Commentaire de Vigile:
Vivement les élections!
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Il suffit de faire la liste des projets de loi qui s’accumulent dans l’antichambre de l’Assemblée nationale pour comprendre que le Parti québécois, le Parti libéral, la Coalition avenir Québec et, dans une moindre mesure, Québec solidaire jouent le même jeu partisan. On se lance des appels à collaborer, mais aucun ne répond franchement. Il y a toujours un ou deux des quatre colocs prêts à créer une impasse.
La journée de jeudi illustre parfaitement les rapports qu’entretiennent les partis. À 9 h 30, le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, tient un point de presse. Il appelle le gouvernement Marois à s’ouvrir à des compromis sur le projet de Charte des valeurs québécoises. La CAQ, qui appuie déjà certaines dispositions du projet, comme l’interdiction du port de signes ostentatoires par les enseignants du primaire et du secondaire, pourrait aller plus loin si les péquistes répondent à son appel.
Intéressant, pourrait-on croire. Voyons plutôt la suite. À 12 h 45, point de presse de la ministre responsable de la loi 101. Diane De Courcy annonce l’échec des discussions avec la CAQ pour trouver un terrain commun sur le projet de loi 14 modifiant la Charte de la langue française dont l’adoption est bloquée depuis des mois. Le gouvernement, qui avait déjà adouci plusieurs dispositions, était prêt à de nouveaux compromis, qui ont été rejetés par la CAQ au terme de 13 heures de discussions exploratoires. La ministre confirme la mort du projet 14. Jour triste pour le Québec, de dire Québec solidaire, qui était le seul parti à appuyer sans réserve le gouvernement.
L’appel au compromis de François Legault sur le projet 60 devient beaucoup moins prometteur quand on voit ce qu’a donné la tentative de rapprochement sur le projet 14. L’écart n’était pas si grand sur des sujets comme la francisation des PME ou le statut bilingue accordé à certaines municipalités. Voulait-on de part et d’autre s’entendre ou ces 13 heures d’échanges n’étaient-elles que du théâtre, alors que l’objectif était de créer une autre impasse tout en faisant porter la responsabilité de celle-ci à l’adversaire ?
Dans ce grand jeu, les uns imputent au gouvernement Marois une trop grande inflexibilité dans le but de se construire un argumentaire pour convaincre les électeurs de leur accorder un mandat majoritaire. À l’inverse, on reproche au Parti libéral une obstruction systématique pour démontrer l’incapacité du Parti québécois à gouverner. Quant à la CAQ, elle voguera de l’un à l’autre selon ses intérêts du moment. Hier, il s’agissait de se rapprocher du gouvernement sous la pression de ses partisans, qui sont en grand nombre favorables à la Charte des valeurs.
Ces calculs politiques font oublier aux partis le bien commun qui devrait les guider dans leurs travaux. Il n’y a pas à ce propos exemple plus éloquent que le sort réservé au projet de loi 43 sur les mines, dont l’opposition a provoqué l’avortement avant même d’en amorcer l’étude sérieusement. On reporte ainsi à on ne sait plus quand un débat qui dure depuis quatre ans. Ce n’est pas ce que voulaient les électeurs en forçant la cohabitation des partis à l’Assemblée nationale, laquelle leur impose une obligation de coopérer. Si cela doit durer, il vaudrait sans doute mieux en venir rapidement à des élections. Pour le moment, le Québec y perd temps et argent.
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