Cynisme, désir de changement et mondialisation de la pensée politique

Pacte électoral - gauche et souverainiste

Je lisais récemment d’intéressantes analyses de la situation politique au Québec. Un profond désir de changement ressort de chacune d’elle. Mais on oublie souvent de mentionner que ce désir de changer les choses s’exprime partout sur la planète. Depuis la chute du mur de Berlin, le monde a changé. On ne peut plus parler d’empires, au sens historique du mot. On devrait plutôt parler de pouvoirs parallèles dans le contexte d’une perte de pouvoir des gouvernements nationaux, voire de recul de la démocratie. La souveraineté des nations et son poids politique dans l’organisation planétaire est plus actuel que jamais. Des organisations supranationales ont pris la relève des gouvernements élus, comme le G8 ou le G20, supportés par des forces militaires comme l’Otan. L’ONU est reléguée au rôle d’ombudsman de la planète sans réels pouvoirs.
L’économie mondiale se joue aux bourses de New York, Londres, Francfort, Hongkong et Shanghai, sans véritable contrôle des gouvernements, incapables de résister aux pressions des lobbyings. Même l'Organisation mondiale du commerce ne peut échapper à leur influence indue. Le Fonds monétaire international est contrôlé par une minorité de ces membres : les États-Unis possèdent 17 % des droits de vote et l’Union européenne 32 %. Dix pays, qui représentent plus de 50 % du PIB mondial, ont la majorité des droits de vote alors que le FMI compte 185 pays membres. La majorité des banques centrales, telle la Réserve fédérale américaine, sont administrées et dirigées par les grandes banques privées par le biais de ses administrateurs. Le pouvoir économique échappe lentement au pouvoir des élus. Par chance, les nouveaux médias font contrepoids et se présentent comme les véritables catalyseurs du changement qui s’amorce. Les populations sont de mieux en mieux informées sur l’interrelation des économies. La pensée politique est désormais mondiale et s’exprime ouvertement sur le Net. Les révoltes arabes en sont la dernière expression. Des changements sont réclamés partout, en Amérique du Nord et du Sud, en Europe, en Russie, en Afrique et même en Chine.
Au Québec comme ailleurs, on a réduit l’économie au mercantilisme, alors qu’elle englobe en réalité la gestion de toutes les organisations humaines, administrations publiques, entreprises privées, coopératives, commerce international, finance, développement, agriculture, environnement, santé, éducation, travail et culture. On calcule tout en terme de retombées économiques en réduisant sa portée au retour sur l’investissement, ce qui va à l’encontre même des notions économiques établies.
Le Québec ne fait pas exception à la règle, il a soif de changement. Le cynisme, alimenté par une classe politique à courte vue et incapable de se dissocier de la partisanerie, du favoritisme et de la collusion, ne disparaîtra que si des politiciens courageux décident de changer notre société de manière à ce que le mot démocratie ait un sens. Un vrai débat sur la vision citoyenne du développement de la nation québécoise s’impose dans un contexte de mondialisation auquel nous ne pouvons échapper. Si le Québec est une nation, pourquoi refuserait-il de se gouverner entièrement ? Pourquoi voudrait-il être représenté sur la scène mondiale par une nation qui n’est pas la sienne ? Pourquoi voudrait-il s’exclure des organisations internationales dont les décisions auront des conséquences sur son économie et ses politiques sociales ? Les indépendantistes n’ont plus l’exclusivité du débat, même si les fédéralistes refusent de l’initier et semblent impuissants à présenter une alternative à la souveraineté. Le jour n’est pas loin où l’on devra faire un choix, renoncer à la nation ou l’assumer. Vivre sous tutelle ou se prendre en main. Pas facile avec l’héritage politique vicié dans laquelle on baigne. Il faudra en même temps faire le grand ménage.
« Il ne faut pas attendre d'être au pouvoir pour préparer la souveraineté », affirmait Jacques Parizeau dans un discours livré au Colloque des Intellectuels pour la souveraineté. Il a parfaitement raison.


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