On ne saura jamais comment se serait terminée la course à la chefferie du PQ, n’eut été de l’irrationnelle explosion de sympathie qu’avait provoquée la mise au jour des erreurs de jeune ministre du vainqueur. Pauline Marois l’aurait-elle doublé au deuxième tour? Ou au troisième? Quoiqu’il aurait pu en être, on ne refait pas le passé.
D’autres l’ont dit : André Boisclair avait perdu cette élection avant même qu’elle ne commence. Non seulement la propagande libérale sur le manque de jugement du chef péquiste avait-elle donné ses fruits, mais le principal intéressé y avait lui-même contribué. À un point tel qu’à tous les sondages où figurait la question « qui ferait le meilleur Premier ministre ? », André Boisclair s’est chaque fois classé troisième. Cette difficulté des électeurs à l’imaginer occupant cette haute fonction a assurément eu beaucoup d’influence sur les électeurs, sympathisants péquistes inclus. La preuve en est que Jean Charest, tout impopulaire qu’il soit et malgré la déconfiture de son parti chez les francophones, s’est toujours classé premier à ce titre, du début à la fin de la campagne. Cette seule donnée suffit à convaincre que la candidature au poste de Première ministre d’une femme aussi expérimentée que Pauline Marois aurait certainement valu un bien meilleur sort au PQ dans les urnes. Peut-être même le meilleur. Mais on ne refait pas le passé.
En avril 2003, le tout dernier sondage avant le scrutin avait prédit avec exactitude les suffrages obtenus par les trois partis en lice. Mais cette fois-ci, Léger Marketing et CROP avaient franchement sous-estimé la performance adéquiste, dont le résultat de 30,8% a été nettement supérieur aux 24% et 25% annoncés. Difficile de ne pas voir un lien entre cette soudaine poussée de six points des deux derniers jours et l’incompréhensible acharnement d’André Boisclair à vouloir convaincre Mario Dumont que, quoiqu’en pense le chef adéquiste, il serait du comité du OUI advenant un référendum rapide organisée par un gouvernement péquiste minoritaire. Jamais Pauline Marois n’aurait misé sur pareille hérésie dans le dernier droit de sa campagne.
On ne refait pas le passé mais on peut infléchir l’avenir. Pour cette raison et parce qu’elle est si bien campée au centre qu’elle est à la fois apte à rallier la gauche et la droite, c’est elle que je veux.
Christian Gagnon
Montréal
C'est elle que je veux
Pauline Marois est si bien campée au centre qu’elle est à la fois apte à rallier la gauche et la droite
Tribune libre - 2007
Christian Gagnon138 articles
CHRISTIAN GAGNON, ing.
_ L’auteur a été président régional du Parti Québécois de Montréal-Centre d’octobre 2002 à décembre 2005
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4 commentaires
Archives de Vigile Répondre
11 mai 2007L'indépendance du Québec ne se fera jamais à gauche. Elle se fera au centre et uniquement au centre, voire l'extrême centre. Qui fera l'indépendance du Québec? L'ADQ ou le PQ?
Et, une fois l'indépendance faite, les tendances gauche, droite et centre pourront s'activer à volonté.
Joseph Berbery Répondre
10 mai 2007Si le Parti Québécois veut survivre à la crise existentielle qui le secoue, il ne pourra en aucune façon éluder quelques sujets qui le hantent, dont certains remontent jusqu'à l'époque de sa fondation.
1er sujet.
Si l'on prend pour acquis que tous les membres sans exception souscrivent au projet de souveraineté, y a-t-il moyen de ne pas passer aux yeux d'un certain nombre pour un traitre si l'on se questionne sur les modalités d'y parvenir? En particulier, est-ce une trahison que de faire assez confiance au chef pour lui laisser la latitude de choisir le processus qui doit mener au referendum et son momentum?
2ème sujet.
Est-ce une hérésie que de penser que dans le contexte géographique, économique, politique, historique qui est le nôtre, cette souveraineté -tout comme celle du Canada d'ailleurs- ne pourront s'exercer que dans le cadre d'accords mutuels et tout autant vitaux pour l'un que pour l'autre?
3ème sujet.
