Blocus ferroviaire: Trudeau veut une solution rapide, mais pas précipitée

649d74b04ea8d411ee6e73f39b688dd9

Plus de chefs que d'Indiens dans ce foutoir que sont les revendications autochtones


OTTAWA | Le premier ministre Justin Trudeau promet que son gouvernement travaillera «jour et nuit » pour s’entendre rapidement avec les manifestants autochtones qui perturbent le réseau ferroviaire, mais assure qu’il n’escamotera pas les questions centrales du dialogue avec les Premières Nations. 


«Je sais qu’on veut tous trouver une solution, mais en même temps, il faut éviter que les choses s’aggravent», a-t-il déclaré aux Communes mardi.       


Il s’est défendu de ne pas agir suffisamment rapidement pour dénouer l’impasse, mentionnant que plusieurs de ses ministres ont initié des discussions avec les chefs héréditaires de la nation Wet’suwet’en.        





Il a fait valoir que les enjeux ramenés à l’avant-plan, comme les questions territoriales, ne datent pas d’hier et qu’une résolution «ne sera pas simple».       


Les conservateurs ont aussitôt taillé en pièces l’allocution du premier ministre, pointant notamment le fait que les libéraux n’ont pas établi d’échéance claire pour une sortie de crise.       


«Cette déclaration est un rejet total de responsabilité et un échec de leadership», a tonné le chef intérimaire Andrew Scheer, qualifiant encore les manifestants de «groupe d’activistes radicaux [et] illégaux».       


Le député conservateur Pierre Paul-Hus a commenté le dossier à l'émission Dutrizac, sur QUB Radio:





M. Trudeau n’a d’ailleurs pas manqué de critiquer les conservateurs, qui demandent une intervention de la police pour mettre fin aux blocus menés à plusieurs endroits par des manifestants solidaires aux chefs héréditaires de Wet’suwet’en.       


«Il y a ceux qui pensent que nous devons agir dans la hâte [...] et que l’emploi de la force aide. Ce n’est pas le cas», a-t-il tranché.       


M. Trudeau a par ailleurs omis d’inviter M. Scheer à une rencontre avec les autres chefs d’opposition, mardi, jugeant que celui-ci s’y était «disqualifié» par sa rhétorique.       


Prendre l'avion   


Depuis plus d’une semaine, des manifestants solidaires aux chefs héréditaires des Wet’suwet’en, qui s'opposent au gazoduc Coastal Gaslink, perturbent le service par rail, empêchant notamment le transport de marchandises essentielles comme le propane.       


Le premier ministre Trudeau a fait l’objet de nombreuses critiques pour avoir été à l’étranger en plein moment d’impasse au pays. La semaine dernière, il était en Éthiopie, au Sénégal et en Allemagne. Ce n’est que tout récemment qu’il a changé ses plans et renoncé à se rendre dans les Caraïbes pour une rencontre avec les chefs de gouvernement de cette région.       


Aux yeux de l’ex-ministre de la Justice Jody Wilson-Raybould, qui a été chef régionale de l’Assemblée des Premières Nations de la Colombie-Britannique, le gouvernement Trudeau doit faire plus s’il veut faire preuve de leadership.       








Qui sont les hommes et les femmes derrière nos politiciens? Emmanuelle présente... un balado animé par Emmanuelle Latraverse.





«Je recommanderais au premier ministre de prendre l’avion, de prendre en chemin le premier ministre [de la Colombie-Britannique, John Horgan] et de se rendre sur le territoire des Wet’suwet’en», a-t-elle commenté.       


Appels au calme des chefs   


Un débat d’urgence sur le dossier devait par ailleurs avoir lieu mardi soir aux Communes, à la demande du Bloc Québécois et du Nouveau Parti démocratique. Les parlementaires devaient donc veiller jusqu'à minuit dans l'enceinte de l'hôtel du Parlement.       


Plus tôt mardi, plusieurs chefs de Premières Nations sommaient les protestataires de mettre fin aux blocus et de laisser la chance aux discussions avec le fédéral.       


«Nous appelons au calme. Nous demandons [...] un dialogue constructif», a lancé le chef de l’Assemblée des Premières Nations, Perry Bellegarde, sur la colline Parlementaire.       


Le grand chef mohawk de Kanesatake, Serge Simon, a renchéri en faisant valoir que la levée des blocus n’équivaudrait pas à une renonciation des revendications autochtones.       


«Ça veut seulement dire que vous allez dire au gouvernement: “OK, nous montrons de la bonne foi [...], mais gardez en tête que si vous ne continuez pas dans la voie d’un dialogue respectueux avec les chefs héréditaires, alors nous serons de retour”», a-t-il dit à l'adresse des protestataires.




-->