Le gouvernement Marois confie à une commission nationale d’examen le mandat de passer au crible les impacts de la réforme de l’assurance-emploi mise en œuvre par le gouvernement Harper en janvier. L’opposition y voit une opération de promotion de la souveraineté. Erreur ! La cause est bonne et mérite un examen sans parti pris.
L'exercice qu’entreprend cette commission est, si on l’analyse d’abord quant au fond, de l’ordre de la légitime défense pour l’État québécois et les prestataires de l’assurance-chômage. La réforme de la ministre Diane Finley réduira l’accès à ce filet de protection sociale. Le cas des prestataires fréquents que sont les travailleurs saisonniers a fait l’objet de nombreux exposés.
Il ne faut pas être grand clerc pour comprendre que le soutien économique à une partie tout au moins de ces chômeurs viendra de l’aide sociale, ce qui entraînera un fardeau financier accru pour le Québec. Une autre partie de ces chômeurs, qu’on retrouve pour le plus grand nombre dans les régions dites ressources, sera incitée à chercher du travail dans les grands centres, fragilisant ainsi l’économie de ces régions et des entreprises qui s’y trouvent. Encore là, c’est le gouvernement québécois qui ramassera la facture.
Cette réforme a été décrétée unilatéralement par Ottawa, qui n’a pas consulté les provinces, dont plusieurs, outre le Québec, sont affectées. Le gouvernement Harper soutient que ses impacts seront nuls ou limités, mais ne révèle pas les études d’impacts qu’il a bien sûr réalisées, quoiqu’il prétende le contraire. Peut-on imaginer que l’appareil fédéral engage une telle réforme sans aucune analyse préalable ?
Les études que mènera la commission coprésidée par Gilles Duceppe et Rita Dionne-Marsolais nous apporteront les réponses qu’Ottawa refuse de donner. Si elles s’avèrent aller dans le sens des prétentions du gouvernement Harper, il faudra en prendre acte. Dans le cas contraire, le gouvernement Marois sera outillé pour mener une contre-offensive et obtenir des changements à la réforme.
Ce n’est pas la première fois que le gouvernement québécois se sert des travaux d’une commission comme outil de pression sur Ottawa. En 2001, le premier ministre Bernard Landry avait confié à une commission d’experts présidée par Yves Séguin d’analyser l’impact du déséquilibre fiscal sur les finances publiques québécoises. Elle avait recommandé qu’Ottawa y remédie par le transfert de la TPS aux provinces. La proposition ne fut pas retenue, mais Ottawa fut néanmoins forcé de reconnaître l’existence d’un problème et de le corriger partiellement.
Une des raisons du succès de la commission Séguin a été son caractère non partisan. Yves Séguin avait été ministre libéral sous Robert Bourassa. Dans le cas présent, la coprésidence est confiée à deux souverainistes et le gouvernement Marois inscrit sa démarche dans le cadre de sa gouvernance souverainiste.
En soi, il n’y a pas de problème, puisque le Parti québécois a fait de ce concept un élément clé de son programme électoral. Néanmoins, cela affaiblit sa démarche et suscite des critiques vaines alors qu’il faudrait plutôt rallier l’opposition à cet exercice.
La compétence des membres de la commission n’est pas à remettre en cause, ni leur crédibilité. Celle de Gilles Duceppe, que la CAQ qualifie de « pyromane », est bien plus grande à Ottawa et dans le Canada anglais que ce parti ne l’imagine. Il aurait été préférable qu’au moins l’un des deux coprésidents n’ait pas eu d’attache partisane. Il appartiendra maintenant à la commission de s’en tenir à ce qui est essentiel pour les Québécois en démontrant qu’il faut une réforme à la réforme de l’assurance-emploi de Diane Finley.
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