Lettre ouverte à Mme Rima Elkouri

Au fait, qui doit s’accommoder?

Tribune libre - 2007


Mme Elkouri,
Quelle condescendance dans cet article au titre évocateur ‘[Chronique
raisonnable->7796] ‘ à votre chronique de La Presse du 20 juillet dernier. À
croire que le seul indice qu’on pourrait y accoler puisse s’apparenter à la
‘méconnaissance’.
Si la question des accommodements vous semble un monstre issu d’une
parodie à la con, c’est que vous sous-estimez grandement les aboutissants
qui se cachent derrière l’affaire Hérouxville. Un minimum de recherches,
après tout n’est-ce pas votre métier, vous aurait conduite à fouiller
davantage les dossiers de l’immigration et les vives inquiétudes qu’ils
provoquent chez les Québécois, toutes tendances politiques confondues.
Mettriez-vous en doute la bonne foi de milliers de gens qui ont applaudi
l’initiative d’Hérouxville? Est-ce vraiment, pour vous, une « dérive montée
en épingle »?
Ce que le Centre d’études ethniques de l’Université de Montréal a pu
constater il y a quelques années était bien avant les évènements de
septembre 2001, date butoir s’il en est une, confirmant les appréhensions
jusque-là silencieuses de nombreux citoyens à travers le monde. Le Québec
n’échappe pas à ce constat, Madame!
Vous rêvez de voir un intégriste s’intégrer? Quelle apologie! Dans la même
édition de votre journal, on rapportait l’intervention d’Israr Amad à
Vision TV, captée par 7,8 millions de canadiens. Ce dernier lançait un
appel au Jihad. Ça se passe au Canada, chez vous! Lisez-vous les fils de
presse?
Les autres études auxquelles vous faites allusion, encore faudrait-il les
citer, vous démontreront hors de tout doute ‘raisonnable’, que les
immigrants récents ont certes de la difficulté à s’intégrer tant au Canada
qu’au Québec. Pourquoi? La terre d’accueil a oublié d’établir des règles
précises afin de mieux intégrer ses arrivants. Quand on fait une
crevaison, on ne fait pas réparer la roue de secours, Madame!
L’objection que vous proposez en ce qui a trait aux demandes minoritaires
d’accommodements religieux devrait vous faire réfléchir! Pourquoi des
milliers de Québécois réagissent tant si ce n’est que leur tolérance à
l’égard de tout accommodement a atteint le point zéro, ce, dès la décision
de la Cour Suprême du Canada d’autoriser le Kirpan à l’école. Pourquoi?
Parce que depuis, toute demande rejetée par les cours de justice
québécoises se transforme en jugement favorable une fois à la Cour Suprême
du Canada. La Charte des droits et libertés de la personne, au Canada,
place le droit individuel au-dessus du droit collectif et c’est ce qui
blesse tant les Québécois. Comment les Québécois peuvent-ils jouir de leur
statut de ‘Nation’? La donne est simple, convenez-en!
Voyez-vous, l’identité québécoise n’a jamais été tant menacée. Le
multiculturalisme canadien qui a tant facilité l’immigration connaît
aujourd’hui ses effets pervers : des centaines de milliers de demandes
d’asile politique en attente au Canada. Le Québec ne peut certainement pas
se mouler à cette politique d’immigration! C’était le rêve d’un
intellectuel, Trudeau, ce dernier prônant une liberté individuelle à la
Summerhill. Libres enfants de Summerhill, vous avez lu?
Il ne devrait pas être outrageant pour un immigrant de s’adapter au mode
vie du pays d’accueil plutôt que d’exiger des accommodements, qu’ils soient
raisonnables ou non. Tentez donc d’implanter une église chrétienne en terre
musulmane? Tentez donc de faire reconnaître votre diplôme dans un pays
étranger? Tentez donc de dénicher un emploi rémunérateur dès votre
présence en terre étrangère? Tiens… tentez donc d’inaugurer une salle de
prière à l’hôpital Juif de Montréal? Avez-vous fait le tri de vos produits
alimentaires? Combien indiquent la codification « cashère »? Vous savez,
les ‘K’, ‘ U’ etc. prouvant que le produit a été béni par un rabbin,
moyennant rétribution? Vous ne saviez pas?
Au fait, qui doit s’accommoder? Doit-on diluer notre histoire, notre
patrimoine, nos coutumes et même notre langue française pour mieux
faciliter l’intégration de ceux qu’on accueille? À l’impossible nul n’est
tenu, Madame!
Si Charles De Gaulle a parlé d’un ‘Vive le Québec libre’, on pourrait
peut-être aujourd’hui pouvoir le vivre et se libérer une fois pour toutes
de ces contraintes? Non?
Bernard Thompson
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --


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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    25 juillet 2007

    Bravo, bravo et encore bravo pour votre article. J'espère qu'on le publiera dans ...La Presse. J'endosse totalement vos propos et je suis convaincue de ne pas être la seule.
    Merci encore et continuons de ...résister.