est vite gâtée. En quelques étapes, ce fut d'abord le coup de force de 1973 (carte de rappel électoral), lequel préparait l'imposition du piège référendaire. Il avait pour pour but de mettre fin à un combat fondé sur le droit des peuples pour le faire passer au droit démocratique. La conséquence a été de courtiser les autres et de négliger les nôtres, avec pour aboutissement la loi 99 qui dans son préambule cosmopolite célèbre les autres et ignore les nôtres.
Marc Labelle Répondre
28 novembre 2021Vous prétendez ceci au sujet de l’emploi du terme double Canadiens-François à partir « peut-être » de 1704 par le père Hennepin : « Un usage qui ne cessera plus par la suite. »
Les divers personnages de la Nouvelle-France utilisaient l’appellation Canadiens, sauf exception (François-Canadiens ou François-Canadois). Précisément, la forme « Canadois-François » (chers lecteurs, notez l’inversion) fut utilisée par Marie de l’Incarnation au milieu des années 1680 à la seule fin de bien différencier les miliciens français d’ici des troupes venues de France pour contrer l’ennemi iroquois. La plupart du temps, elle se contentait donc du mot simple Canadiens ou Canadois pour désigner les Français d’ici. Le roi Louis XIV lui-même employait la désignation Canadiens.
Le terme « Canadiens français », sans trait d’union, apparaîtra lorsque les anglophones revendiqueront le nom Canadiens, surtout après la séparation entre le Bas et le Haut-Canada (1791).
Volontairement ignorer ces nuances importantes constitue du révisionnisme historique. C’est bien l’occupation territoriale et la pression indue des Anglais dominateurs qui nous a forcés à la rallonge de notre nom.
Voir le mémoire de maîtrise de Gervais Carpin (Université Laval, 1995, 124 p.) : Histoire d’un mot : l’ethnonyme Canadien de 1535 à 1691.
Éric F. Bouchard Répondre
29 novembre 2021Marie de l'Incarnation est morte en 1672 et voulait, par l'usage de François-Canadois, distinguer nos ancêtres des Premiers Peuples. Lorsque que vous citez une étude., sachez au moins la lire.
Marc Labelle Répondre
29 novembre 2021Concernant l’appellation, mon erreur n’est qu’un point de détail. Mon point de vue est donc renforcé : le terme Canadois-François ou Canadiens-François n’est apparu qu’au début du 18e siècle, comme vous l’écrivez vous-même. Si vous n’étiez pas mesquin, vous admettriez plutôt que cette forme du terme double apparue tard dans le Régime français n’est point devenue courante avant longtemps, soit un siècle, précisément après la séparation du Haut-Canada en 1791.
Par ailleurs, je vous recommande de lire l’étude de Gervais Carpin : comme je l’ai écrit, elle confirme par les citations et les annexes que Marie de l’Incarnation utilisait soit François ou Canadois, rarement les deux mots combinés dans cet ordre. Veuillez, de grâce, cesser de tromper les gens avec votre fétichisme du nom double inversé. Les peuples libres se contentent d’un seul mot pour les désigner.
Normand Bélair Répondre
28 novembre 2021Je trouve votre descriptif trop restrictif. Je ne vois pas comment on peut être un grand peuple, un peuple accueillant, généreux, ouvert et brillant en maintenant ce nom dont les Anglais nous ont baptisé celui de canadien-français.
Pour se distinguer des « Canadiens » d'origine française, l'appellation French Canadian a commencé à être utilisée dans les journaux de Toronto pour stigmatiser les Métis de l'Ouest qui voulaient protéger leurs territoires et pour susciter l'appui des « Canadians » (l'immigration d'origine écossaise, irlandaise et britannique). Au début du siècle dernier, l'appellation « French Canadian » avait toujours ce caractère dénigrant, comme le démontrent les films tournés à Hollywood à cette époque quand ils avaient trait à l'histoire du Canada. Les vilains étaient des French Canadians.
L'expression dénigrante a choqué les Canadiens d'origine française, mais pour se montrer solidaires des Métis et de Louis Riel, ils endossèrent progressivement cette appellation après la pendaison de Louis Riel le 16 novembre 1885, et ce, jusque dans les années 1960, soit plus ou moins pendant 75 ans.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Canadiens_fran%C3%A7ais
Si je vous comprends bien, personne d’autre peut s’intégrer à votre peuple? Il est impossible d’avoir un seul immigrant venir ici et s’assimiler à vous?
Présentement, un immigrant peut venir ici est devenir Canadien ou Québécois et d’après votre définition très astreignant, il ne pourra jamais faire partie de votre peuple? Son nombre est limité à tout jamais?
D’ailleurs je vois mal comment un Syrien peut venir ici et se dire Canadien-français, mais le contraire est vrai; il peut devenir Canadien…ou…Québécois.
En retournant en arrière et prendre le nom que les autres nous ont donné vous pensez accomplir quoi au juste? Vous voulez quoi, inscrit où? C’est quoi le but de maintenir un statut…non reconnu… nulle part? Pourquoi se faire ça?
Ça rime à quoi? Pourquoi cet entêtement de nous définir de ce ne que nous sommes pas?
Vous ne nous avez toujours pas expliquer comment vous faites pour sortir de votre position de minoritaire sans pouvoir aucun, dans le but de grandir.
Comment faite vous ça, établir un statut légal à quelque part dans un document légal?
Après plus de 120 ans de ce mensonge qu’on s’est laissé accroire, rien n’en a sorti, absolument rien! Quoi, vous voulez encore tenter pendant un autre 120 ans d’efforts inutile?
En terminant, vous osez écrire :
Or, après 50 ans d'usage, qu’en est-il du nom de « Québécois » ? Pourquoi devoir ainsi se fondre dans la masse toujours plus anglophone de ce foutu peuple québécois?
Pourquoi tant de haine envers ce peuple québécois? Vous savez que le Québécois à une longue histoire avec le nom depuis l’arrivée des premiers colons qui passaient tous par la ville de Québec. C’est n'est pas que 50 ans, ça ressemble à plus de 420 ans.
Le nom de la localité est attesté sous les formes Quebecq en 1601 (Levasseur19) ; Kébec en 1609 (Lescarbot); Quebec en 1613 (Champlain).
Parallèlement, le gentilé est mentionné sous les formes Quebequois en 1754, Québécois en 1775, Québecquois en 1825, Québeccois en 1835, Québécuois en 1910, Kébécois en 1935, Québéquois[Quand ?], et même Stadaconien[Quand ?], qui renvoie au nom amérindien de Québec, Stadaconé20.
Jusqu'à une démonstration convaincante me sois fait, je demeure Québécois.