AVENIR DE RADIO-CANADA

Du béton et du contenu

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Une occasion de corriger les erreurs du passé

L’avenir de la Maison de Radio-Canada suscite bien des déchirements. Après dix ans de débat sur un éventuel déménagement, il n’y a pas de honte à passer à l’action.

Le p.-d.g. du conseil de Radio-Canada, Hubert Lacroix, est un homme en sursis. Des pétitions circulent en interne pour réclamer ouvertement sa démission. Les analystes déplorent son manque de vision et sa participation au « démantèlement » de cette institution culturelle phare au Québec…

Parions que le président, nommé par le gouvernement Harper en 2007, n’obtiendra pas un troisième mandat pour diriger la société d’État. Parions aussi que le gouvernement Trudeau n’osera pas le dégommer avant l’expiration de son mandat en cours, en 2017, de peur d’être accusé d’ingérence politique.

Un gestionnaire aussi malmené par ses troupes, méprisé même, peut-il encore avoir droit de cité dans le débat sur l’avenir de la Maison de Radio-Canada ? Tout dépend de la pertinence de ses propos.

Pour justifier la vente des terrains et de la tour emblématique de Radio-Canada et son déménagement, M. Lacroix et la haute direction s’appuient sur un argument logique. Le mandat premier de Radio-Canada n’est ni la promotion ni le développement immobilier.

Qu’on ne s’y méprenne pas. En information, promotion et développement de la culture québécoise, Radio-Canada a joué un rôle essentiel dans l’histoire de la nation québécoise et de la francophonie hors Québec. Comme tous les médias traditionnels, elle doit maintenant relever le défi de renouveler ses auditoires et ses contenus, dans un environnement hautement volatil et concurrentiel.

Après des années de compressions, elle peut compter sur de nouveaux investissements de 675 millions de dollars, sur cinq ans, à la grandeur du Canada. Il y a de quoi souffler, voire se réjouir à la condition que les sommes servent à la production des contenus singuliers, à valeur ajoutée. Des émissions comme la non regrettée Paquet voleur n’ont pas leur place dans un diffuseur public. En revanche, les émissions d’affaires publiques qui permettent de débusquer un paquet de voleurs, telles Enquête ou La facture, méritent d’être encouragées et soutenues.

L’affection du public pour Radio-Canada ne tient pas au béton brunâtre de sa tour banale, mais à ses contenus prisés pour leur rigueur et leur unicité, autant en information que dans les variétés.

Il est bon de se rappeler, alors que des voix s’élèvent pour préserver à la fois la tour et le site actuel de la maison, ce vaste stationnement à ciel ouvert qui gâche l’entrée est de Montréal.

La fondatrice du Centre canadien d’architecture (CCA), Phyllis Lambert, a recentré le débat cette semaine en rappelant que la tour n’a « aucune valeur patrimoniale ». La Maison de Radio-Canada est un « projet raté dès le commencement ». Dépourvue de valeur architecturale, la tour a été érigée sur les ruines d’un quartier populaire, le Faubourg à m’lasse, dont les quelque 700 logements et commerces ont été rasés, au début des années 60, pour faire place à la société d’État.

L’entretien de la tour, désuète, coûte 20 millions par année. Les coûts de la rénovation sont évalués à 170 millions. De l’argent jeté par les fenêtres, d’autant plus que Radio-Canada utilise aujourd’hui le tiers de l’espace.

La mise en vente de l’ensemble est le meilleur scénario, mais pas à n’importe quel prix ni à n’importe quelle condition. Il est du devoir de Radio-Canada d’obtenir le meilleur prix, dans l’intérêt des contribuables.

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