Combien d’immigrants? Qu’on en discute

4ed6a322d1a96984922f331e0e366d26

Ce n'est pas l'immigration qui pose problème, c'est le chiffre du gouvernement Couillard !





Le Québec a besoin d’immigration. Les nouveaux arrivants apportent une contribution hautement positive à la société. Le Québec constitue une terre d’accueil exceptionnelle et cela doit continuer. C’est dit, maintenant peut-on débattre intelligemment de nos politiques d’immigration?


Selon Philippe Couillard, dont le ton m’irrite ces dernières semaines, la réponse est non. On ne discute pas du nombre d’immigrants à accueillir dans les prochaines années. Selon la doctrine qu’il a tenté d’imposer à l’Assemblée nationale, lorsqu’il propose une hausse considérable de 20 % du nombre d’immigrants pour l’an prochain, il faut dire oui.


Bons et méchants


En fait, il considère que face à sa proposition de faire passer le nombre de nouveaux arrivants de 50 000 à 60 000, le Québec se divise en deux. Les citoyens nobles qui appuient son choix d’un côté. De l’autre côté, les dangereux extrémistes qui mangent de l’immigrant à la noirceur. Selon les mots du premier ministre, ceux qui ne sont pas d’accord «soufflent sur les braises de l’intolérance».


Cette catégorie des intolérants selon Philippe Couillard semble d’ailleurs assez large. Elle inclurait aussi ceux qui n’ont pas encore pris une position définitive concernant le seuil d’immigration, mais qui osent poser des questions. Avons-nous les outils pour la francisation? Quelles ressources nouvelles seront allouées pour intégrer les 10 000 supplémentaires?


L’approche accusatrice et doctrinaire de Philippe Couillard doit être rejetée et dénoncée vivement. Une réforme de l’immigration peut faire l’objet de discussions et même doit faire l’objet de discussions sérieuses comme toute autre politique gouvernementale. Dans le cas spécifique du Québec qui a une langue et une culture à protéger, il s’agit même d’un devoir impératif.


L’approche de Philippe Couillard doit d’abord être rejetée dans son propre parti. Des ministres comme Sébastien Proulx et Dominique Anglade ont déjà exprimé publiquement des réticences face à un rehaussement brusque des seuils d’immigration. Eux en premier doivent refuser la muselière des bien-pensants que leur chef essaye d’enfiler à tous.


L’opposition doit parler


Les partis d’opposition ont bien fait cette semaine de ne pas se laisser intimider. L’opposition fait son boulot. Presser le gouvernement à répondre de ses efforts réels pour l’intégration des nouveaux arrivants. Faire des propositions pour la francisation. S’intéresser à leur réussite sur le marché du travail.


L’opposition fait aussi son boulot lorsqu’elle amène dans le débat la question du nombre d’immigrants à accueillir. Chacun a droit à sa position tant que celle-ci est fondée sur des critères politiques pluralistes et ouverts. Chacun a le droit d’exprimer sa vision et le devoir de le faire en des termes respectueux.


C’est une méthode vieille et éprouvée dans le camp libéral: se poser en seul gardien des valeurs d’ouverture pour éviter la discussion. Pas cette fois-ci.


Les libéraux conjuguent une hausse significative de l’immigration avec la réduction de l’aide aux couples infertiles et une réforme des tarifs de garderies qui coûte cher aux familles. Pris globalement, il s’agit d’une nouvelle politique démographique, contraire à la politique nataliste de Robert Bourassa. Un tel virage ne se fait pas sans discussion.




Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé