Censure électorale chez Transcontinental

Tribune libre - 2007

Je crois dignes d'intérêt les deux textes ci-joints. Ils furent adressés à
la rédactrice de mon hebdo local, Cités Nouvelles, distribué dans
l'Ouest-de-l'île de Montréal et qui appartient, comme la majorité des
hebdos locaux du Québec, au groupe Transcontinental.
Comme tout journal
qui se respecte, Cités Nouvelles offre une tribune libre à ses lecteurs
afin qu'ils puissent s'exprimer sur divers sujets. Ainsi, au début de la
campagne électorale, la rédactrice en chef nous informait que le journal
offrirait une "couverture équilibrée des candidats et des partis en lice",
qu'il s'engageait "à faire preuve d'un grand souci d'équité et
d'objectivité" et qu'on s'y abstiendrait "de publier des lettres d'opinions
et/ou d'autres chroniques partisanes durant cette période". Cependant,
l'édition suivante contenait déjà une première entorse à cette "politique
rédactionnelle"...
Je suis de ceux qui croient en la philosophie du "penser globalement, agir
localement". Contribuer au débat démocratique, surtout en période
électorale, par une texte dans un hebdo régional me semble sain et
responsable dans notre société et ce, peu importe la position défendue.
Bien sûr que les circonscriptions de l'Ouest-de-l'île de Montréal sont
depuis longtemps des forteresses libérales, fédéralistes à tout le moins.
Toutefois, la liberté d'expression ne doit-elle pas primer sur les points
de vue partisans si peu subtilement affichés par la direction d'un journal
qui se cache derrière une façade de rigueur et d'impartialité. J'aurais
préféré que la direction de Cités Nouvelles exprime clairement ses
positions plutôt que de prendre ses lecteurs pour de parfaits imbéciles.
Et vous? Qu'en est-il de la "politique rédactionnelle" de vos hebdos
locaux? Appartiennent-ils aussi au groupe Transcontinental? Ont-ils
adopté les même positions d'"objectivité" pendant la campagne électorale?
***
Difficile de croire au "grand souci d'équité et d'objectivité" en ce
qui a trait à la couverture de la campagne électorale québécoise tel
qu'énoncé par madame Louise Brassard dans l'édition du 25 février. En
effet, dès la semaine dernière, les libéraux prenaient une avance de 2 à 0.

En page 5 nous pouvions lire un article sur le lancement de la campagne du
PLQ et, en page 11, une demi-page de publicité du même parti. Je concède
que la parution de publicités ne relève pas du choix de la direction de
l'information. Cependant, aux dernières nouvelles, les cinq principaux
partis en lice présentaient tous un(e) candidat(e) dans les trois
circonscriptions de l'Ouest-de-l'île. De son côté, le PQ tenait son
assemblée d'investiture le 27 février au Cégep Gérald-Godin. Cet événement
ne méritait-il pas une couverture de Cités Nouvelles?

De même, l'idée du journal de ne publier aucune lettre d'opinion pendant
la campagne électorale m'apparaît pour le moins contestable. Cette
politique est-elle en vigueur dans tous les hebdos de Transcontinental?
Mais où donc pourrons s'exprimer vos lecteurs et les électeurs de
l'Ouest-de-l'île si ce n'est dans les pages de notre hebdo? Vivons-nous
toujours en démocratie dans cette partie du Québec? Je commence à en
douter.

Rémi Tremblay

Pierrefonds
***
Madame Brassard,

Le 6 mars dernier, je vous envoyais un courriel en vue d'une possible
parution dans le courrier des lecteurs de Cités Nouvelles du 11 mars.
Cette lettre n'a pas été publiée et je n'ai même reçu aucun accusé de
réception de votre part. Il m'est arrivé quelques fois de participer à
cette tribune privilégiée que vous offrez à vos lecteurs et, vos
prédecesseurs M. Aussant et Mme Villeneuve ont toujours, même brièvement,
répondu à mes envois. L'un et l'autre pouvaient critiquer librement la
teneur ou la forme de mes textes mais, chaque fois, ils se donnaient la
peine d'y répondre. J'aurais souhaité que vous fassiez de même.
Sachez
que je suis ouvert à la critique. J'aimerais pouvoir en dire autant à
votre sujet mais aujourd'hui, je n'en suis plus certain. Votre silence
s'explique-t-il par le fait que j'aie questionné votre choix de ne pas
publier de lettres d'opinions pendant la campagne électorale? Pour le
bénéfice de vos lecteurs et des électeurs, quelques précisions à ce sujet
de votre part n'auraient-elles pas été de mise? Pourtant, The Chronicle,
votre pendant anglophone, dans son édition du 7 mars n'a pas hésité à
publier la lettre d'un citoyen qui remettait lui aussi en cause cette
décision de ne pas publier de lettres d'opinions pendant la campagne
électorale. Ce journal n'appartient-il pas lui aussi au groupe
Transcontinental? Nous trouvons-nous ici devant le syndrome du "deux
poids, deux mesures"? Me répondrez-vous cette fois-ci?

Bien à vous,

Rémi Tremblay

Pierrefonds
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/spip/) --


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