Décision réfléchie

Accommodements - Commission Bouchard-Taylor


Le retrait des cours d'enseignement religieux catholique et protestant des écoles québécoises l'an prochain n'est pas un coup de force de l'État. C'est une décision réfléchie, appuyée sur des consultations populaires et démocratiques. Le cardinal Marc Ouellet devrait s'en rappeler avant de parler de la dictature de l'État québécois vis-à-vis de l'Église catholique.
[Mgr Ouellet fait preuve d'opportunisme en profitant du débat actuel sur les accommodements raisonnables->4493] pour relancer celui de l'enseignement religieux dans les écoles primaires et secondaires.
Le Québec complétera en septembre 2008 le processus de laïcisation de son système d'éducation, entrepris en 1998. Ce virage a été engagé à la suite des États généraux de l'éducation (1995-1996) et s'est fait progressivement, toujours en consultant la population. Des élus ont aussi initié et entériné ces changements, toujours en tenant compte de l'avis des citoyens.
Une première étape a été franchie en transformant le statut des commissions scolaires de confessionnel à linguistique. D'autres ajustements ont suivi dans le réseau de l'éducation pour concrétiser la laïcisation. Les structures confessionnelles ont ainsi été éliminées en 2000 du Conseil supérieur de l'éducation. A disparu aussi l'obligation pour les sous-ministres de l'Éducation d'être de foi catholique ou protestante. Le nombre d'heures consacrées à l'enseignement moral, religieux catholique ou protestant a également été réduit de moitié il y a sept ans.
Ces décisions n'ont pas été prises à l'aveuglette. Près de 160 groupes ont été entendus en commission parlementaire pour débattre du rapport Proulx, Laïcité et religions. Perspective nouvelle pour l'école québécoise, déposé en 1999.
En 2005, le gouvernement de Jean Charest a décidé de faire un pas de plus en annonçant qu'à compter de septembre 2008, l'enseignement religieux catholique ou protestant ne serait plus dispensé dans les écoles. Un cours d'éthique et de culture religieuse prendra la place. Ce choix, et ceux qui l'ont précédé, n'ont pas créé de commotion dans la société québécoise.
Bon nombre de Québécois conviennent que l'enseignement religieux n'est pas du ressort de l'école. Il ne lui appartient pas non plus de transmettre la foi. C'est une responsabilité qui incombe aux parents, à l'Église, aux organisations religieuses.
Évidemment, comme le signale Mgr Ouellet, le retrait du cours d'enseignement religieux alourdira la charge des parents. Ce n'est plus l'école et les enseignants qui feront le travail à leur place. Les parents devront s'impliquer davantage s'ils veulent transmettre un enseignement religieux à leurs enfants et les préparer aux sacrements. L'Église aussi devra être plus active.
L'engagement et la cohérence ne sont toutefois pas toujours au rendez-vous. Si environ 80 % des parents québécois continuent d'opter pour l'enseignement catholique ou protestant pour leur enfant, la même proportion s'est dite en faveur de l'enseignement culturel des religions. La préparation aux sacrements de l'Église est aussi délaissée. Le nombre de premières communions et de confirmations est en effet en baisse.
Pourquoi l'école publique devrait-elle prendre du temps d'enseignement pour maintenir ou pour susciter une ferveur religieuse ? Les missions de l'école sont d'instruire, de socialiser, de qualifier. Elle n'a pas à être au service des catholiques, des musulmans ni des juifs. Elle a par contre le défi et l'obligation de faire cohabiter dans l'harmonie et dans le respect des droits et des libertés de tous, des enfants de différentes religions. D'où la nécessité, parfois, de trouver des accommodements raisonnables.
bbreton@lesoleil.com


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