A-t-on le droit de se demander si une souveraineté totale ne précipiterait pas le Québec tout autant que le reste du Canada dans les griffes du géant américain qui n'attend que l'occasion de mettre la main sur nos ressources pétrolières, nos ressources en eau, ainsi que sur ce véritable «canal de Panama» qu'est en train de devenir le passage du Grand Nord avec le réchauffement planétaire? Y at-il moyen d'envisager des accords Canada-Québec reconnaissant et la souveraineté du Québec et les intérêts mutuels des deux pays? Peut-on seulement songer sérieusement à ne pas les envisager? À noter très clairement qu'à cet égard, le Québec ne doit pas être quémandeur, mais qu'il se doit de rappeler son partenaire considéré généralement comme flegmatique... à moins d'émotivité.
4ème sujet.
Y a-t-il moyen de considérer désormais la souveraineté du Québec comme un ensemble de responsabilités mondiales (Engagement en Afghanistan, finalité et moralité de la guerre d'Irak, vocation de l'Otan, etc), régionales (position au sujet de l'Alena, de l'Amérique latine, compte tenu surtout du phénomène Chafez et de ses répercussions sur les rapports de l'ensemble du continent avec les USA en particulier).
5ème sujet
Quelle sorte de régime économique voulons-nous dans ce Québec souverain, et même en attendant la souveraineté? Un capitalisme financier sauvage? Le démantèlement de l'État. Sa réforme? Son renforcement? Que faisons-nous de nos lois sociales? De nos coopératives? Des secteurs de pointe? Des secteurs en difficulté, de la formation professionnelle, et de tant d'autres sujets pour lesquels, pour le moment nous n'offrons que quelques balbutiements ou des emplâtres sur une jambe de bois?
Y a-t-il moyen de prendre conscience qu'à défaut d'aborder sérieusement ces questions, et de leur apporter des réponses claires et précises, le projet de souveraineté demeurera une coquille vide, une vague velléité, un hochet pour enfant attardé?
6ème sujet, enfin, et non le moindre.
Je l'ai laissé pour la fin parce qu'il ne présente pas le caractère de sérieux des sujets précédents, mais que plus que tous les autres, il mine le Parti, l'affaiblit sensiblement au point de l'avoir quasiment marginalisé au dernières élections, et risque d'entraîner sa liquidation à terme. Y a-t-il moyen d'abandonner la langue de bois, de se regarder en face, et de régler une fois pour toutes les conflits de personnalités qui nous détruisent? En particulier, comment certains peuvent-ils avoir le culot de briguer aujourd'hui la chefferie, alors qu'on ne les a pas plus aperçus eux-mêmes que leurs supporters tout au long de la campagne électorale, donnant ainsi l'impression d'avoir souhaité cette défaite pour qu'elle leur serve de tremplin?
Hogh! J'ai dit.
Archives de Vigile Répondre
9 mai 2007Je vois mal pauline Marois devenir chef du Parti Québecois et donc première ministre de la province de Québec. Cette dernière, n'a pas la conviction, je la vois trop à droite, je ne la sens pas pres du peuple, des petites gens, des ouvriers, qui ont de la difficultés à joindre les deux bouts; les politiciens sont si loin de nous.
Je ne crois pas que la souveraineté soit sa priorité;pas plus que celle du parti d'ailleur.
La recherche du pouvoir, du prestige semble être seulement son objectif.
Au parlement de Québec, Madame Marois ne porte pas des vêtements qui viennent de chez Winners, ou de Zellers; les bijoux qu'elle porte ne viennent pas non plus de chez Wal-Mart.
Nous avons besoin d'un chef qui soit le plus pres possible de son peuple, qui tous les jours voit son niveau de vie baisser, alors qu'une minorité ne cesse de s'enrichir
Jean-Pierre Teulé
Montreal
Archives de Vigile Répondre
9 mai 2007Rien à voir avec la droite et la gauche.
C'est la question identitaire qui a mené le PQ à cette défaite.
Pauline Marois est de l'école de la nation civique. C'est à dire la version québécoise du multiculturalisme à Trudeau.
Elle devra produire les preuves que son séjour hors de la bulle du PQ lui a permis de s'appercevoir de l'erreur de fond.
Elle a intérêt à se faire convaincante.