Avortement - Les mauvais plans

Avortement (C-484; Q-34)

Le ministre de la Santé Yves Bolduc a voulu calmer le jeu hier, dans le dossier de l'avortement, en assurant pouvoir sous peu «satisfaire tout le monde». Qu'il s'agisse là d'un virage par rapport aux propos qu'il tenait samedi au congrès des jeunes libéraux -- où il se disait prêt à accorder un délai aux cliniques privées pour qu'elles se conforment aux nouvelles normes d'encadrement tout en refusant mordicus de modifier celles-ci -- ne surprendra guère. Au rayon de la valse-hésitation, le ministre Bolduc a déjà fait bien des pas: ainsi en mai, dans le cafouillis des tests du cancer du sein, où son propos avait aussi varié selon les jours.
De toute manière, ministre conciliant ou pas, l'Agence de la santé et des services sociaux de Montréal avait déjà eu, lundi, l'officiel mot rassurant: même si la clinique de l'Alternative cesse de pratiquer des avortements, même si les cliniques Femina et Morgentaler lui emboîtent le pas, les femmes seront dirigées vers les CLSC, les hôpitaux, les centres de santé des femmes, cela sans liste d'attente et sans délai, promis, juré! Rassurées?
Hélas non, car ce n'est pas la première fois que le ministère de la Santé, et ses organismes, ébauche des plans qui s'avèrent incompatibles avec la réalité, celle du terrain, au ras des pâquerettes, là où sont les patients.
«Sur papier, tout marche bien dans leur puzzle administratif. Mais on ne répond pas aux besoins de ces personnes-là», pouvait-on lire hier dans Le Devoir, qui citait un représentant de la Fédération de la santé et des services sociaux. La phrase ne se trouvait pourtant pas dans l'article traitant de l'avortement, mais dans celui sur la fermeture de lits pour les personnes âgées dans les CHSLD. Pas d'inquiétudes, disaient gouvernement et agence de la santé, on a un plan. Mais sera-t-il applicable et appliqué? Pas sûr, entend-on de bien des côtés.
Cette cassure entre le papier et le terrain se vérifie à tous les niveaux. En Gaspésie par exemple. Radio-Canada révélait vendredi que l'hôpital de Sainte-Anne-des-Monts, qui n'assure plus les suivis de grossesse depuis juin, dirigeait les futures mères vers Matane. Sauf que là-bas, la responsable du service d'obstétrique de l'hôpital n'avait pas été avertie de l'arrivée de cette nouvelle clientèle!
À l'échelle du Québec, même décalage: le ministre Bolduc promet toujours plus de médecins de famille; les étudiants en médecine optent de moins en moins pour cette spécialité. (Mais on a un plan: une table de concertation!) De «super-infirmières» sont formées à grands frais; le ministère n'a pas pour elles de plan d'intégration dans les établissements de santé. Et le reste, à l'avenant.
Alors pas d'impact sur l'accessibilité à l'avortement, cette fermeture assurée de la clinique de l'Alternative... Croyons plutôt que le ministère a non seulement créé un problème, mais qu'il s'invente en plus une impossible solution.


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