Canada-France - Amitié indéfectible

France-Québec : fin du "ni-ni"?

La visite de Nicolas Sarkozy au Canada-Québec vendredi dernier aura été l'occasion de resserrer les liens de la France avec le Québec, mais aussi le Canada. Surtout avec le Canada pour qui le président français craque comme aucun de ses prédécesseurs depuis le général de Gaulle.
Cette visite était attendue. On savait que Nicolas Sarkozy allait profiter de l'occasion pour revoir la position de son pays dans le triangle Paris-Québec-Ottawa. Il y a déjà plusieurs mois, il avait fait savoir que la formule «non-ingérence, non-indifférence» qui définissait la nature des rapports privilégiés de la France avec le Québec tels qu'ils avaient été établis au début des années 1960 était dépassée.
Depuis le «Vive le Québec libre» du général de Gaulle, les relations entre la France et le Canada n'avaient jamais été normalisées totalement. Un malaise a toujours persisté à Ottawa qui n'est jamais arrivé à établir avec Paris la complicité qui a toujours prévalu dans les rapports franco-québécois. C'est ce que l'actuel président français voulait changer.
Comme il se doit sur le plan protocolaire, Nicolas Sarkozy a d'abord rencontré le premier ministre Stephen Harper. Dès ce moment, il a indiqué qu'il ne voulait plus de cette défiance qui surgit à Québec ou Ottawa lorsque la France dit son amitié pour l'un ou pour l'autre. D'où la formule, «les Canadiens sont nos amis, les Québécois nos frères», qui prévaudra désormais.
La fraternité est bien là. En témoigne l'éloquence avec laquelle il a célébré dans son allocution à l'Assemblée nationale les liens qui unissent la France et le Québec. Il a donné toutes les assurances qu'attendaient les Québécois quant à la force des liens familiaux illustrée par la signature d'une entente tout à fait exceptionnelle sur la reconnaissance des qualifications professionnelles.
L'amitié pour le Canada est cependant tout aussi forte, voire plus. On ne peut interpréter autrement le parti pris ouvert du président Sarkozy en faveur de l'unité canadienne qu'il a appuyée en affirmant que «le monde aujourd'hui [n'a pas] besoin d'une division supplémentaire».
Cette incursion sur ce terrain miné a surpris. Elle a ravi les fédéralistes et choqué les souverainistes, dont l'ancien premier ministre Jacques Parizeau, qui y a vu une ingérence inappropriée dans une affaire canado-québécoise. Leur déception a été d'autant plus grande qu'ils étaient habitués à une neutralité bienveillante, voire à une sympathie active de la part de la France.
Cette petite phrase du président Sarkozy marque une rupture. Il a beau être le président de la droite française issue du mouvement gaulliste, il n'est pas un gaulliste et il n'entend pas en porter la tradition. Pour les gaullistes, le rapprochement avec le Québec était au point de départ un pied de nez, dans une certaine mesure, au monde anglo-américain. L'actuel président français est au contraire un grand admirateur des États-Unis. Il est ouvert à un retour de la France au sein de l'OTAN de laquelle son pays s'est déjà beaucoup rapproché. Il a une grande amitié pour le Canada qu'il dit être de toujours. Son réseau d'amis est de ce côté.
Le président Sarkozy est un partisan de la realpolitik qui dans le cas présent l'incitait à parachever la normalisation des relations de la France avec le Canada. Il l'a fait avec d'autant moins de remords qu'il a vu que le mouvement souverainiste québécois n'a plus la force de jadis. Les amis que les souverainistes ont toujours dans le gouvernement français ont tenté de nuancer les propos de leur président. Cela ne changera rien à la réalité. Lorsqu'il reviendra au Canada l'an prochain comme il l'a évoqué, ce sera sans doute pour aller en Ontario et en Alberta parler «business». L'industrie nucléaire française postule la construction de deux centrales en Ontario pour une valeur de 12 à 15 milliards et elle est désireuse de prendre le contrôle d'Énergie atomique Canada si Ottawa la privatise. Dans un tel contexte, il fallait sans doute dire à Ottawa que l'amitié de la France serait désormais indéfectible.


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