GUERRE CULTURELLE

UN RAPPORT POUR SE FAIRE PEUR

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Un rapport contre la haine qui est une opération de propagande fédéraliste

Un nouveau rapport, issu du Centre d’expertise et de formation sur les intégrismes religieux, les idéologies politiques et la radicalisation (CEFIR), s’intéresse à la montée de « l’extrême droite » au Québec et comme tous les rapports de ce genre, il est on ne peut plus alarmiste.


Selon les données présentées par l’organisme, il y aurait une montée de 6350 % des activités de l’extrême droite québécoise au cours de la dernière décennie. Oui, vous avez bien lu, 6350 % ! On entend déjà les bottes résonner, les listes se dresser.


Le chiffre fait peur. Il frappe l’imagination. Il fait trembler les sceptiques. Mais lorsque la stupeur est passée et que l’on s’y attarde, il démontre surtout un problème de méthodologie criant. On parle ainsi de « l’extrême droite » au sens large, voire très large. Les chercheurs admettent que la définition est sujette à interprétation, mais là, il y a abus. En effet, sous ce terme fourre-tout sont inclus tous ceux qui questionnent les mesures sanitaires mises en place, ce qui explique l’explosion de la déferlante extrémiste. Ainsi donc, pour les réputés chercheurs, les anti-vaccins et les anti-masques se retrouvent au même titre que les militants laïcistes et les nationaux-catholiques dans ce grand melting pot qui inclut autant les identitaires québécois que les fédéralistes militaristes et les églises baptistes noires de Montréal qui ont continué à servir leurs fidèles. Avec une telle définition, qui s’élargit d’année en année, pas étonnant que le nombre augmente. On est d’ailleurs surpris que la coalition Avenir Québec du premier ministre François Legault ne fasse pas partie du lot des organisations tendancieuses. En fait, les chercheurs y ont pensé; parmi les vecteurs de cette montée de l’extrême droite figure « l’élection de la CAQ » !


Un autre problème est que pour justifier cette augmentation effarante de 6350%, on compare avec 2010, année où il n’y aurait eu que « deux évènements », contre plus d’une centaine pour 2020. Cela démontre plutôt une méconnaissance du sujet. En 2010, il y avait des évènements nationalistes et autres, des conférences, du militantisme, des manifs, etc, mais elles n’étaient pas publicisées sur les réseaux sociaux et les journalistes n’étaient pas invités. On ne peut donc affirmer comme les auteurs, qu’en 2010 il n’y eut que deux évènements. Si ces nombreuses officines idéologiques qui traquent aujourd’hui les dissidents grâce à de juteuses subventions avaient existé en 2010, ils auraient pu constater que le niveau d’activité des groupes identitaires se maintient. Le fait que les projecteurs soient braqués sur les dissidents depuis deux ou trois ans crée un phénomène déformant de sur-médiatisation. Mais après tout, si ces gens veulent conserver leur salaire, ils doivent démontrer l’existence d’une poussée extrémiste et avec un chiffre comme 6350%, ils ont quelques années de répit devant eux.


On ne manquera pas de noter que la grande majorité des évènements liés à l’extrême droite est en fait tout à fait légale, légitime et démocratique. Conférences, tractages, manifestations, distributions alimentaires aux démunis et collages devraient être considérées comme des façons légitimes de s’impliquer dans la polis. On les présente pourtant comme des évènements inquiétants, sous-entendant à mots plus ou moins couverts, que la démocratie est en danger, alors qu’au contraire le fait qu’on exprime différentes idées et qu’on débatte devrait être vu d’un bon œil. Peut-être est-ce là la réelle révélation de ce rapport semi-gouvernemental : le postulat de base est que toutes les idées ne sont pas à priori légitimes et qu’elles ne devraient pouvoir s’exprimer.


La question des crimes « d’extrême droite » mérite qu’on s’y arrête. On parle de 64 crimes en 10 ans, ce qui semble élevé si l’on n’a pas de comparaison, mais qui, lorsque mis en parallèle avec l’explosion de la délinquance « normale » à Montréal ou des attentats de l’extrême gauche, représente fort peu. Mieux, on entre dans cette catégorie un peu n’importe quoi, de la tuerie du psychopathe apolitique Alexandre Bissonnette, qui avait choisi une mosquée pour éviter de tuer des femmes (était-ce motivé par la notion de « féminicide »?), puis les croix gammées taguées sur une synagogue montréalaise par un étudiant de gauche antisioniste. La définition de crime « d’extrême droite » est aussi englobante que la notion « d’extrême droite » elle-même.


Avec ce rapport on joue donc à se faire peur : l’extrême droite est prête à tout faire sauter et prendre le pouvoir. Il faut la museler.


Faut-il voir un lien avec la date de tombée de ce rapport financé par Ottawa et la préparation de nouvelles mesures liberticides de Justin Trudeau pour museler ceux qui remettent en question l’immigration de masse?


Évitons de se poser la question, car en 2021, se questionner, c’est faire partie de cette mouvance d’extrême droite en pleine explosion.


En couverture : La Liseuse de Magritte.