Déficit fédéral: retour aux années disco

2ee750e5ec700ab28a58ec70c82c1ed4

Kafka y trouverait son compte : austérité à Québec, gabegie à Ottawa





Parlez du déficit de 10 milliards annoncé par Justin Trudeau à une personne un tantinet informée, elle partira à rire. Elle vous demandera si vous avez vécu un coma ou fait un voyage sur une île isolée. C’est qu’à coups de rumeurs, de déclarations ambiguës et de rapports, la machine de communications libérale a préparé les esprits à un déficit important.


Je m’inquiète d’entendre autour de moi des gens qui se préoccupent habituellement de la rigueur budgétaire et qui sont résignés en attendant le premier budget de l’ère Trudeau. J’entends une résignation qui dépasse la notion d’un esprit préparé pour une mauvaise nouvelle.


Hors contrôle ?


En fait, j’ai l’impression que les esprits critiques sont plus que préparés à un gros déficit, ils sont carrément ramollis! Dans les semaines qui ont suivi l’élection, l’idée d’un déficit supérieur aux modestes 10 milliards annoncés en campagne électorale a émergé. On pensait à 15 milliards? Puis 20? Quelqu’un a risqué 25 milliards. Certains avancent maintenant qu’un trou de 30 milliards est pensable.


Qui se souvient que le gouvernement précédent avait réussi à équilibrer le budget cette année après une longue période d’efforts et de sacrifices? Je veux bien croire que le prix du baril de pétrole et le ralentissement économique ont changé la donne. Mais de là à partir de l’équilibre budgétaire et finir avec l’un des plus gros déficits budgétaires de l’histoire du Canada en un an, il y a une marge.


Souvenirs d’une autre époque


Au-delà des chiffres, nous traversons peut-être une période charnière pour le Canada. Depuis maintenant 30 ans, tous les gouvernements canadiens ont placé la rigueur budgétaire au centre des priorités. Cette sensibilité a émergé sous Brian Mulroney. Puis Paul Martin, un libéral, a admirablement terminé le travail. L’ère Harper a offert une continuité sur ce front.


Si l’on remonte à une époque antérieure, personne ne s’empêchait de dormir avec les déficits. Cela explique l’ampleur de l’endettement accumulé au Canada et nous payons encore des intérêts chaque année sur ces montagnes de dettes. Difficile de ne pas penser au fait que le premier ministre qui dirigeait le pays à cette époque s’appelait Pierre Elliott Trudeau. Le père de l’autre.


Nous sommes en droit de poser la question: le Canada retourne-t-il à la philosophie qui prévalait sous Trudeau père dans les joyeuses et coûteuses années 70? L’époque où seules les boules de miroir disco pouvaient détourner l’attention des énormes déficits. Nous voyons des signaux qui pointent dans cette direction. Il s’agirait d’un changement d’orientation majeur pour le Canada, un retour en arrière lourd de conséquences.


Face à une économie incertaine, le retour à l’emprunt tous azimuts apparaît hautement imprudent. On peut toujours accepter l’approche préconisée par Justin Trudeau en campagne: un déficit modeste pour financer des investissements stratégiques. Mais pas un déficit hors de contrôle pour faire plaisir à tout le monde.


Je ne suis pas certain que les esprits soient préparés à un renversement de politique aussi radical. Mais des esprits trop ramollis pourraient ne pas réagir...




Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé