Le Journal de Montréal annonce ce matin les résultats d’un sondage qui accorde d’avance la prochaine victoire électorale à François Legault, qui n’a pas même fondé de Parti politique.

Cette victoire serait attribuable à la déconfiture des partis existants. Le “monde” veut du changement, “ tséveudire”, et il n’y a pas à argumenter ni même à discuter. Quand le monde dit: ”Lui y aura pas
mon vote pis elle encore moins”, soyez surs que ça va brasser dans la cabane. En démocrasserie, c’est le monde qui décide de tout, le crayon au bout des doigts. Pis t’as besoin de faire attention.


En somme, notre histoire n’est pas différente de celle de la Grèce de l’Antiquité. L’étude de cette histoire très ancienne peut nous instruire encore mieux sur les évènements actuels que la plupart des
auteurs modernes. Elle nous montre la force et la tyrannie de l’inconscient sur la conscience et combien il est long et difficile de faire atteindre par les peuples le degré de conscience et de compétence
nécessaire à l’établissement d’une authentique démocratie. Tout progrès authentique passe par les progrès de la conscience, sinon c’est l’inconscient qui l’emporte avec ses décisions irraisonnées.

La conscience est continuité et le peuple qui vote selon sa conscience vote selon ses propres continuités parce que le progrès est continu sur tous les plans, Il n’y a pas de magie dans le progrès des
collectivités. D’où l’importance des études historiques anciennes, de la géopolitique et des principes qui gouvernent toute stratégie d’État.


En conséquence, il n’y a pas de démocratie chez les peuples peu ou mal instruits, habitués à se laisser manipuler par des clichés et des opinions commodes. La démocratie n’est possible que chez les peuples
doués de jugement critique et ce jugement demeure absent aussi longtemps qu’il n’a pas été éduqué par des rapports continuels avec la Réalité, radicale, face au Réel relationnel. Seuls les peuples instruits
à éviter les pièges du langage finissent par accéder à une authentique démocratie et présentement, il est évident que ces progrès de la conscience n’ont pas cheminé partout au Québec, tant sur le plan
géographique que pyramidal.


Bien sûr, le capitalisme de l’argent mort semble profiter de cette circonstance puisque dans ce capitalisme, l’argent est une fin en soi et non simplement un moyen vers une fin, laquelle ne peut être autre
chose que le progrès de toute la vie, tant individuelle que collective. Car l’argent ne fait pas l’Acte. Ce qui fait Acte, c’est la détermination consciente des peuples, organisés en Nations et en États et qui savent
ce qu’ils font, aptes et capables d’apprécier chaque situation dans son contexte, de déterminer des objectifs praticables et réalisables en termes de temps et d’espace car nous vivons toujours dans l’espace
et dans le temps et c’est à l’intérieur de cette Réalité que le monde doit s’accomplir. C’est également par un acte de détermination consciente que nous choisirons librement et en pleine responsabilité
de quitter le “giron” qui nous est imposé depuis 1760 par l’Angleterre impériale, toujours à l’oeuvre comme on peut le vérifier par l’agir du pouvoir conservateur majoritaire au Canada, malgré le très faible
pourcentage du vote obtenu.


Il n’est pas facile pour aucun individu de sortir de l’inconscient et encore moins pour les collectivités. C’est ce qu’on appelle venir au monde dans les douleurs de l’enfantement, la seconde naissance étant
encore plus difficile et plus longue que la première, pour chacun et chacune d’abord, puis pour chaque collectivité.


Il est évident que le Québec n’en est pas encore sorti et les déboires que subissent nos mouvements d’émancipation collective ne doivent pas nous décourager. Nous avons un énorme travail de
pédagogie à poursuivre et ce n’est pas le temps de laisser tomber.


JRMS