Débats: Coderre forcé à défendre son intégrité

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Curieusement, on a écarté du débat Michel Brûlé, le seul candidat à avoir inscrit l'intégrité au coeur de son action

MONTRÉAL - Denis Coderre a immédiatement dû s'expliquer à propos de la démission de son candidat Robert L. Zambito pour une histoire de malversations, mardi soir, lors de la deuxième soirée des débats face à face à LCN entre les candidats à la mairie de Montréal.
Mélanie Joly et Richard Bergeron ont ensuite débattu cordialement, se révélant souvent d'accord l'un avec l'autre.
Même si les termes abordés ont été l'économie, les transports, la qualité de vie et les taxes et l'administration municipale, c'est la question de l'intégrité qui a tout de suite pris le dessus.
Interpellé par le journaliste Pierre Bruneau, Denis Coderre a réitéré que tous ses candidats étaient intègres.
«J'ai demandé la démission de M. Zambito. Tolérance zéro. J'ai agi immédiatement dès que j'ai appris les allégations de malversations le concernant», a commenté le candidat à la mairie de Montréal en tête des intentions de vote dans les derniers sondages.
«On a fait une vérification de tous les candidats, a assuré M. Coderre un peu plus tard. M. Zambito a signé chaque page du document affirmant qu'il n'avait rien à se reprocher.»
Le chef de Coalition Montréal, Marcel Côté, a saisi la balle au bond.
«Robert Zambito n'est pas le premier, a-t-il dit. Dans vos rangs, Gilles Deguire (maire de Montréal-Nord) a été cité à la commission Charbonneau, Michel Bissonnet (maire de Saint-Léonard) a été photographié avec un proche des Hells. Vous avez dit que vous aviez un filtre?
Vous devriez peut-être changer de lunettes», a-t-il attaqué.
Ce reproche, d'avoir accueilli d'anciens membres d'Union Montréal, de l'ex-maire Gérald Tremblay, a toutefois servi à Denis Coderre. Il a contre-attaqué sur le même terrain.
«Vous, M. Côté, vous avez dans vos rangs Marvin Rotrand, un mentor et proche de Michael Applebaum», a-t-il accusé.
Peu avant la fin du débat, Denis Coderre s'est agacé qu'on lui reparle d'intégrité.
«Chaque chef peut avoir des problèmes, a-t-il dit. Il doit prendre ses responsabilités et régler rapidement ces problèmes. Évidemment que je suis en maudit. Mais le reste de mon équipe est parfaite et j'ai 70 % de sang neuf.»
Les débatteurs ont ensuite échangé sur l'état des commerces au centre-ville, qui, selon Marcel Côté, «souffre de la piètre performance de la Ville de Montréal. On fonctionne mal, on est associés à la corruption et les investisseurs n'ont pas confiance». Denis Coderre a avancé qu'«il faut pouvoir se rendre plus facilement en centre-ville pour qu'il soit plus vivant».
«On a tous les ingrédients pour recevoir plus de festivals, et faire davantage vivre la ville l'hiver», a-t-il également souligné, avant de dire qu'il rêvait de voir Montréal recevoir la Coupe du monde de soccer. «Utopique», lui a rétorqué M. Côté, qui a réitéré son désir de voir plutôt revenir une équipe de baseball majeur à Montréal, estimant que le contexte économique s'y prêtait davantage.
Sur d'autres thèmes, celui du nouveau pont Champlain par exemple, Denis Coderre est parvenu à tirer son épingle du jeu. Face au gouvernement fédéral qui veut implanter un péage auquel il est opposé, il a été catégorique : «On va se tenir debout, je connais Ottawa "un peu", j'ai été longtemps là-bas. On ne mettra pas un péage.»
M. Coderre a aussi dit vouloir miser sur le rayonnement de Montréal à l'internationale.
«Avant cela, il faudrait avoir une meilleure réputation», a rétorqué Marcel Côté, qui considère que l'image de ville corrompue est un frein à l'attraction de nouvelles entreprises et à de nouveaux investissements.
M. Côté a répété qu'il voulait complètement réorganiser la tête de la Ville pour avoir un fonctionnement plus professionnel. Il a aussi expliqué que l'une des grosses défaillances de la Ville était le manque d'entretien des infrastructures et qu'il faudrait mettre beaucoup d'argent là-dessus à l'avenir.
Quant à Denis Coderre, il a prévenu que s'il est maire, il se chargerait de convaincre Québec d'octroyer plus de responsabilités à Montréal, pour améliorer sa gouvernance et sa gestion.
Les deux candidats se sont par ailleurs entendus sur le fait que le nombre d'élus à Montréal était un faux problème. Plusieurs observateurs estiment que 103, c'est trop élevé.
«Si vous voulez perdre votre temps à Montréal, traitez ce problème-là», a répondu Marcel Côté. «Ce serait une économie de bout de chandelle», a ajouté Denis Coderre.
Face à face Joly-Bergeron
Le deuxième débat de la soirée s'est révélé beaucoup plus apaisé. Mélanie Joly, du Vrai changement pour Montréal, et Richard Bergeron, de Projet Montréal, ont discuté cordialement, sans trop se couper.
Tous les deux ont plusieurs fois reconnus qu'ils approuvaient les positions ou les décisions de leur adversaire. Sur le devoir de présenter une gestion de la Ville transparente et une administration resserrée, sur la nécessité de développer les moyens de transport pour faciliter les déplacements et encourager notamment les familles à rester sur l'île de Montréal, sur l'importance de revitaliser le centre-ville et relancer l'économie locale, mais aussi de créer de nouveaux quartiers, et sur l'intérêt de développer l'art urbain.
Les deux candidats ont fait valoir qu'ils avaient à cœur de redynamiser le centre-ville de Montréal.
Mélanie Joly s'est fixée comme objectif «de faire de la rue Sainte-Catherine, l'artère commerciale la plus belle et la plus attractive d'Amérique du Nord», en instaurant des secteurs piétons, en investissant dans le mobilier urbain, et en travaillant avec les commerçants pour les impliquer dans le projet. Elle croit que cela aura pour effet d'inciter les gens à venir en centre-ville, voire à s'y installer.
Richard Bergeron a estimé pour sa part que pour revitaliser le cœur de la cité, il fallait suivre l'exemple de Vancouver, en investissant la ville, par exemple en supprimant les stationnements extérieurs pour créer des parcs, des condos, et des quartiers où il fait bon vivre. Il a d'ailleurs précisé au cours de la soirée qu'«un condo n'avait rien de péjoratif», qu'il s'agissait «d'une propriété dans un immeuble et que c'était ce qui convenait le mieux dans un territoire restreint comme l'île de Montréal». M. Bergeron souhaite attirer 75 000 personnes avec sa politique de revitalisation. «Je vais aussi créer deux nouvelles écoles, une primaire et une secondaire. C'est ça qui va redynamiser le centre-ville», a-t-il dit, convaincu.
Mélanie Joly, dans la même ligne que Projet Montréal, compte valoriser l'art public, comme les pianos de ville - «c'est bien, c'est ce qu'on a fait sur le Plateau», a souligné tout sourire son adversaire -, revitaliser la vie nocturne en permettant aux commerces de fermer plus tard, mais aussi planter 300 000 arbres pour verdir Montréal.
«Je veux qu'on ait la meilleure qualité de vie au monde dans 4 ans», a-t-elle annoncé.
Bergeron moins condescendant que Côté.
Contrairement à Marcel Côté, la veille, M. Bergeron n'a pas dénigré le manque d'expérience de Mme Joly, précisant tout de même que les efforts de cette dernière à mettre en place une équipe lui rappelaient ses débuts, il y a dix ans.
«J'avais même été obligé de demander à ma femme d'être candidate», a-t-il glissé dans la conversation.
Mme Joly et M. Bergeron sont également revenus sur la démission ce mardi, du candidat de l'équipe Coderre en raison d'allégations de malversations.
«Denis Coderre n'a pas la crédibilité», a tranché Mélanie Joly, approuvée par Richard Bergeron.
Les deux candidats ont toutefois trouvé matière à se chicaner sur la question du leadership.
«J'ai du mal à m'autocongratuler "leader", j'aime mieux parler d'équipe», a avoué M. Bergeron.
Mme Joly s'est jetée dans la brèche pour affirmer que «les Montréalais ont besoin d'un leader fort. Moi, je suis une battante», a-t-elle enchaîné.
Les deux derniers face à face, entre Denis Coderre et Mélanie Joly, et entre Richard Bergeron et Marcel Côté se dérouleront mercredi à compter de 20 h 30 sur les ondes de LCN.


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