La bataille de Londres

Bonne foi et mauvaise foi

Si l’Histoire révèle des injustices, elle peut aussi contribuer à les réparer!

Chronique de Louis Lapointe

Ce n’est pas nécessairement parce qu’un événement appartient à l’Histoire qu’il est pour autant sans effet. Des faits antérieurs portés à la connaissance de l’une ou l’autre partie bien longtemps après leur avènement peuvent changer le dénouement d’un contrat.

Ainsi, dans le cas de prononciation de la nullité d’un mariage, la partie qui était de bonne foi peut, à son choix, reprendre ses biens ou demander la liquidation des droits patrimoniaux.

En vertu de notre droit, si la bonne foi se présume, elle doit aussi gouverner la conduite des parties à l’occasion de la naissance, de l’exécution et de l’extinction d' une obligation.

On le voit, le passage du temps ne diminue en rien l’obligation de bonne foi des parties.

Voilà pourquoi on peut légitimement penser que si la mauvaise foi du gouvernement fédéral et de la Cour Suprême était avérée, comme le démontre l’historien Frédéric Bastien dans son ouvrage La bataille de Londres, cela pourrait avoir des conséquences sur la validité de la constitution canadienne à sa naissance, c’est-à-dire lors de son rapatriement en 1982, à l'occasion se son exécution, c'est-à-dire lors de son interprétation par la Cour Suprême et lors de son extinction, c'est-à-dire à l’occasion d’éventuels gestes unilatéraux posés par le Québec dans le but de récupérer des pouvoirs constitutionnels fédéraux ou de déclarer son indépendance sans recourir obligatoirement au processus de négociation.

Comme dans le cas de l’annulation d’un mariage, la bonne foi du Québec lui permettrait de reprendre ses billes sans que le Canada et la Cour Suprême ne puissent légalement ou légitimement s’y opposer en raison de leur mauvaise foi avérée.

L’Histoire n’est pas que l’affaire des historiens, elle est aussi l’affaire des acteurs qui l’ont vécu et qui en subissent toujours les conséquences.

À ma connaissance, puisqu'il s'agit manifestement d'une question d'ordre public, il n’existe aucune prescription historique qui permettrait d'ignorer des injustices commises il y a trente ans, d’autant plus que les faits nouveaux rapportés par Frédéric Bastien suggèrent que d’importants acteurs de cet événement auraient agi de mauvaise foi.

Si, comme on a pu le constater dans le cas du rapatriement de la constitution en 1982, l’Histoire révèle des injustices, elle peut aussi contribuer à les réparer! Une occasion historique qui ne se représentera probablement pas de sitôt.

Il appartient donc au Québec d’exercer sa souveraineté s’il souhaite que ses droits soient sauvegardés. Récupérer des pouvoirs ou quitter le Canada.

***

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Louis Lapointe534 articles

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L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fondation.





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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    19 avril 2013

    Cette histoire de copinage malsain entre la justice et la politique ne représente rien de particulièrement nouveau ou d'exceptionnel sous le soleil du Québec. En fait, il s'agit plutôt de la norme depuis l'adoption sans la moindre discussion dans le milieu des années '80 de la 'politique d'intervention en matière de violence conjugale' sur la base d'un grossier mensonge. Depuis, la justice est effectivement assujettie à la politique, une situation qui devrait alarmer tout ministre titulaire du ministère. Bertrand St-Arnaud doit intervenir sans délai. À défaut, le ministre va devoir expliquer à la population pourquoi et comment son gouvernement cautionne un système de justice assujetti à la politique… http://bit.ly/14Sokru

  • Archives de Vigile Répondre

    18 avril 2013

    Monsieur Lapointe
    J'aime bien votre texte! Comme vous le dites si bien, c'est une occasion unique qui ne se représentera pas de sitôt. Qu'attend le PQ au pouvoir pour poser un geste affirmatif en déclenchant une élection pour en appeler au peuple québécois sur l'illégalité de cette constitution de 1982 et en proposant une déclaration unilatérale d'indépendance comme au Kosovo?
    Si la réponse est affirmative du peuple québécois, le gouvernement en place rédige une constitution à être approuvée par le peuple et demande une reconnaissance internationale auprès des Nations Unies. Il n'y a rien de sorcier dans cette démarche mais elle demande, par contre, une réelle détermination pour la réaliser. Le PQ peut-il être pour une fois capable d'être à la hauteur de la situation et capable d'aller plus loin que sa propagande de "GOUVERNANCE SOUVERAINISTE"? J'attends, de sa part, des gestes concrets et affirmatifs.
    André Gignac 18/4/13