Commission Bastarache - Ce qui cloche

Commission Bastarache

Personne n'a réussi à ébranler le témoin Bellemare: maintenant participant, ce qui n'est que justice, il risque d'être encore plus redoutable. Lui qui avait refusé de subir un interrogatoire préalable — les procureurs découvrant donc son témoignage en même temps que le public —, voilà que son avocat pourra se préparer sur la base de toutes les déclarations faites par les autres témoins avant le début des audiences de la commission. Malheur à celui qui se contredira!
Stratégiquement — était-ce planifié? —, cette manière de faire sert Marc Bellemare. Mais les avocats qui ont cuisiné l'ancien ministre de la Justice n'ont qu'eux-mêmes à blâmer de leurs piètres résultats tant plusieurs de leurs questions étaient mal ciblées.
Par exemple, le fait que Marc Bellemare ait revu les collecteurs de fonds Franco Fava et Charles Rondeau après son départ de la politique, tel que soulevé par l'avocat du Parti libéral, n'a aucune pertinence. Que les deux hommes soient d'agréable compagnie pour jouer au golf ou partager un repas ne leur donnent pas pour autant le droit se mêler de la nomination de juges. De même, être agacé par le comportement de quelqu'un dans le cadre du travail, ou en désaccord avec lui n'en fait pas pour autant un ennemi! D'autant qu'à l'époque, Marc Bellemare ne se doutait certainement pas que tout le Québec, des années plus tard, chercherait à démêler un faisceau d'influences pour lequel les révélations se multiplient et qui reste nié par le gouvernement.
Le ministre Bellemare a par ailleurs admis s'être laissé imposer des nominations, car Jean Charest lui promettait en même temps les réformes qui l'avaient motivé à s'engager en politique. La procureure du gouvernement du Québec a voulu faire de ce «troc» un test de la crédibilité de Marc Bellemare. Mais celui-ci n'a jamais prétendu avoir été un ministre de la Justice exemplaire! Il dit seulement que pour certaines nominations, il y a eu des pressions indues de la part de collecteurs de fonds, pressions avalisées par le premier ministre. Que Marc Bellemare ait été un ministre faible ne doit pas nous empêcher de vérifier si cela est vrai ou pas.
Et pour le moment, la curieuse nomination d'un avocat de l'Outaouais comme juge à Longueuil, ce qui va à l'encontre des us et coutumes suivis pour tous les districts judiciaires du Québec, n'est toujours pas expliquée. On ne sait pas non plus pourquoi, pour la première fois, on a choisi un juge en chef adjoint de la Cour du Québec qui, au cours de son mandat, allait excéder les 70 ans, âge de la retraite des juges, ce qui fait qu'un décret a dû être adopté pour que cette exception soit possible.
Que les personnes choisies soient compétentes ne change rien aux interrogations quant au processus suivi. Pour le moment, Me Bellemare a une explication plausible à donner. L'explication est-elle vraie, c'est uniquement cela qu'il faut vérifier.


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