Le gouvernement Trudeau a crié victoire, mardi, après la décision de l’administration américaine de Donald Trump de lever la surtaxe de 10 % sur l’aluminium canadien pour l’instant, qualifiant ce revirement de preuve que l’approche canadienne de se préparer au pire fonctionne.
«C’est vraiment une journée où le bon sens a prévalu», a claironné la vice-première ministre Chrystia Freeland.
La nouvelle ministre des Finances s’apprêtait à détailler la riposte canadienne à cette seconde vague de tarifs en compagnie de sa collègue au Commerce international, Mary Ng, quand les États-Unis ont annoncé qu’ils annulaient la mesure, rétroactivement au 1er septembre.
«Après avoir consulté le gouvernement canadien, les États-Unis prennent acte que le commerce de l'aluminium brut non allié devrait se normaliser au cours des quatre derniers mois de 2020, les importations diminuant fortement par rapport aux bonds enregistrés plus tôt dans l'année», a indiqué le bureau du représentant américain au Commerce par communiqué.
On établit toutefois, dans ce même document, des prévisions mensuelles pour les importations d’aluminium canadien jusqu’en décembre et Washington se réserve le droit de revenir à la charge.
«Il n’y a pas de garanties dans l’avenir [...] et c’est pourquoi l’approche de l’équipe Canada est d’espérer le meilleur ainsi que de se préparer pour le pire», a dit Mme Freeland.
«C’est pour cela que nous sommes toujours clairs que nous allons prendre des mesures de représailles si des tarifs sont imposés sur nos exportations», a-t-elle martelé.
Elle a précisé qu’aucune entente formelle n’est survenue avec Washington, mais que l’administration Trump a plutôt pris cette décision, mardi, de son propre chef, au fil des discussions avec Ottawa.
La vice-première ministre a précisé, en réponse à la question d’une journaliste, que l’argent prélevé avant le 1er septembre ne pourrait pas être récupéré. La surtaxe de 10 %, annoncée au début août, est entrée en vigueur le 16 août.
Plus tôt mardi, le premier ministre Justin Trudeau avait signalé qu’Ottawa dévoilerait les cartes de sa riposte en arrivant à la deuxième journée de retraite du conseil des ministres à Ottawa. Il n’a pas répondu aux questions des journalistes, mardi.
La recrudescence des cas de COVID-19 récemment constatés un peu partout au pays a encore occupé le plus clair des discussions de l’équipe libérale, à en croire les quelques commentaires formulés par des ministres dans les couloirs et en point de presse.
«[La lutte de la COVID-19] est notre priorité à 100 %. C’est ce sur quoi nous nous concentrons avec vigueur. En tant que pays, nous faisons face à des défis en vue de l’automne», a dit Mme Freeland en mentionnant le retour en classe.
À ses yeux, cela n’empêche pas de s’attaquer aussi à la récession puisqu’elle estime qu'il n'y a pas de choix à faire entre la santé et l’économie.
«Cette approche est fondamentale pour notre gouvernement et continuera de l’être», a-t-elle dit en reconnaissant que celle-ci «coûte cher». Elle a plaidé qu’Ottawa n’avait d’autre choix que de délier les cordons de sa bourse pour venir en aide aux Canadiens, que le fédéral doit continuer d’être présent et que la population soutient cette approche.
Le déficit fédéral atteindra, cette année, au moins 343 milliards $. L'Agence Bloomberg rapportait, lundi, que les dirigeants des plus grandes banques au pays ont prévenu le gouvernement Trudeau qu'il faudrait fixer des cibles concernant l'endettement même s'il reste encore, selon eux, de la marge de manoeuvre pour dépenser encore pendant quelques années.
«Pour nous, la cible sera la croissance économique, trouver des emplois pour les Canadiens qui en ont besoin. Concernant la situation fiscale, le Canada a une réputation très forte au niveau international d’être sage et prudent», a offert la ministre des Finances.
Un point de presse de clôture de la retraite du cabinet doit avoir lieu mercredi.