Contourner le mur

F1bfacb5686bda74cecb89733605dd39

Il était temps d'y penser !






Et si le référendum n’était pas le seul chemin démocratique possible vers l’indépendance? Dans une lettre parue hier dans les pages du Journal, Lisette Lapointe, compagne de vie et veuve de Jacques Parizeau, pose la question sans ambages.




Inspirée par la victoire électorale en Catalogne des forces indépendantistes alliées, elle suggère une avenue similaire. À temps pour l’élection de 2018, les partis souverainistes pourraient former à leur tour une «Alliance pour le Oui» dont le mandat serait de réaliser l’indépendance à condition d’obtenir la majorité des sièges et des voix.




L’idée d’une «élection référendaire» n’est pas unique à la Catalogne. Le Parti québécois la proposait lui-même avant d’adopter la voie référendaire en 1974 sous l’impulsion de l’ex-mandarin et proche conseiller de René Lévesque, Claude Morin, dont on apprendra en 1992 qu’il fut aussi un informateur payé par la GRC.




Déjà à l’époque, l’opposition de M. Parizeau à ce virage était connue. Il s’y est néanmoins rallié jusqu’à tenir lui-même un référendum le 30 octobre 1995.






Une campagne électorale référendaire aurait aussi l’avantage potentiel de compliquer le détournement des règles établies, dont une déferlante d’argent fédéral comme en 1995.










La folie étant de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent, après deux référendums perdus, l’ex-premier ministre réfléchissait toutefois à d’autres chemins. Y compris une élection référendaire.




La raison? Un contexte radicalement différent de l’avant-1995.




Vingt ans plus tard




Premier changement: la loi dite sur la clarté. Adoptée en 2000 par le gouvernement Chrétien, elle ajoute un obstacle considérable à tout autre référendum. La nécessité d’une «question claire» fait maintenant consensus, mais le reste de la loi pose un problème politique insoluble.




En imposant au camp du Oui une majorité supérieure à la règle reconnue du 50 % +1, mais sans la préciser, elle nie en fait le droit du Québec à sa propre autodétermination.




Son message aux Québécois n’a donc rien de «juridique». Il est strictement politique. Il leur dit qu’à moins d’un vote massif pour le Oui – une impossibilité démographique –, la voie référendaire vers l’indépendance est bloquée.




Bref, nous sommes ici à des galaxies de l’entente Londres-Édimbourg sur le référendum écossais de 2014.




Une campagne électorale référendaire aurait aussi l’avantage potentiel de compliquer le détournement des règles établies, dont une déferlante d’argent fédéral comme en 1995.




Les enfants du silence




Deuxième changement: l’éclatement multipartisan du mouvement souverainiste.




Option nationale est née du refus de la mise en veilleuse de l’option depuis 1995 et Québec solidaire, du rejet de l’obsession du déficit zéro sous Lucien Bouchard.




Hormis pour la brève entrée en scène de Jean-Martin Aussant, la lente implosion du mouvement se mesure aussi à l’appui anémique des 18-24 ans à l’option – les enfants du silence postréférendaire.




Pour les souverainistes, le contexte prend des airs de sables mouvants. Lente agonie du Bloc.




Défaite historique du PQ. Incapacité des deux partis à faire le plein du vote souverainiste. Victoires majoritaires des libéraux à Québec et à Ottawa. Fermeture évidente du «magasin général» constitutionnel. Division accélérée du vote sous de multiples partis.




D’où la nécessité urgente, insiste Liset­te Lapointe, d’élargir la réfle­xion. Le fou vise le mur, le sage réfléchit à la manière de le contourner.



 




Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé